Rendez-vous à cinq heures : César et Rosalie revisités

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Récemment, Lorenzo a revu César et Rosalie. Ça lui a fichu le bourdon. 

Pour parler d’un film du passé, comme César et Rosalie, il me semble qu’il faut, pour émettre un avis, avoir vécu à cette époque et dans le même monde pour justifier notre droit à dire que « ce ne sont pas les films qui vieillissent mal, mais nous ». Comment pourrions nous juger, cinquante ans plus tard et différemment d’alors, un film japonais qui se passe au Moyen-Âge ou un film de série B américaine du temps de la prohibition aux USA ? Je n’en vois aucune raison car du Moyen-Âge au Japon ou de la prohibition aux USA, je n’ai pas acquis de nouvelles notions depuis cinquante ans. Par contre, sur la vie dans laquelle je vis, oui, j’ai quelque chose à dire.

Juger a posteriori un film d’une époque que l’on a connue me semble acceptable car nous avons évolué dans ce même monde qui a, lui aussi, évolué. Il repassait hier soir à la télé « César et Rosalie ». Ma perception d’aujourd’hui, plutôt négative, doit être tempérée par mon âge, c’est vrai. Yves Montand, un acteur à mon sens exceptionnel, sur-joue son personnage et le rend peu crédible, Romy incarne une instable qui relève de la psychanalyse et Samy Frey esquisse un adulte un peu plus ou un peu moins immature que ses deux partenaires. Terrible constat : avec un recul de cinquante ans, ces histoires d’amour tordues qui m’avaient bouleversés à l’époque n’intéressent plus personne aujourd’hui, surtout pas nos enfants et encore moins nos petits enfants.

Les temps changent et, malgré cette évidence, les critiques nostalgiques n’en tiennent aucun compte. Ce qui avait dans un passé récent des qualités morales, esthétiques et sociologiques, n’en a plus guère dans le monde d’aujourd’hui. Notre vie, notre histoire, nos valeurs sont logiquement périmées. Cela n’est-il pas normal puisque nous-mêmes, les devenus vieux, n’avons-nous pas refusé de raisonner comme nos grands parents ? Alors, soyons philosophes ou résignés ; la vie, la vraie vie, elle est chez ceux qui ont cinquante ans de moins que nous et ce n’est plus celle de nos souvenirs d’éternels adolescents.

Lorenzo dell’Acqua

 

2 réflexions sur « Rendez-vous à cinq heures : César et Rosalie revisités »

  1. En fait c’est dur pour nous-même de vouloir resté adolescent. Pour évoluer on ne doit pas le demeurer et les jeunes ne sentent pas ce que les vieux qui reste jeune ado peuvent leur apporter. De fait chaque personnes qui voit un film peuvent avoir chacun leurs perceptions de la performance. En cette matière il n’y a pas d’absolu. Ciblé une orientation comme l’intrigue de la dégénérescence de manière cloisonnée et la transféré dans la vie dite vraie déresponsabilise nos propres décisions.

    Ce que la valeur du film a dans le répertoire, je ne connais pas celui-ci d’ailleurs, est une déclamation de l’auteur pour révéler un phénomène sociale. Revoir avec critique un film passé c’est aussi voir le décalage évolutif des aspects qui depuis a changé les motivations humaines. Qu’il s’agisse du moyen âge japonais ou des années folles, le répertoire regorge des recherches qui à travers ces prestations ont diffusé des valeurs qui ont fait progresser les mentalités. Cela n’enlève rien aux ados ni aux vieillards. N’y a-t-il pas un proverbe qui dit si jeunesse savait et vieillesse pouvait? Et avec des si on mettrait Paris en bouteille.

    En fait cela révèle un intériorisation de l’âgisme de nos sociétés de voir le répertoire, et d’évalué avec terreur que le monde a évolué sans localisé où. De là, je ne vois pas, ce que pourrait apporté cette critique, en jugeant sans se distinguer du sujet que l’on traite.

  2. Pour moi, César et Rosalie, revu récemment, tout comme Garçon! revu il y a peu, ne sont pas ce que Claude Sautet a fait de mieux et la faute en revient à Montand en décalage par rapport au scénario (erreur de Sautet ?). J’ai toujours pensé que Michel Piccoli répondait mieux que Montand aux films de Sautet.

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