(…) Bientôt minuit. C’est l’instant où le malade, qui a été obligé de partir en voyage et a dû coucher dans un hôtel inconnu, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. Quel bonheur ! c’est déjà le matin ! Dans un moment les domestiques seront levés, il pourra sonner, on viendra lui porter secours. L’espérance d’être soulagé lui donne du courage pour souffrir. Justement il a cru entendre des pas ; les pas se rapprochent, puis s’éloignent. Et la raie de jour qui était sous sa porte a disparu. C’est minuit ; on vient d’éteindre le gaz ; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède.
Du côté de chez Swann – Marcel Proust
Amitiés au mammouth.
Ah sacré Marcel : concis cette fois pour décrire le désarroi de l insomniaque , persuade(é) d avoir franchi la nuit et qui constate desemparé(e)qu ´ il n est qu une heure du matin!
Et le dilemme de réveiller ou pas son conjoint qui ronflote doucement dans son premier sommeil est le gage d une exaspération grandissante….
D autant que bien sûr, le cerveau reptilien, certain que le mammouth dort, se focalise sur les détails les plus insignifiants de la journée à venir ou passée !