Paris ! À nous deux (3) – Les horreurs de Paris

Ce jour-là, j’avais décidé de commencer le tour des horreurs de Paris. Quand je dis « horreurs », je ne veux pas parler du Sacré-Coeur de Montmartre ni de l’Institut Imagine du Boulevard Montparnasse, non, je veux parler des horreurs récentes, celles que nous devons à notre Maire, toujours détestée mais toujours élue, celle dont je croyais bien avoir réglé le compte en révélant ses dictatoriales méthodes et ses perfides intentions dans mon explosif essai : « L’interminable et lamentable histoire des disparus de la rue de Rennes ». Hélas, cet ouvrage, pourtant remarquable ne serait-ce que par le sérieux de ses recherches, n’a pas rencontré le succès escompté, que ce soit auprès de la presse mainstream ou spécialisée, toujours à la botte du pouvoir en place, auprès des éditeurs pusillanimes et terrorisés par les éventuelles représailles d’une administration totalitaire, ou auprès du public (quoique les trois personnes qui l’avaient lu en entier m’aient déclaré spontanément que « ouais, c’était rigolo ».)

Donc, pour ce rallye des horreurs municipales, pour m’échauffer, j’aurais sans doute commencé par les fontaines du Rond-Point des Champs-Élysées, je serai  ensuite passé devant le bouquet de chamallows que Jeff Koons a réussi à faire passer pour un cadeau fait à Paris, j’aurais photographié les minables aménagements décrépis, désertés et désastreux des quais piétonniers de la rive gauche. Après cela, je serais vraiment entré dans le vif du sujet pour recenser les atteintes permanentes au charme de ce qui fut longtemps la plus belle ville du monde. J’aurais fait le tour des bas remparts de béton qui ont été installés un peu partout dans Paris sous un prétexte qui n’a trompé personne : protéger des méchants shadocks automobilistes à tendance misogyne et fascisante les gentils et fragiles gibis à vélo. Je n’aurais pas manqué de vous parler de cette dernière invention, le vélo-box. Ça se présente sous la forme d’un container métallique de la taille d’une grosse voiture et c’est posé sur quatre vérins sur une place de stationnement. Au cours de mes pérégrinations, j’aurais sûrement dégoté deux ou trois nouvelles trouvailles de la folle de l’Hotel de Ville,  comme dit si joliment Lariégeoise, pour défigurer un peu plus un coin de rue, bloquer un peu plus la circulation, emmerder le monde un peu plus. Mais finalement, non.

Finalement non, je me suis dit qu’il y avait des choses plus graves que des éléments de plomberie tournant au dessus de six bacs à douche au Rond-Point, qu’un énorme bloc de verre crasseux posé sur le trottoir du Boulevard Montparnasse, que trois containers écaillés rouillant au bord de la Seine ou que des morceaux de mur de Berlin barrant les rues de Paris.

Oui, il y a des choses plus graves, beaucoup plus graves, mais en faire la liste me mettrait le moral à zéro. De plus, ça prendrait un temps fou.

Alors, continuant à me parler à moi-même, je me suis dit aussi que ces horreurs de Paris, ça n’avait plus beaucoup d’importance et que de toute façon, le choix était entre se faire une raison ou se faire un ulcère, parce que la folle, là, l’indéboulonnable, elle est là pour longtemps et elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin.

Bon, de toute façon, la période n’est pas bonne : dans le monde une bonne dizaine de populistes sont en train de se hisser au rang de dictateur, le réchauffement climatique s’emballe, le Coronavirus se porte bien, alors une Hidalgo de plus ou de moins, quelle importance ?  Comme disait si sagement Pierre Dac « Il vaut mieux qu’il pleuve un jour comme aujourd’hui, plutôt qu’un jour où il fait beau. »

Fort de ces réflexions subtiles, je me suis dit enfin qu’au lieu d’inventorier les choses qui fâchent, je pourrais tout aussi bien parler de celles qui font plaisir. D’ailleurs en voici une :

(re)visiter le Musée d’Orsay !

