Dernière heure : l’autre côté de la Force

Dernière heure : l’autre côté de la Force

Les sondages sont ce qu’ils sont, et tout ce qu’ils peuvent montrer aujourd’hui, c’est que l’écart des intentions de vote entre les deux candidats est étroit, dans la marge d’erreur de ce genre d’exercice statistique. S’y fier serait une folie.

Vous qui allez voter pour Marine Le Pen par sincère conviction, ne lisez pas cette tribune. Vous y perdriez votre temps : elle ne saurait vous faire changer d’avis ni même seulement vous faire hésiter.

Bon, maintenant que nous sommes entre nous, prenez quelques minutes (exactement 4 minutes et 30 secondes)  pour lire ce qui suit.

Par conviction politique, ou par antipathie pour le président actuel, ou peut-être pour lui donner une leçon, ou peut-être pour lui faire payer une défaite précédente, ou un mot de travers, vous avez décidé de ne pas voter Macron.
Vous envisagez donc soit de voter Le Pen, soit de voter blanc, soit de vous abstenir, ce qui revient finalement et pratiquement au même. À moins que vous n’ayez une confiance totale dans les sondages et dans le très subtil pronostic que vous en déduisez, vous prenez sciemment le risque de faire élire Marine Le Pen. C’est bien sûr votre droit constitutionnellement le plus strict.

Vous prenez donc sciemment le risque (la répétition est volontaire) de placer Marine Le Pen à la tête
—de la 5ème puissance économique mondiale
—de la 7ème puissance militaire mondiale
—de la 2ème puissance militaire de l’OTAN
—de l’un des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies
—de l’un des deux piliers de l’Union Européenne
—du pays où j’habite et où vous habitez probablement aussi
—du pays où, selon toute probabilité, vos enfants et les miens habiteront encore longtemps après nous.

Mais peut-être pensez-vous qu’après tout, elle a bien changé, Marine. Elle ne parle plus comme son père, Marine ; elle joue avec des petits chats, Marine, elle parle gentiment à ceux qu’elle rencontre sur les marchés, elle est d’accord avec eux pour réduire le prix de l’essence, augmenter le pouvoir d’achat, arrêter cette horrible guerre, baisser les charges, augmenter le salaire des profs, baisser les impôts, démonter les éoliennes, faire des référendums sur le port du voile, sur la peine de mort, sur les dates des vacances scolaires enfin tout, quoi, tout ce qu’on voudra (les Anglo-saxons disent you name it…)

Mais lisez son programme et peut-être y verrez-vous ce qui se prépare. Écoutez ses réponses aux questions des journalistes depuis que E. Zemmour n’est plus dans la course et vous verrez que Mr Hyde réapparait derrière le Docteur Jekyl. Comme je l’écrivais il y a quelques jours, son naturel revient au petit trop en attendant le grand galop éventuel post-24 avril.

Supposons un instant, un seul, que Marine Le Pen soit élue dimanche prochain. Il est certain que nous vivrons alors un changement de société. D’une société libérale, nous passerons plus ou moins rapidement à une société protectionniste et égalitariste sur le plan social, réactionnaire sur le plan sociétal, isolationniste et malthusienne sur le plan économique. Sur ce plan, l’échec est assuré, comme l’était celui de François Mitterrand première version.
Sur le plan constitutionnel, tout est à craindre de cette promesse de referendums à tout va.

Mais peut-être vous dites-vous qu’à votre âge, il pourrait être intéressant de vivre un changement de société ? Après tout, vous avez survécu à Mitterrand première version. Si vous pensez cela, dites-vous que, malgré toute son ambiguïté, François Mitterrand était quand même un républicain et un démocrate. Les amitiés particulières de Marine Le Pen laissent penser le contraire.

Mais, dans cette élection, il n’y a pas qu’un enjeu de société. Il y a un enjeu géopolitique, très gros, énorme ! L’arrivée de Marine Le Pen à l’Élysée provoquerait un bouleversement ou un renversement des alliances dont les conséquences sont imprévisibles. En effet, elle a été financée par une banque russe, elle a toujours été favorable à la politique russe, elle est régulièrement saluée par la presse russe, elle a notamment reconnu l’annexion de la Crimée par les Russes et, encore aujourd’hui, elle est pour ménager V. Poutine, le chef des Russes (là aussi, la répétition est volontaire) ; elle ne critique la guerre russe qu’à travers ses conséquences sur le pouvoir d’achat des français.

Elle est systématiquement pour l’Est contre l’Ouest, pour l’Isolement — qu’elle appelle souveraineté — contre l’Europe. Elle veut faire cesser la coopération stratégique avec l’OTAN et plus particulièrement avec l’Allemagne et se rapprocher stratégiquement de la Russie.
Marine Le Pen est dangereuse, extrêmement dangereuse, bien plus encore par sa vision du monde que par sa conception de la société.

Selon l’expression récente de Jean-Louis Bourlanges, elle est  de l’autre côté de la Force.

Alors ? Demandez-vous si vous êtes prêts à risquer tout ça, juste parce que vous trouvez E.Macron hautain, antipathique, éloigné du peuple, ou je ne sais quoi d’autre encore.
Peut-être est-il ce que vous lui reprochez, mais cela vaut-il le coup de se retrouver avec un gouvernement de droite extrême, et du même coup au ban de l’Europe, avec la Pologne et la Hongrie ?
Ne vous dites pas que les sondages donnent Macron gagnant, qu’il n’y a aucun risque que Le Pen passe et donc aucune raison que vous donniez votre voix au petit bonhomme arrogant. Les sondages se trompent et vous pouvez vous tromper, cela s’est vu.
N’importe quoi peut se passer entre ce soir et dimanche prochain, en France, ou pendant le débat de mercredi, ou en Ukraine, ou en Russie ou même sur Mars, un n’importe quoi que l’on n’imagine pas aujourd’hui mais qui, peut-être, fera basculer les choses.

Alors, ne prenez pas, ne nous faites pas prendre cet effroyable risque d’une Le Pen au pouvoir.

Par conviction, par morale, par habitude, par sécurité, par défaut, par crainte, votez Macron !

Par pitié, votez Macron !

Une réflexion sur « Dernière heure : l’autre côté de la Force »

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