Ecouter Oscar Peterson (Critique aisée 46)

Suite à un cafouillage dont je me refuse à reconnaitre la responsabilité, il y a eu erreur hier soir avec la publication anticipée d’un journal de campagne qui s’est révélé anti-daté. Il y a maintenant un retard inadmissible, parce qu’inexplicable, à la parution de l’article de ce matin . Bon, ce n’est qu’une rediffusion, mais quand même ! Une enquête est en cours. 

 

Quand on n’est pas au Newport Jazz Festival, Oscar Peterson, ça s’écoute chez soi, seul, debout, les mains dans les poches, face aux deux enceintes de votre chaine stéréo.

Il faut garder cette pose pendant les cinq minutes et dix secondes que dure le morceau.

Les seuls mouvements autorisés sont une légère crispation de l’une de vos deux jambes et un hochement de tête à peine marqué. Ces deux ébauches de geste, presque imperceptibles, devront bien entendu être réalisées en coïncidence parfaite avec le rythme de la musique.

Les yeux peuvent être mi-clos ou fermés selon l’humeur et l’heure de la journée.

Certains autorisent le claquement de doigts pendant le solo de contrebasse, mais bien d’autres n’y voient que la marque d’un dangereux laisser-aller et ne l’acceptent que pour marquer les trois notes qui terminent traditionnellement le morceau.

Selon votre agilité et votre penchant plus ou moins prononcé à l’extériorisation, vous pourrez marquer la fin du morceau par un  » Oh, putain !  » admiratif accompagné éventuellement d’un tour complet sur vous-même avec ou sans claquement de main simultané. Attention, dans le premier cas, un seul claquement de mains est admis.

Oscar Peterson 1925-2007

6 réflexions sur « Ecouter Oscar Peterson (Critique aisée 46) »

  1. Ah! on ressort ce matin des armoires les vieux pulls, les vieilles vestes en tweed, ces vieilleries auxquelles on reste attaché parce qu’on se sent bien avec. Et c’est tant mieux, car rêver avec Oscar Peterson ne peut faire que du bien. Je l’écoute avec autant de déférence que du Bach. Si j’entends Oscar Peterson sur TSF Jazz (en alternance avec Radio Classique), j’arrête ce que je faisais et j’écoute, religieusement. J’aime Oscar Peterson, surtout en trio avec le bassiste Ray Brown (l’accompagnement par une contrebasse est toujours essentielle, même quand Georges Brassens chante), et Ray Brown en est un maître absolu (ie le Modern Jazz Quartet). Je préfère Oscar Peterson à Eroll Garner car plus reposant. Pendant que j’y suis, je vais me risquer à une confidence, un blues d’ex-business man. J’aurais aimé savoir jouer du piano! Ce gène je ne l’ai pas eu, ma soeur et mon frère ont goulument tout pris et ne m’ont rien laissé. Arrivé à l’âge de la retraite, j’aurais aimé être un joueur de piano-bar le soir, dans un lieu et avec un entourage qui s’y prêtent, comme La Closerie des Lilas, et dans une atmosphère légèrement parfumée de bon tabac et de conversations feutrées, un verre de Chivas Regal 18y sur la gauche du piano, jouer les classiques américains, improviser aussi un peu, ponctuer parfois, sans les exécutés, une Nocturne de Chopin ou une Sonate de Beethoven, et ravir cet entourage approprié, entendre les quelques applaudissements discrets. Ça y est, je me mets encore à rêver! Tant mieux, je n’ai rien d’autre de prévu ce matin.

  2. Ah Byzance!!! (à prononcer avec la gestuelle faciale et corporelle de celui qui incarnait l’Enfant Gâté, parcourant son Itinéraire…)

    Qui, déjà, lobotomisaient les critiques, forcément ‘pusillanimes’ puisqu’ils en étaient la cible?

    réponse: Les technocrates en quête d’efficience auto-proclamés héros!

  3. « S’il (..) avance (…) vers l’infini (…) n’y a t il pas un endroit où les sons émis lui deviennent inaudibles? »

    La distance exacte à laquelle se situe l’infini a été de tout temps un sujet de controverse. Mais selon la dernière théorie à la mode, celle de Buzz l’Eclair, elle n’est pas si grande que ça, puisque la devise de Buzz est « Vers l’infini et au-delà ! « , ce qui prouve qu’on peut atteindre et même dépasser l’infini. A une telle distance, je suis certain qu’on peut encore entendre Oscar Peterson. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on y entend plus les critiques pusillanimes ni les discussions byzantines, ni les arguties enfantines.

  4. Waoh! On reconnaît là l’élève de l’École des Ponts et Chaussées, fondée en 1776, après la révolution du Corse Paoli, pendant la révolution américaine et avant même qu’un autel ait été érigé à la déesse raison à Paris! Bravo…

    C’est selon un principe semblable que j’ai trouvé, il y a longtemps qu’il n’y a qu’une seule place dans une salle de cinéma sans balcons (là, l’infini est en hauteur) , face à un écran cinérama, d’où l’on peut profiter de façon optimale de ce système de projection enveloppant.

    Mais le modeste commonicologue, pris dans sa weltanschauung où la raison est indissociable des sensations, sentiments et passions, se pose, naïvement, une autre question. S’il reste sur la médiatrice du segment où se rencontrent les ondes émises par les enceintes mais avance ou recule (car il faut faire face!) vers l’infini de devant où de derrière, n’y a t il pas un endroit où les sons émis lui deviennent inaudibles?

    Enfin, les ânes qui se nourrissent de son et d’avoine sans houblon ont, avec beaucoup d’autres quadrupèdes, un gros avantage sur l’homme, leurs oreilles sont mobiles et s’orientent indépendamment l’une de l’autre vers les sources des sons. Ils sont donc plus réceptifs à la stéréo ou aux systèmes de son des enceintes cinema-maison ou crèche.

    signé: le bonnet du quadrupède aux grandes oreilles qui traînent!

  5. « comment peut-on faire face à deux enceintes d’une chaîne stéréo?
    C’est le dilemme de l’âne de Buridan pris entre le son et la voix, n’est-ce pas?
     »
    On peut. En se plaçant à l’infini sur la médiatrice du segment formé par les deux enceintes.
    Signé: Buridan pour son âne.

  6. De gros progrès!

    C’est enfin la posture du destinataire qui prend le devant de la scène! Bravo!

    Cela m’a rappelé mes deux ou trois expériences d’enfant de chœur!
    À la place du du claquement de doigts il fallait agiter la fée clochette!

    Mais comment peut-on faire face à deux enceintes d’une chaîne stéréo?
    C’est le dilemme de l’âne de Buridan pris entre le son et la voix, n’est-ce pas?

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