Dernière heure : arithmétique du grand frisson
Prenez quelques minutes pour examiner le tableau ci-dessous. Je l’ai construit à partir des résultats quasi-définitifs qui était connus le 11 avril vers 11 heures du matin, résultats peut-être encore entachés d’une certaine incertitude, mais ça ne change rien au résultat.
Le tableau est simple à comprendre : il est la traduction en pourcentages du report des voix des différents électeurs soit vers les deux candidats restant en lice au 2nd tour soit vers l’abstention.
Par exemple, M.Le Pen obtiendrait 75% des votes exprimés pour E. Zemmour au 1er tour, c’est à dire 7,2×75%= 5,40. Les hypothèses de report que j’ai adoptées sont exposées dans la dernière colonne de droite. Vous avez pigé ?
Bon, maintenant regardez le tableau — si vous êtes sur un smartphone, ce serait mieux de le basculer à l’horizontale — et admirez :
1- Au 1re tour, et ça, c’est une certitude, 51,8% des électeurs ont voté pour un des trois partis extrémistes principaux. Si on y ajoute les extrémistes infinitésimaux, on arrive facilement à près de 60%. Il y a de quoi être fier d’être français, non ?
2- selon la bête arithmétique qui découle des hypothèses, M.Le Pen devient dans quinze jours Présidente de la République. Réalisez un peu : dans quinze jours ! Marine Le Pen ! Présidente !
| CANDIDAT | % au 1er tour | Report au 2nd tour | |||
| Résultat | MACRON | LE PEN | ABST-BLANC | Reports supposés | |
| MACRON | 27,6 | 27,60 | 0,00 | 0,00 | 100/0/0 |
| LE PEN | 23,4 | 0,00 | 23,40 | 0,00 | 0/100/0 |
| MELENCHON | 21,2 | 7,07 | 7,07 | 7,07 | 33/33/33 |
| ZEMMOUR | 7,2 | 0,72 | 5,40 | 1,08 | 10/75/15 |
| PECRESSE | 4,8 | 1,60 | 1,60 | 1,60 | 33/33/33 |
| JADOT | 4,8 | 3,60 | 0,48 | 0,72 | 75/10/15 |
| LASSALLE | 3,1 | 0,00 | 2,33 | 0,78 | 0/75/25 |
| ROUSSEL | 2,4 | 0,80 | 0,80 | 0,80 | 33/33/33 |
| DUPONT AIGNAN | 1,9 | 0,00 | 1,43 | 0,48 | 0/75/25 |
| HIDALGO | 1,7 | 1,28 | 0,00 | 0,43 | 75/0/25 |
| POUTOU | 0,7 | 0,00 | 0,53 | 0,18 | 0/75/25 |
| ARTHAUD | 0,6 | 0,00 | 0,45 | 0,15 | 0/75/25 |
| TOTAL | 99,4 | 42,66 | 43,47 | 13,27 | |
Pour vous rassurer, vous vous dites probablement en ce moment-même : « oui, bien sûr , mais les bases du calcul sont critiquables, ce ne sont que des hypothèses… » « Et puis, il y a l’abstention. Il a oublié l’abstention ! En tout cas, il n’en tient pas compte ! Et l’abstention, ça peut changer pas mal de choses… «
D’accord, d’accord, ce ne sont que des hypothèses et l’évolution de l’abstention entre deux tours n’est pas prise en compte. D’accord.
Mais maintenant, livrez-vous à un petit exercice. Construisez vous-même votre train d’hypothèses et refaites les calculs – ce n’est ni long, ni compliqué – et dites moi si vous avez trouvé une situation dans laquelle M. Le Pen perd largement cette élection. Si vous avez bâti vos hypothèses raisonnablement, je veux dire si par exemple vous n’avez pas imposé aux électeurs de E. Zemmour de se reporter à 50% sur E. Macron, vous n’en trouverez pas.
De tout ça, on peut conclure que si la quasi totalité des électeurs de V. Pecresse, et de Jadot et la majorité de ceux de Mélenchon ne se reporte pas sur E. Macron, dans deux semaines la France deviendra un pays refermé, xénophobe, anti-européen, anti-OTAN, pro-Russe, un pays d’extrême droite.
Alors ? Rassuré ?
Ce que je crains, c’est que l’emballement médiatique autour des pourcentages et des commentaires qui vont avec, notamment ceux qui cherchent des explications au score ascendant de la putinienne Le Pen, donc sur ses promesses sans analyses de leurs incohérences, sur son style nouveau de » femme accorte feinte » (Corneille, La Veuve), et ceux qui vont de paire sur le score fragile de Macron et donc sur son bilan avec une insistance sur ses ratages — chassez le naturel des chaînes publiques, il revient au galop — et bien je pense que cet emballement profite à cette putain de putinienne.
C’est vrai que c’est agaçant tous ces pronostics, mais il y a des moments où il faut faire un peu peur à certains électeurs qui par simple antipathie pour E. Macron sont prêts à voter pour l’extrême droite ou à ne pas voter, ce qui revient au même.
Je me rappelle encore Chirac en 1981 faisant voter pour Mitterrand et nous donnant du même coup 14 années de socialisme.
Que Jim se rassure ! Ce ne sera pas un septennat mais un quinquennat, ou deux, tout au plus
Et en prime, un septennat avec Le Pen, je préfère ne pas y penser. En attendant les résultats du 24 avril, je n’écouterai plus les supputations continuelles, 24 heures sur 24 dans tous les médias (y compris dans mon journal préféré, le JDC) à base de pourcentages. Je ne supporte plus ce mot ni ses grands prêtres, les Jérôme Fourquet, Brice Teinturier, etc.