Rilke et Rome

Nous sommes arrivés à Rome il y a six semaines, à une saison où la Ville est encore vide, brûlante, et comme maudite, à cause de la fièvre. Ces circonstances, et des difficultés d’installation, nous ont maintenus dans une inquiétude qui ne finissait pas. L’étranger pesait sur nous de tout le poids du dépaysement. À cela il faut ajouter que Rome (lorsqu’on ne la connaît pas encore) vous plonge, les premiers jours, dans une tristesse accablante qui vient du souffle de musée fade et sans vie qu’elle exhale, de la multitude de ses passés qu’on est allé déterrer et que l’on conserve avec peine (un présent médiocre s’en nourrit), de la surenchère exercée sur ces choses défigurées et défaites par les philologues et les savants, et, à leur suite, par les visiteurs traditionnels de l’Italie. 

Rainer Maria Rilke  (Lettres à un jeune poète, 1903)

7 réflexions sur « Rilke et Rome »

  1. Il faut bien voir que Rilke a écrit ce texte en1903. A cette époque, Rome devait être une ville assez sale, qui n’avait pas encore mis en valeur ses trésors touristiques. Il paraît de plus qu’elle était assez malsaine. Plus tard, vers 1974, un autre poète s’y est installé, je-moi-même, et son impression y a été également plutôt négative. Il ne faut pas croire que le Romain est accueillant. Le garçon de café, oui, mais le Romain, pas forcément. Pourquoi le serait-il ? On le dérange. J’avais remarqué également qu’il était assez sans gêne et facilement « mal educato ». Les week-end étaient d’une tristesse abyssale, car à cette époque, Rome n’était pas envahie de touristes débarquant des super-tankers de Costa à Ostie. Pour se faire une idée des dimanches à Rome, revoir le film (Dino Risi ?) « Le Fanfaron » ( Il Sorpasso), magnifique film qui montre l’ennui mortel de Trintignant un dimanche à Rome avant qu’il ne rencontre Gassman. Je crois que je n’ai aimé Rome qu’à partir du moment où je n’y ai plus travaillé. Travailler là-bas n’était pas facile et ne l’est toujours pas si j’en crois un cousin par alliance qui est resté ici 3 ans.
    Depuis quelques années, je reviens ici régulièrement pour y passer une semaine à ne pas faire grand chose, à essayer d’être Romain oisif, c’est à dire Romain. Et ça, ça va !

  2. Rome, Florence, que l’on soit en été ou en hivers, sont des villes magique même en y travaillant , car les Italiens sont assez acceuillant et joviaux!
    Mais si l’on se reporte à une vision cinématographique de l’Italie telle qu’elle est apres la guerre , la chose est totalement inverse.
    Pour qui a vu « Miracle à Milan », « Rome ville ouverte » , »La sociara », « Riz amere », c’est l’Italie qui nous fait pleurer tellement le malheur dans ces films est présent.
    Seul Vitorio de Sicca nous donne du bonheur et de la joie! De la légereté même! Et pourtant ces films date de la même époque , si ma culture ne me fait pas défaut.
    Vivre à Rome six mois pour voir si il fait vraiment bon vivre serait une experience à tenter.
    C’est bien que je n’aie pas lu cet auteur je pense que j’aurais jeté le livre par la fenêtre!!!!

  3. Pour vivre tout cela, je te conseille vivement de regarder les deux saisons de l’extraordinaire série anglaise « Rome » qui se situe dans la Rome antique et qui commence avec le retour de Jules César à Rome et s’étend jusqu’au milieu du règne d’Auguste. Superbe et instructif.

  4. Voilà ce que Rilke avait vu à Rome. Mais c’était il y a longtemps.
    Si vous voulez savoir ce qu’on y voit aujourd’hui, cliquez sur le lien:
    https://leblogdescoutheillas.com/?p=2672
    et lisez, si ce n’est déjà fait, « Les Valises à Roulettes »

  5. Si une chose m’a géné le monde, visité Rome sans aucun touriste !

  6. Non je ne dirais pas cela de Rome, quelle nous plonge dans la tristesse, pour moi cela a été tout le contraire, je m’imaginais toujours Rome du temps de sa splendeur, du temps des romains, je m’imaginais tous ces gens qui ont bâtis tout cela, mais quel génie, c’est autre chose maintenant l’architecture !
    Je m’imaginais les gens à l’époque qui ont marché où je marchais, j’aurais aimé avoir une machine qui me transporte dans le passé, savoir tout d’eux, les voir construire ses monuments, assister à leur vie de tout les jours, aller dans les bains, voir les jeux dans les arènes (là c’est sur se devait être cruel!!), voir les courses de chars, enfin tout!!!

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