Les Nouveaux Sauvages (Critique aisée 50)

Les Nouveaux Sauvages
comédie dramatique argentino-espagnole de Damián Szifron. Sélection officielle au Festival de Cannes 2014. En compétition pour l’Oscar 2015 du meilleur film étranger.

Il y avait peu de chances que je voie jamais ce film. En effet :
1) Le genre du film à sketches, bien qu’il ait été abordé par de grands réalisateurs (Renoir, Ophuls, Risi, Scola, Monicelli, de Sica, Allen, Autant-Lara, Rohmer, Jarmusch…) ne m’attire pas particulièrement (le dernier piège de ce genre dans lequel je suis tombé étant « Les Infidèles« , d’Hazanavicius).
2) Le titre, Les nouveaux sauvages, me faisait craindre une prolongation des Monstres et Nouveaux monstres.
3) Argentin de quarante ans, Szifron était pour moi totalement inconnu, de même que le cinéma argentin.
4) Et puis, il faisait beau et je n’avais pas envie d’y aller, au cinéma !
Quatre bonnes raisons pour rester chez soi ou aller faire les soldes. Oui, mais voilà ! Sous la forme du téléphonage (coup de fil en langage proustien) d’une cousine, la folle rumeur est montée jusqu’à nous et, sous le soleil,  nous avons dû descendre  la colline jusqu’au boulevard pour en avoir le cœur net.

Six sketches, six bonnes raisons poursortir de chez vous et renoncer aux soldes. Ne comptez pas sur moi pour vous conter les sketches, car leurs chutes sont plutôt inattendues.
Dans le premier sketch qui est pré-générique et bref, c’est le début qui est très drôle et surprenant. Surtout, ne laissez personne vous le raconter.
Le deuxième sketch, pour moi le moins réussi, souffre d’un manque de chute, mais il présente quand même un personnage de cuisinière tout à fait intéressant.
Le troisième est un délire routier qui démarre comme le « Duel » de Spielberg, à la fois cruel et drôle.
Le quatrième met en scène un accident de BMW, une famille aisée, un avocat, un jardinier et un juge d’instruction. C’est peut-être le plus réaliste et le plus cruel de tous.
Le suivant, le cinquième, m’a fait fortement penser à la « Chute libre » de Joel Schumacher, dans lequel les tracas de la police et de l’administration conduisaient peu à peu un brave homme, un peu psychorigide il est vrai, à des excès vraiment regrettables.
Le sixième, le dernier, nous montre avec jouissance le dérapage d’une grande réception de mariage. Ce qui m’a fait penser au très bon « Mariages ! » de Valérie Guignabodet, en moins subtil, mais en beaucoup plus déjanté.

Bref, on est pas du tout dans les Nouveaux Monstres à l’italienne. D’ailleurs le titre original du film est « Relatos Salvajes« , qui ne signifie pas du tout Nouveaux Sauvages, mais Histoires Sauvages. Car ce ne sont pas les héros qui sont sauvages, mais ce qui leur arrive et qui leur fait « péter les plombs » et les pousse à des réactions vraiment sauvages.
Ne connaissant pas le cinéma argentin, je me permettrai de dire que le style de ce film est espagnol : cru, violent, noir et dôle. Le drame et l’émotion y sont souvent présents, mais ils laissent facilement la place à la comédie (je n’ai pas dit la farce) et au rire.
Vous constaterez que pas une seule fois je n’ai écrit la locution « humour noir ». Je n’aurais pas su où la placer, car il est partout.
Tout ça est très original. Almodovar n’en est pas le producteur pour rien.

 

2 réflexions sur « Les Nouveaux Sauvages (Critique aisée 50) »

  1. Je l’ai remarqué sur le site des cinémas avec écrit sur l’affiche « Des pétages de plombs tellement jouissifs » cela me donner déjà envie et tu me le confirme!

  2. Merci de ce dithyrambique descriptif, et de cette envolée de compliments.
    En effet, j’éprouvais l’envie d’y aller en fin de semaine. Me voilà confortée dans mon choix.
    Je te dirai dans quelques jours ce que j’en aurai pensé. Mais il me semble d’ores et déjà que tu as raison… Ce n’est pas pour rien qu’Almodovar en est le producteur.

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