American sniper (Critique aisée 53)

Critique aisee n°53

American sniper
de Clint Eastwood, avec Bradley Cooper
(Same player shoots again, and again, and again)

American Sniper n’est surement pas le meilleur film de Clint Eastwood réalisateur. Le meilleur reste pour moi sans conteste « Minuit dans le jardin du bien et du mal« . Pour autant, ce n’est pas son plus mauvais film. Ils sont plusieurs à concourir pour cette place et, parmi eux, « Firefox » et « Les pionniers de l’espace » tiennent la corde.

En tout cas, tel que c’est parti, c’est American Sniper qui rapportera le plus d’argent et peut-être même quelques Oscars * (budget 60 millions $, recettes 700 millions $, et ce n’est pas fini ).

L’américain sniper, c’est, dans la vraie vie, Christopher Kyle, tireur d’élite des Navy Seals. Pendant un millier de jours repartis sur quatre voyages en Irak pendant les années Bush-le-Petit, Kyle avait protégé les Marines en opérations de nettoyage à Fallujah et autres cités accueillantes. En embuscade sur les toits, il était chargé « d’éliminer » les menaces pesant sur les soldats US, menaces qui se présentaient sous forme d’enfants porteurs de bombes, de femmes lanceuses de grenades et d’hommes tireurs de bazooka. On dit que Kyle a particulièrement bien accompli sa tâche, tuant plus de deux cents personnes au total.

Si l’on en croit le film d’Eastwood, Kyle était un pur redneck, produit traditionnel du Texas, c’est à dire élevé à la dure, rêvant d’être cow-boy, super patriote, extrêmement musclé et sans arrière pensée.

Kyle était peut être comme ça, mais la vérité historique ne suffit pas à faire d’American Sniper un bon film. Volontairement ou non, l’histoire est racontée au premier degré d’un bout à l’autre. Pendant deux heures, nous suivons une montagne de muscle, supérieurement douée pour le tir au fusil à lunette, et nous la voyons tirer sur des gens, sans hésitation, sans doute ni remord, persuadée non seulement d’accomplir son devoir, mais aussi de sauver l’Amérique entière. Comprenez-moi bien, je ne porte pas ici de jugement sur la justification de la présence de snipers au sein de l’armée US. Il y a bien longtemps que la guerre ne se fait plus en dentelles.

Ce qui me gêne, ou plutôt ce qui m’ennuie, c’est le manque de recul, la vision premier degré d’un bout à l’autre de l’histoire d’une brute servant son pays avec efficacité grâce à son adresse au tir et à son courage physique. Une telle simplicité ou plutôt un tel simplisme était compréhensible, pardonnable et même parfois souhaitable pour les films tournés pendant les conflits eux -mêmes, Deuxième Guerre mondiale ou guerre de Corée par exemple. Cela a même donné parfois de très bons films. Mais depuis le Viêt-Nam, on ne traite plus la guerre au cinéma d’une manière aussi monolithique.

Bradley Cooper joue comme un tronc d’arbre. La réalisation est banale, et, pour les scènes d’action, on n’atteint jamais ni la tension ni l’ampleur de Jarhead, de la Chute du Faucon Noir, ou de Démineur. Et pour ce qui est de la vision de la guerre, on est vraiment très très loin de Full Metal Jacket.

Allez donc voir autre chose.

*le palmarès vient de sortir : meilleur montage sonore. Bof

** Et n’oubliez pas, demain, critique aisée de Birdman

2 réflexions sur « American sniper (Critique aisée 53) »

  1. Je n’avais pas l’intention d’aller voir ce film, moi et l’hémoglobine, cela fait 2 et puis il suffit de mettre les infos pour voir la guerre.
    Non moi ce que j’ai adoré comme film de lui c’est « Sur la route de Madison » quand je pense à Clint et à la géniale Meryl Streep c’est toujours les images de ce film qui me reviennent, je suis très romantique, il n’y a que çà de vrai  » L’amour!!!!!!!!!!! »
    D’autre super films de lui : Mystic River, Gran Torino, Million Dollar Baby etc…..

  2. Clint Easwood a encore du mal à se débarrasser de son image de « Dirty Harry » le justicier. Américain sniper won’t make my day.

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