Né en 1945

Je suis comme toutes celles et ceux nés en 1945, un enfant de la guerre, et plus précisément, puisque je suis né à Paris, un enfant qui a dû sa naissance au Paris de l’Occupation. Les personnes qui ont vécu dans ce Paris-là ont voulu très vite l’oublier, ou bien ne se souvenir que de détails quotidiens, de ceux qui donnaient l’illusion qu’après tout la vie de chaque jour n’avait pas été si différente de celle qu’ils menaient en temps normal. Un mauvais rêve et aussi un vague remords d’avoir été en quelque sorte des survivants. Et lorsque leurs enfants les interrogeaient plus tard sur cette période et sur ce Paris-là, leurs réponses étaient évasives. Ou bien ils gardaient le silence comme s’ils voulaient rayer de leur mémoire ces années sombres et nous cacher quelque chose. Mais devant les silences de nos parents, nous avons tout deviné, comme si nous l’avions vécu.

 Extrait du discours prononcé par Patrick Modiano à Stockholm à l’occasion de la remise du Prix Nobel de littérature 2014

4 réflexions sur « Né en 1945 »

  1. Bonjour Martine,
    Je suis vraiment très content que tu aies trouvé dans le JdC un endroit de plus pour t’exprimer. J’aime lire tes commentaires, joyeux, tristes ou nostalgiques et je suis certain que je ne suis pas le seul. S’il te plait, continue.

  2. Tout ça est vrai, ce sont les vérités de la vie avec laquelle chacun doit composer selon sa personnalité.

  3. On comprend ses parents!
    C’est comme le suicide de Mickaël, tu te dis pourquoi je suis toujours là et pas lui, une longue dépression s’enclenche et puis petit à petit sans le vouloir, enfin avec des aides, psychologues, antidépresseurs, somnifères, anxiolytiques, psychiatres, groupe de parole, le goût à la vie revient sans que tu l’ai vraiment voulu, c’est la vie!
    Et maintenant je me dis : »Qu’il faut vivre chaque jour comme si c’était le dernier. »

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