Retour de Campagne (1) : Deux ou trois choses qui fâchent

Avertissement : ceci est le premier numéro du nouveau journal de confinement du JdC. Pour le faire paraitre en ce premier jour, j’ai dû repousser un peu la parution d’un article fort intéressant et documenté auquel j’ai donné le titre suivant, qui devrait devenir votre devise au moins pour le mois qui vient : « Il faut savoir parfois pisser dans les violons« .
Il le faut ! Absolument ! D’abord, ça soulage, et puis cela peut avoir des effets inattendus. Mais on verra ça dans quelques jours. En attendant, ouvrons la première page de cette série que l’on espère pas trop longue.

Retour de Campagne (1) 
Vendredi 30/10/20 – 16h47

Nous y revoilà.
Sur notre canapé, devant notre fenêtre, notre écran de télévision, notre smartphone, notre clavier ou notre feuille blanche.
Pour des semaines, dont le fait de ne pas connaître le nombre n’est pas le moindre de nos soucis, notre horizon ce sera cela :
(vous voudrez bien noter la note optimiste du moulin à vent dans le coin inférieur gauche)

Alors, on va tenter de reprendre une recette ancienne qui a marché assez bien pour qu’on en redemande.

Mais auparavant, parlons un court instant, et pour mieux les effacer, des choses qui fâchent.

Rassurez-vous, pour une fois, je ne vais pas vous parler d’Anne Hidalgo ni de Donald Trump. Je l’ai fait avec tant d’abondance ces dernières années que ça pourrait devenir lassant. Je ne vous parlerai pas non plus des horreurs de Nice et de Conflans Sainte-Honorine. Je ne me sens pas encore le droit d’aborder de tels sujets, bien trop lourds pour mon futile journal.

Mais voilà ce qui me fâche ce matin, dans le désordre d’importance :

1- les deux cents abrutis qui défilaient hier à Paris contre le confinement. Il ne s’agissait pas de restaurateurs, de cafetiers, de gens du spectacle, dont à la rigueur on pourrait comprendre et même admettre l’égoïsme de la réaction.
Les deux cents étaient des jeunes gens qui tout en renversant quelques poubelles et en cassant quelques vitrines aux cris de « Liberté, liberté ! » hurlaient au totalitarisme insupportable. Insupportable.
Et d’un.

2- la lamentable majorité L.R. du Sénat qui a repoussé hier le plan de confinement et, dans le même sac, les mêmes Républicains de l’Assemblée nationale qui ont refusé de voter ce plan. Il faut croire que nos Sénateurs L.R. bien français ne sont pas meilleurs que les Sénateurs Républicains américains, incapables, même en cas d’urgence nationale, de surmonter un clivage idéologique.
Et de deux.

3- la position des Américains et en particulier celle des démocrates américains, sur le grave litige qui nous oppose au monde musulman et plus particulièrement à la Turquie.
Tandis qu’après NIce, Donald Trump envoie ses condoléances à la France et nous assure du soutien de l’Amérique (on croit rêver), la presse démocrate US, avec en tête le New York Times et le Washington Post que je lis tous les jours depuis au moins 4 ans, présente la position du Gouvernement français vis-à-vis de la Turquie et du monde musulman selon un schéma qui, s’il est traditionnel chez eux, n’en est pas moins choquant.  Selon ce schéma, Macron s’opposerait à la Turquie et invectiverait les musulmans en général pour des raisons de politique intérieure et faire oublier ses problèmes internes. La France aurait la prétention de réformer à elle toute seule la religion islamique et ses deux milliards d’adeptes. On pourrait lire entre leurs lignes que, finalement, nous n’avons que ce que nous méritons. Vous ne rêvez pas, vous ne rêvez plus, ce n’est pas Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon qui parlent, ce sont le New York Times et le Washington Post, et probablement d’autres journaux semblablement bien-pensants mais que je ne lis pas, qui, tous les jours, tirent à boulets rouges sur Donald Trump, et qui mettent sur le même plan moral Erdogan et Macron, une dictature religieuse et expansionniste et une démocratie parlementaire. Pour beaucoup d’entre nous, cette Amérique est bien décevante. Et ce qui en l’occurrence est le plus décevant, c’est que ce n’est pas Trump qui est en cause, malgré son amitié pour le bientôt Calife Erdogan, mais la partie la plus civilisée des USA. Même pour ces gens-là, nous ne sommes qu’une ancienne puissance coloniale, premier péché capital, qui n’a pas su régler ses problèmes avec ses musulmans de l’intérieur car elle a refusé et refuse toujours d’appliquer, deuxième péché capital, la recette miracle du communautarisme, vous savez, celle qui marche aussi bien que les checks and balances ! Nous ? Appliquer le communautarisme ? C’est comme si on nous demandait d’adopter leur système électoral à la con.
Et de trois.

