Mythe et allégorie

Chacun sait ce que c’est qu’un mythe. Selon Wikipedia, Pic de la Mirandole virtuel, un mythe c’est …

… une construction imaginaire qui se veut explicative de phénomènes cosmiques ou sociaux et surtout fondatrice d’une pratique sociale en fonction des valeurs fondamentales d’une communauté à la recherche de sa cohésion.

Quand on prononce le mot « mythe » devant vous, vous sortez aussitôt votre Antigone, votre rocher de Sisyphe ou votre boite de Pandore. Et si par malheur un malappris vous somme de donner la signification du mythe, la plupart du temps, vous vous lancez dans une explication vaseuse et embarrassée comme quoi c’est la représentation de la révolte de la jeunesse contre l’autorité, l’illustration de la stupidité de l’existence ou l’avertissement du danger qu’il y a braver les interdits des dieux. Vous auriez pu dire tout aussi bien que Sisyphe symbolise la vanité des ambitions humaines, qu’Antigone est l’incarnation du devoir quoi qu’il en coute, et la Boite de Pandore, l’illustration du dicton selon lequel « ce que l’on ne se sait pas ne peut pas vous faire de mal ».
Vous auriez pu dire encore bien d’autres choses en somme, et avec un peu de chance ou de bon sens vous auriez peut-être même touché juste. Parce que les explications, les significations des mythes sont multiples. C’est comme ça, c’est leur nature, et c’est sans doute la raison pour laquelle moi qui suis un amateur de mythologie grecque, pendant des années, subjugué que j’étais par l’histoire elle-même, par son étrangeté, par sa violence, je leur ai ôté toute logique et n’ai vu dans la complexité des intrigues et l’improbabilité des coïncidences qu’un moyen romanesque de captiver l’auditoire. Mais, avec le temps, avec l’aide de quelques lectures périphériques, j’ai fini par comprendre la moitié du début du commencement de ce que monsieur Judet de La Combe a expliqué dans son « Homère » :

« Un mythe n’est pas fait pour expliquer, pour clarifier, mais pour faire penser et imaginer. Il pose des éléments compacts, obscurs, défiant l’explication, précisément pour susciter un travail, toujours renouvelé d’interprétation, de reformulation. Le mythe suppose que ce qui est opaque, condensé, énigmatique, a plus de prix, est plus intéressant qu’un discours délié qui déploie son objet. Il incite en raison même de son obscurité de son invraisemblance, à plus de liberté. »

 *

 Pour l’allégorie, c’est plus simple. Wikipedia pense que c’est :

« …l’expression d’une pensée sous une forme imagée afin de faire comprendre, sous le sens littéral, un autre sens, qui est celui visé par le texte. Les deux sens doivent se maintenir de façon cohérente dans une allégorie. »

En matière de littérature et de philosophie, les allégories les plus connues sont par exemple : La Caverne de Platon ; Le Chat, la Belette et le Petit Lapin ; La Ferme des Animaux ; Tom and Jerry…
À mon avis, et contrairement au mythe, il n’y a pas trente-six façons de comprendre une allégorie, mais une seule. Et en plus, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est du moins l’opinion qu’exprime Jon Whitman dans son «  Dynamics of an Ancient and Medieval Technique » :

« L’allégorie est une sorte de discours secret ou de discours raffiné que le peuple ne peut ou ne mérite pas d’entendre, c’est-à-dire un langage réservé à l’élite. »

Compris ?

Non, bien sûr !

8 réflexions sur « Mythe et allégorie »

  1. @ Lorenzo : merci, c’est plus clair comme ça.
    Mais pour moi une fable est une forme d’allégorie, mais pas un mythe.
    La caverne de Platon, le Corbeau et le Renard, sont des allégories.
    Elles décrivent ou expliquent de façon transparente et souvent moralisatrice une réalité humaine sous une forme imagée ( des ombres sur un mur, des animaux)
    Le mythe est un récit, peu ou pas logique du tout, rapportant des actions divines, impliquant parfois des humains, et sans aspect moral. On peut le prendre comme un récit pur et simple sans y chercher autre chose que la relation d’aventures. On peut le prendre aussi comme l’explication de l’ordre des choses. On peut le prendre enfin comme une réflexion sur la condition humaine.
    C’est là que le mythe se rapproche de l’allégorie et donc de la fable. (Encore que la fable doit mettre en scène des animaux)
    Après tout, pourquoi ne pas résumer ça en disant que le mythe c’est une fable pour intellectuels. Quelqu’un a déjà dit ça ? Ah bon !
    Jon Whitman !
    Qui ça ?

  2. Juste encore un petit effort. Qu’est-ce qui est incompréhensible ? Le première, la deuxième, la troisième ou la dernière citation ? Ou le texte dans son ensemble ? Ou bien le commentaire précédent ?

  3. Bonjour Lorenzo. Pourrais-tu développer (les anglais disent élaborer) un peu ta pensée qui, dans la concision de son expression, risque de demeurer incomprise ? A moins que ce ne soit qu’un simple conseil diététique…

  4. L’allégorie « La ferme des animaux » de George Orwell est la parfaite illustration d’un idéal qui a pris la tournure d’un myth, la démocratie! J’ose même ajouter que Winston Churchill est d’accord avec moi.

  5. Par les temps qui courent, c’est le myth de la démocratie qui me préoccupe, un myth qui a pris le pas sur la réalité.

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