Brèves de mon comptoir (8)

Ces jours-ci, désœuvré et en panne d’inspiration, j’ai cherché à me distraire sur  Netflix. Voici ce que ça a donné : 

Sex education  
J’ai découvert avec joie que Sex education venait de sortir sa troisième saison. Les deux premières m’avaient enchanté par leur façon humoristique, sans tabou ni cliché de traiter, au sein d’un collège fictif et britannique, tous les problèmes sexuels qu’affrontent les adolescents, et pas seulement les anglais. 
Malheureusement, la troisième saison s’est laissée glisser sur la double pente de la grosse farce à la limite du graveleux, tout en gardant par instant ce côté british qui nous plaît tant chez nos ennemis d’Outre-Manche. 

Call me by your name
Luca Guadagnino-2017
A propos de troubles de l’adolescence, voilà un autre film qui l’aborde de plein pied. C’était ma deuxième vision de ce film de 2017, les débuts à l’écran (pour nous) de Timothee Chalamet, star en devenir. Superbe film qui baigne dans l’érotisme hetero et homosexuel, la chaleur et la langueur de l’été italien, la beauté simple des décors et le jeu parfait des quatre rôles principaux, le père, la mère, le fils et l’invité. Magnifique, parfois très osé. 

La baie des anges
Jacques Demy-1963
Toujours à la recherche de choses à voir, je me suis décidé avec cinquante ans de retard avoir La Baie des Anges. Il y a dans ce film quelques moments de charme, grâce à Jeanne Moreau, déguisée en Marylin Monroe, qui d’ailleurs, dans ses instants de comédie, joue comme Marylin. Malgré ces moments, et malgré quelques séquences instructives sur la passion du jeu, le film reste froid, en particulier du fait du jeu très plat des deux personnages masculins, Claude Mann et Paul Guers. Mais c’était la mode à l’époque de la Nouvelle Vague. Le Happy Ending est assez surprenant, mais c’est sans doute la touche de Jacques Demy. 

Stavisky
Alain Resnais- 1974
Avec de splendides décors (le théâtre de l’Empire, l’Hotel Claridge, l’Hotel du Palais Biarritz) et costumes de année 30, avec des acteurs magnifiques, Resnais tente de nous raconter cette affaire ténébreuse qui mêlait très étroitement gangstérisme, escroquerie et politique, et qui déclencha les émeutes de février 34 après la mort suspecte de Stavisky. 
Avec ce film, Jean-Paul Belmondo achevait sa série de grands films, films ambitieux ou films d’auteur, avant de commencer l’année suivante sa déprimante série de films de super-flic ou de super-voyou. Dans Stavisky, Belmondo est encore presque sobre dans le rôle d’un personnage extraverti et séducteur.
Les autres comédiens, Pierre Vernier, Annie Duperey, François Perrier, Michael Lonsdale, Claude Rich, Charles Boyer sont tous d’une solidité impressionnante. Une mention spéciale pour Charles Boyer, the Hollywood french lover. 
Mais, malgré tout cela, Resnais n’arrive pas à nous raconter cette histoire d’une façon qui soit compréhensible pour qui n’a pas été baigné dans cette époque. (Pour cela, il faudrait être presque centenaire). Donc, le spectateur d’aujourd’hui n’y comprend pas grand chose. Mais à la réflexion, raconter Stavisky, ce n’était peut être pas ce que voulait Resnais. Peut-être était-ce davantage dresser le portrait d’un homme extraverti, explosif, séducteur, arriviste, charmeur, escroc, entouré d’hommes et d’une femme subjugués. Et de ce côté là, c’est plutôt réussi.

Post scriptum
En regardant Stavisky, une chose m’a sauté au yeux, ou plutôt aux oreilles : à cette époque du cinéma français, passée la nouvelle vague et ses prises de son aléatoire, le spectateur pouvait entendre et comprendre chaque mot du dialogue, tant les comédiens, dignes successeurs sur ce plan de Jouvet, Blier et Fresnay avaient encore le souci de la diction et l’honnêteté de vouloir se faire comprendre, sans que cela les empêche de jouer la colère, la douceur, la confusion ou la simple conversation. 

C’est tout pour ce soir, mais c’est déjà pas mal. 

 

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