RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (2)

RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (2)

17/05/20


A propos de la réflexion de Bruno sur l’éventuelle pressentiment de Camus quant à l’accident du 4 janvier 1960. (voir son commentaire sur l’article « Dernière lettre »)

Je suis allé chercher quelques statistiques sur le nombre de morts sur les routes au cours des années.

1960…….8295
1972…….18.034
1990…….10.900
1995…….8950
2000…….8050
2005…….5543
2010…….4172
2015…….3616
2018…….3488

Je n’ai pas trouvé les statistiques qui ramènent ces chiffres au nombre de kilomètres parcourus ou au nombre de voitures en France, mais ils donneraient des résultats effrayants pour les années antérieures au record de 1972.

Les voitures étaient capables de rouler presque aussi vite que celles d’aujourd’hui, leur tenue de route, leur freinage, leur tenue aux chocs étaient extrêmement loin d’égaler celles des voitures que nous conduisons, sans parler des systèmes de sécurité intérieurs, ceinture, airbags, aménagements intérieurs. Les accidents étaient nombreux, les morts et les blessés aussi. Petit à petit depuis cette époque, sous l’effet des limitations de vitesse, de la prise de conscience (souvent à contre coeur) des nécessités de la sécurité, nos habitudes de conduite ont progressivement changé, sauf pour quelques irréductibles gaulois et autres gilets jaunes (dont on se rappellera que la limitation de vitesse à 80KM/h fut, avec l’augmentation des prix du diesel, le point de départ de ce mouvement qui a mis la France économique à genoux).

Là où je voulais en venir c’est que je me souviens très bien que dans ces années-là, les années 60 et suivantes, chaque fois qu’un proche prenait la route, l’accident était présent dans les esprits.

A mon avis, dans la très belle phrase soulignée par Bruno, Camus ne fait qu’exprimer à sa façon les aléas de la route, peut-être pour les exorciser.

6 réflexions sur « RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (2) »

  1. Philippe! Tu me parles de durite alors qu’on parle de la mort d’Albert Camus. C’est pas sérieux!

  2. Je complète mon commentaire précédent. A propos de cette phrase de Camus sur les aléas de la route, je me demande auxquels ils pensait réellement, lui le philosophe qui pensait à l’absurdité de la vie qui conduit à une mort inéluctable. Pensait-il à la possibilité d’une mort accidentelle? Ou bien à un malheureux retard dû à des embouteillages, une panne de moteur, une crevaison? Sa lettre à Maria Casares et sa soif de la retrouver tend à le prouver, en parfaite conformité avec sa philosophie de vivre pleinement sa vie dans des moments pareils et de laisser de côté ses interrogations philosophiques sur la mort qui y mettra un terme.

  3. La durite ! Tu as oublié la durite. J’ai passé 36 heures à Villefranche sur Saone avec mon père dont la 203 à double carburateur avait pété une durite. J’avais 10/11 ans. Je n’ai appris que beaucoup plus tard que ce n’était qu’un bout de tuyau.

  4. Aux aléas cités au dessus qui concernent surtout la dangerosité des voitures de l’époque et l’absence de limitation des vitesses, il faut en rajouter un qui était le réseau routier, sans autoroutes, avec de nombreux platanes en bordure. C’est justement l’un d’eux qui a eu raison de la vie d’Albert Camus. Triste aléa.

  5. Oui, belle recherche, Philippe.
    Mais les hasards de la route, t’en souvient-il, comprenaient alors bien des aléas beaucoup moins tragiques : la crevaison, qui lorsqu’elle était multiple ou répétée obligeait à la halte, parfois pour une nuit ; la panne d’essence, la courroie brisée, le carburateur encrassé. Sur de telles distances, il était rare qu’aucun incident ne vienne retarder le moment de retrouver enfin les bras tant désirés.
    Enfin, à l’âge que j’avais alors, c’était ceux de ma mère !

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