Dernière heure : la campagne est ouverte

Dernière heure : la campagne est ouverte
mercredi 3 juin

Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de Journal de Campagne que je ne vais pas en parler ! La preuve :

Il y a trois semaines, à propos des USA et des mesures de confinement, j’écrivais :

« Pour gagner les futures élections, Trump en appelle à l’insurrection. Absolument désespérant ! Ce pays est en train d’exploser. »

On peut suivre depuis bientôt quatre ans la dérive autoritaire de Donald Trump (les choses sont devenues trop sérieuses pour que je continue à le désigner par « Le Donald » comme le faisait Obama) et je n’arrive pas à me déterminer entre ces deux façons de voir les choses : Est-ce Trump qui inspire Orban en Hongrie, Bolsonaro au Brésil, Erdogan en Turquie, Modi en Inde, Duterte aux Philippines ou bien est-ce l’inverse ? (Je ne mets pas Putin et Xi Jinping dans le même panier, ceux-là sont des modèles accomplis pour nos candidats à la dictature).

Le point de départ des troubles qui se déroulent en Amérique actuellement, c’est la mort d’un homme noir causée par des policiers violents et racistes. C’est un évènement qui se produit assez fréquemment et depuis très longtemps aux USA. C’est regrettable, choquant, honteux, abominable, mais c’est comme ça, cela arrive. Et quand cela arrive, parfois, il y a des manifestations pacifiques et/ou des émeutes et/ou des pillages, il y a d’autres blessés et d’autres morts peut-être, des arrestations, et aussi parfois des procès de la police, et parfois des condamnations. C’est comme cela que ça se passe. D’habitude.

Mais aujourd’hui, les choses sont différentes, globalement plus graves. Donald Trump souffle ouvertement sur les flammes — ce ne sont plus des braises — en envoyant la Garde Nationale, en convoquant l’armée, en faisant survoler les manifestations pacifiques par des Blackhawks (vous avez une idée de ce que ça fait comme effet, un Blackhawk qui survole une foule ?), en faisant faisant disperser avec violence une manifestation dans le seul but de se faire prendre en photo bible en main devant une église, en menaçant les opposants et les manifestants des foudres de la justice… La liste complète et précise des actions qu’il mène dans le même sens serait bien trop longue pour votre patience, mais pour moi, elle peut se résumer ainsi : le Président des États-Unis est en train d’instituer délibérément non pas encore un état de guerre civile, mais un état d’esprit de guerre civile.

Tandis que Trump fait le spectacle pour chauffer ses troupes, les sondages que je lis montrent que le pays est plus divisé que jamais, les réseaux sociaux montrent que c’est encore pire. La Grande Presse, écrite et télévisée, est totalement opposée sur sa présentation des faits selon qu’elle est Démocrate ou Républicaine.

Pour le Président, sa majorité, sa presse et son électorat, les faits n’ont plus aucune importance. Seuls comptent les tweets du Président. Right or wrong, my President !

On sent très bien là tous les symptômes de la montée d’un fascisme d’état.

Que reste-t-il aujourd’hui des contre-pouvoirs, ces fameux checks and balances dont vous me parliez autrefois ?
En rien, ils n’ont réussi à entraver la Résistible ascension d’Arturo Trump. La Cour Suprême est à présent Trumpienne, tous les nouveau juges fédéraux le sont également, et de haut en bas, l’Administration, purgée des éléments dont la loyauté à Trump n’est pas de tout instant, devient partisane.

Il reste pourtant les élections présidentielles. Si Trump n’arrive pas à les retarder, elles sont prévues pour Novembre. J’ai du mal à imaginer, ou plutôt je n’ose pas imaginer ce qui se passera en cas de défaite de Trump. Un pays exacerbé, divisé — non pas comme beaucoup d’autres pays occidentaux en trois ou en quatre, mais en deux — pourra-t-il s’apaiser en cas de défaite de son populiste en chef ?

Il est à craindre que la campagne électorale qui va commencer ne soit celle de tous les dangers. Mais je dis une bêtise : la campagne ne va pas commencer, elle a commencé, c’est évident.

2 réflexions sur « Dernière heure : la campagne est ouverte »

  1. Walter Cronkite, ce soir donc.
    On passe de la pastèque au commentaire aise du mad Donald…
    Analyse hélas réaliste d une Amérique consumée par la frénésie simplificatrice des réseaux sociaux : et pendant ce temps les patrons des GAFAM , engrangent les bénéfices et rêvent de transhumanisme…, sur des îles en pleine mer.
    Nous n avons plus guère à leur envier: les 20 000 manifestants d hier soir , jour 1 du deconfinemnt, genou à terre , auraient été risibles, s ils n étaient pas l expression de la mauvaise foi simplificatrice d une certaine opposition .
    Et pendant ce temps Marine se tait…et engrange.
    Et la folle del Hôtel de Ville va transformer Paris en un vélodrome géant.
    La souris café du commerce.

  2. Oui, je suis bien d’accord avec les craintes exprimées au-dessus. Les Etats-Unis d’Amérique, pour appeler cette nation résolument démocratique par son nom propre en français, est en réalité et depuis toujours, de mon point de vue en tout cas, un édifice extrêmement fragile. J’ai eu l’occasion de l’écrire souvent dans le JDC. Le ciment qui doit maintenir cet édifice disparate par ailleurs, est la force de la loi, depuis son sommet jusqu’à sa base, et le slogan qui va avec: « law and order », « la loi et l’ordre ». Malheureusement, ce slogan peut être utilisé au mieux pour sauvegarder le bon fonctionnement de la démocratie, c’est généralement le cas, comme il peut être utilisé de façon parfaitement biaisée et totalement perverse, par les fanatiques des extrêmes dans tous les genres, religieux, racistes, fascistes, pour ne nommer que ceux-là. Le flic qui a étouffé George Boyd et les deux autres qui assistaient à cet assassinat sans broncher est l’exemple même du dévoiement de l’application de la loi. Mais, à l’autre extrémité, tout en haut de la pyramide, il y a Trump, qui applique ce principe de « law and order » dans un dévoiement encore pire, plus vil, dans le seul but de se faire réélire en s’adressant à son seul électorat fanatique. Le pire est probablement à venir et comme Philippe je n’ose pas imaginer ce qui va se passer si Trump n’est pas réélu. Et pourtant, j’espère de toutes mes forces, comme ma chère et tendre épouse américaine, que cette ordure ne sera pas réélue, pour le bien de l’Amérique mais aussi pour le bien du monde.

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