Whiplash (Critique aisée 52)

Whiplash  (Toute la musique que j’aime !)
de Damien Chazelle avec Miles Teller, J.K. Simmons.

Toute la musique que j’aime !

Je croyais que ce genre de jazz avait disparu vers la fin des années soixante. Je n’imaginais pas qu’une telle musique puisse encore exister, aussi forte, aussi vivante, aussi joyeuse, mais aussi technique, aussi précise, aussi écrite. Et c’est à New York que ça se passe, bien sûr.

Andrew Neiman entre dans école de musique pour devenir le meilleur batteur du monde. Il a choisi pour cela la meilleure école de New York, c’est-à-dire « la meilleure école du monde ». Terence Fletcher y enseigne le jazz. Il remarque le jeune Andrew et croit voir en lui un nouveau Buddy Rich. Jusqu’ici, tout va bien. Mais Fletcher enseigne la musique par la violence. Il gifle ses élèves pour leur apprendre le rythme, leur balance des chaises à la figure, les traite de pédés, de sales juifs et autres galanteries. Quand il rentre dans la salle de cours, les élèves sont pétrifiés, terrifiés, comme une chambrée de Marines novices à l’entrée de leur sergent. Il explique sa méthode par une anecdote répétée plusieurs fois au cours du film : Charlie Parker, the Bird, avait seize ans et jouait un soir avec quelques musiciens dont Jo Jones, le batteur de Count Basie, quand il massacra un solo. Jo Jones lui lança à la tête une cymbale qui manqua de le décapiter. Bird se retira pendant un an pour répéter et devint, sans doute grâce à cet incident, le plus grand saxo du monde. Et l’anecdote va se répéter, avec quelques variations, pour le jeune Neiman qui, un soir au légendaire Carnegie Hall, va ….

Bon, c’est vrai, la fin est prévisible. Mais je vous jure qu’on ne s’ennuie pas une seconde. On est terrorisé par Fletcher, on sort épuisé des répétitions, on est pris par le rythme de Whiplash, le morceau qui donne son titre au film, on est secoué par le paroxysme de Caravan.

On me dit que ce n’est pas réaliste, que personne n’enseigne le jazz de cette manière, qu’aucun batteur ne se met les mains en sang, que la référence à Buddy Rich n’est pas la bonne car ce n’était pas un bon batteur…Je n’en sais fichtre rien, et je m’en fiche bien. Ce n’est pas une reconstitution, après tout ! J’ai été pris par le film et bien sûr par la musique.

Les deux acteurs sont excellents, comme toujours, avec une mention spéciale pour J.K. Simmons (Fletcher) qui a parfois des allures de Méphistophélès.

Une réserve, un regret et un conseil :
La réserve (il en faut bien une) : les scènes de crucifixion des élèves sont un peu répétitives.
Le regret : peut-être pas tout à fait assez de musique, j’en aurais bien pris encore un peu.
Un conseil : restez assis pendant le générique de fin et écoutez…

Festival de Deauville 2014 : Grand prix du jury, Prix du public
Festival de Sundance 2014 : Grand prix du jury, Prix du public
En compétition pour les Oscars 2015

2 réflexions sur « Whiplash (Critique aisée 52) »

  1. Il est 12h09, je viens de voir la bande annonce + tes commentaires, çà donne envie de la voir!

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