Mais ça, ce sera pour un autre jour. Salut.

En post scriptum, et pour illustrer un peu plus le propos, trois photos de Lorenzo dell’Acqua :

 

5 réflexions sur « Paris ! À nous deux (3) – Les horreurs de Paris »

  1. Tu prends la mouche mais ce n’était pourtant pas un reproche qui t’était destiné à toi, ô grand maître ! Oh, que non !
    C’était un reproche à nous autres, les lecteurs assidus et passifs replets d’une diatribe de plus contre cette édile que nous haïssons. Mais, au grand jamais, il n’y eut la moindre critique de ton œuvre humanitaire que nous admirons tous, surtout l’Ariégeoise.

  2. Comment ça en pratique on ne fait rien ?
    Me dire ça à moi qui agite l’opinion chaque jour avec mes pamphlets si bien tournés et mes remarques acides et acerbes !
    À moi qui, avec mes photographies et parfois les tiennes, attire l’attention d’une bonne cinquantaine de lecteurs (dont la plupart vit à Paris) sur les disgrâces et les injures que l’on fait subir à la ville !
    À moi qui écris aux édiles, dont certains, de dessous leurs lambris dorés, me lisent et même me répondent aimablement !
    Que faire de plus ?
    J’ai quelques idées.
    On pourrait faire… Oh! Dieu!… quelques choses en somme. Par exemple tenez :
    Artistique : organiser dans l’une des nombreuses salles vides d’une mairie parisienne une exposition de photographies bien choisies.
    Intellectuel : demander à un écrivain connu, ou mieux, célèbre d’écrire un article, un pamphlet, une diatribe, un opuscule sur le sujet.
    Médiatique : le faire publier dans un grand journal du soir ou un grand journal du matin, ou dans un magazine chic, ou dans un hebdomadaire sportif ou mieux, dans le bulletin municipal.
    Fatiguant : manifester debout la nuit sur la place de l’hôtel de ville pendant 30 jours d’affilée.
    Civique : voter contre Hidalgo la prochaine fois.
    Moi, j’ai fait ce que je pouvais.

  3. Bon, c’est bien gentil de dénoncer les calamités qui s’abattent sur notre ville mais en pratique, on ne fait rien.
    C’est lamentable.
    Alors, que faire ?
    Existe-t-il à la Mairie de Paris un attaché culturel sensible aux problèmes esthétiques de notre ville ? Un attaché culturel peut-être socialiste mais pas dogmatique ?
    Je rêve, vas-tu me dire. C’est possible.
    Ne pourrait-on pas lui envoyer tous les jours une photos des délabrements honteux de notre ville ?
    Chaque lecteur du blog pourrait t’adresser au gré de ses déambulations une ou des photos et je crois que tu pourrais en envoyer au moins une par jour à la Mairie de Paris et cela indéfiniment, hélas!
    Non, tu dois penser que c’est idiot et naïf.
    Mais ne rien faire n’est-il pas encore plus idiot ?
    Voilà ; par moment, j’ai honte d’accepter tout cela.
    Lorenzo

  4. Ce qui est facilement démontable n’est pas trop grave à mon avis.
    En attendant, les boites à vélos, c’est l’horreur.
    Mais comment font-ils à Amsterdam ou Copenhague ?

    Les shamallows de JK, c’est une note colorée déjantée, ok, mais ça commence à suffire.

    Je me rappelle de ce bâtiment d’habitation tout tordu (en façade) dans le parc de Bercy.
    Existe-t-il toujours ?

  5. Ce matin à la campagne, le brouillard annonce l hiver : je me suis précipitée sur mon blog favori , espérant y trouver un peu de réconfort : que nenni: le constat est sans appel , et notre diariste talentueux n exagére rien : Paris est outragé , défiguré ; la traversée d Ouest en Est sera rendue impossible , c ´est annoncé programme: le programme des verts est écrit et la solution finale sera le velo pour tous et tant pis pour les vieux…
    alors de grâce, qu on nous rende le Cujas!

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