*

Bon ! C’était plus long que je ne l’aurais voulu, mais fallait le faire. À présent, ça va mieux.

Maintenant, revenons au retour du Journal de Campagne. Commencé le 16 mars et terminé le 11 mai dernier avec son 57ème numéro, le Journal de Campagne a pendant tout le temps du premier confinement, propulsé les statistiques du JdC vers des pics puis des plateaux rarement atteints auparavant. Il faudra qu’un de ces jours, je les présente, ces statistiques. Une crainte cependant, c’est que les courbes du JdC ne soient que trop parallèles à celles de la contamination.

Le Retour de Campagne (comme il se doit aujourd’hui dans tout titre qui se respecte, le mot « retour » a ici deux sens : le premier est synonyme de come-back, le Journal de campagne fait son retour, le second est plus prosaïque, il signifie que pour subir ce deuxième, et non second confinement, nous sommes revenus de la campagne ; c’est le mot : nous en sommes revenus) reprendra les vieilles recettes de son ancêtre. C’est-à-dire que, sans interférer dans les parutions de 7h47 du Journal des Coutheillas qui poursuit sa carrière comme un train lancé dans la nuit (J’aime bien cette image de François Truffaut pour décrire le tournage d’un film dans la Nuit Américaine), le Retour de Campagne mènera chaque jour dès 16h47 sa propre vie avec :

-des petites nouvelles d’ici et d’ailleurs, vues de mon balcon ou sur mon écran,

-des impressions ou fragments de lectures, des bavardages et des billevesées

-de vieux souvenirs, véridiques, améliorés ou carrément fabriqués

-des jeux pseudo-littéraires et à peine intellectuels dans lesquels, c’est promis, il n’y aura plus de classement.

Dès cet après-midi, après la sieste, je vais m’y mettre pour préparer les jours prochains et j’espère dès demain pouvoir être plus précis.

En attendant, toutes les suggestions et propositions que vous pourrez m’envoyer par email seront examinées et éventuellement présentées dans le cadre du Retour de Campagne. Mais alors, il ne faudra pas râler si le Cujas prend encore du retard.

 

5 réflexions sur « Retour de Campagne (1) : Deux ou trois choses qui fâchent »

  1. @Guy Certes. Mais la droite est victime d’un phénomène plus général qui est l’appauvrissement des idées. Et aussi, la culpabilité instillée par la gauche moralisatrice.
    Les choses pourraient être en train de changer, au moins pour la culpabilité, mais qui pour incarner un renouveau ? That is the question.

  2. La comparaison est peut-être de mauvais goût, mais c’était aussi une jeunesse qui allait se faire massacrer en Août 14 ou bien qui s’élançait hors des tranchées au Chemin des Dames, parce qu’inconsciente aussi.

    Les EUA continuent de nous éreinter. C’est une vieille rengaine.

  3. N’empêche, Edgard, nous avons la droite la plus bête du monde, empêtrée dans sa foire aux vanités, et ça ne changera pas. S’opposer pour exister, c’est pas un programme, encore moins un destin, surtout quand personne n’est capable, ni admis à, l’incarner. Quant aux autres, c’est pareil, bonnet blanc ou blanc bonnet.
    PS: je m’en veut d’avoir écrit ce commentaire que j’envoie tout de même car le JDC, selon moi, ne devrait pas entrer en politique, sauf pour rire des faux-culs, des dingos et dingotes, des apprentis sorciers, et j’en oublie.

  4. Choqué bien sûr, désabusé passablement, déçu un peu, mais pas surpris le moins du monde.

  5. Ah Philippe on voit que tu n’as jamais fait de politique ! L’attitude des pauvres parlementaires L.R. est pourtant facile à comprendre. Leur drame, c’est que Macron risque de phagocyter leur électorat. Il apparaît de plus en plus comme le chef de la droite modérée. Après avoir perdu l’électorat populaire au profit du R.N., l’électorat de centre droit, libéral et pro-européen se reconnaît davantage en Macron qu’en cette bouillie informe qu’est devenu L.R. Juppé a été le fossoyeur du R.P.R., l’U.M.P a sombré et L.R. essaie d’exister. Et en politique, la seule façon d’exister est de s’opposer … CQFD.

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