Journal de Campagne (40)

Journal de Campagne (40)
Vendredi 24 avril 2020 – 16h47

A day in the life
John Lennon/Paul McCartney

I read the news today Oh boy
About a lucky who made the grade
And though the news were rather sad
Well I just had to laugh…

(part two : mid day)
I saw a film today, oh boy
The English Army had just won the war
A crowd of people turned away
But I just had to look
Having read the book

09:30 – Rien

10:54 – Un avion passe très haut. J’ai remarqué depuis hier que quelques avions recommencent à circuler, mais leur hauteur et leur direction montrent qu’ils ne viennent pas de Roissy.

12:10 – Déjeuner

12-50 – Chaise longue. Les pieds au soleil, la tête à l’ombre et Guillaume Gallienne dans les oreilles.

13:30 – Nos voisins sortent sur leur terrasse.

15h50 – Finalement, j’ai eu une intéressante conversation avec mon voisin, l’amateur de Reggae. Comme il est aussi amateur de mécanique, il y a sur son terrain :
— cinq véhicules automobiles : l’inévitable BMW Série 3, la Ford Focus de madame, un 4×4 Toyota, un autre 4×4 Toyota, un fourgon du genre Partner
— et, parmi les autres engins à moteur à explosion, une tondeuse auto portée, une débroussailleuse à fil, une tronçonneuse, bref tout l’attirail de l’homme civilisé à la campagne. Depuis 13h30, nous avions eu droit à des solos prolongés de la tondeuse puis de la débroussailleuse, mais comment faire autrement quand l’herbe pousse à cette vitesse ? À 15h30, le silence se fit, angoissant. Mais ce ne fut pas plus de quatre minutes plus tard que démarra le diesel du fourgon, garé devant notre haie mitoyenne. Le vent, qui avait malheureusement faibli à ce moment, dissipait mal les produits de combustion du moteur déréglé. Au bout d’un grand quart d’heure, à travers un trou de la haie qui nous réunit, j’attirai l’attention de mon voisin pour lui demander de bien vouloir arrêter son diesel ou le déplacer plus loin, car il dispose d’un assez grand terrain. Sans entrer dans les détails de notre débat, j’appris alors de sa bouche deux vérités essentielles :

1- si j’étais à Paris, j’entendrais aussi des diesels.

2- s’il déplaçait son fourgon, compte tenu du vent, j’en aurais quand même l’odeur.

Instructif, non ? Comme quoi on a toujours intérêt à écouter ce que les gens ont à dire. Mon esprit d’escalier ne m’a pas permis de trouver quelque objection que ce soit à ses imparables évidences. Je vais y réfléchir et peut-être lui envoyer un courrier. Mais peut-être pas, car finalement il a déplacé son fourgon et coupé le moteur.

16:00 – rien

16:47 – C’est l’heure de le sortie de mon Journal de Campagne du jour. Il y aura peut-être des commentaires qui me changeront les idées.

 

7 réflexions sur « Journal de Campagne (40) »

  1. Bonjour Edgard,
    C’est un triple plaisir de constater que 1) tu lis le JdC, 2) tu commentes et prodigues tes conseils avisés, corses et professionnels au Rédacteur en Chef déboussolé, et 3) tu persistes encore aujourd’hui.
    On peut même espérer que tu remonteras dans le temps pour lire enfin in extenso cette tragédie toute de mon cru que je t’avais recommandée « Homéotéleute et Polyptote » et qui devrait titiller ta culture grecque (très) ancienne.
    Bienvenue, cher Edgard, et à demain, si vous le voulez bien !

  2. Non ne sacrifie pas les assiettes de Sophie ! Il doit bien y avoir des merles à Champ-de-Faye. Tu sais, ces oiseaux noirs au bec jaune qui dévorent les cerises avant même que les parisiens qui ne viennent à la campagne que le weekend aient pu les cueillir. A mon sens, c’est même plus facile à tirer que les pigeons d’argile …Eh bien, en Corse on en faisait du pâté… C’est délicieux. Et si ton tempérament de centriste trouve leur goût trop fort, avec un peu de crème fraîche, c’est sublime. Tu pourras toujours en proposer au voisin, comme message subliminal …

  3. Esprit d escalier: je lis avec retard les commentaires de ce matin à propos de vieillir:
    certes certain(e) a rejoint le cénacle, mais par goût du challenge: répondre chaque jour au JDC du soir: une façon amicale de soutenir un ami dans son entreprise insensée: raconter le fil des jours qui passent à Champ de Faye eT ailleurs.
    Moi je fais une analyse plus optimiste : depuis que nos enfants nous ont fait grands parents ( la majorité d entre nous , je pense), l avenir était centré sur eux: eT peu d entre nous se disaient à chacun de leurs anniversaires, une annee de moins pour nous.
    La nous sommes rendus à notre intimité de couple , eT bién après mariages, divorces, famille recomposées ,naissances tardives, je trouve reposant d ‘être en a pesanteur familiale : nos chéris se débrouillent très bien sans nous d ailleurs eT c est bien agréable de les voir s inquièter de nous .
    Un congé parental en quelque sorte.Pas un congé définitif….

  4. Deux réponses donc , l une virile , l autre poétique.
    Par tempérament je choisirais la solution Corse avec un tel voisin.
    D ailleurs avec un tel voisin , je serais devenue tigresse…un petit coup de meule peut être…
    Le poète lui n à pas à subir de telles nuisances et un combat de lézards c est silencieux…
    Sur mon balcon , c est calme : seul un merle chanteur s égosille quand un chat passe à portée de nid : ma science ornithologique est toute récente: je viens de passer une heure au tel avec ma BA de 86 ans : elle habite au premier , connait tout de la vie du jardin, de ses roses, de ses occupants et les jumelles servaient à son défunt mari, à étudier les oiseaux ; non pas à espionner les voisins comme je l ai cru à ma première visite.
    Je lui ai promis de passer la voir:je vous dirai si le chat a gagné .
    Pour une souris, c est pain béni une histoire de chat.

  5. Merci, Edgard, pour ces conseils insulaires. Mais tu sais bien que je suis un ignoble centriste, au ventre mou et aux deux joues gauches.
    Par ailleurs, non seulement, comme je l’ai dit, j’ai l’esprit d’escalier, mais en plus, j’suis snob, j’suis snob, c’est vraiment l’seul défaut que j’gobe, et j’ai du mal à communiquer avec la banlieue.
    Toutefois, je retiens l’idée du Ball Trap. J’ai un juxtaposé calibre 20 dans un placard, une boite de cartouches de 8 dans un autre, mais pas de pigeon d’argile. Je doute que Sophie accepte que j’utilise ses assiettes. Tant pis… Au besoin, je ferai appel à un avocat.

  6. Après A Day in the Life, il y a She’s leaving home. Peut-être une idée pour se débarrasser du voisin ? Dans la chanson c’est une adolescente qui s’en va mais là, pourquoi pas l’épouse ? Une petite prise en main psychologique, non ? Tu ne crois pas qu’en la travaillant un peu, elle pourrait s’en aller ? Et lui avec, subséquemment (ou conséquemment si tu préfères).

    De toute façon, ton voisin doit aimer les odeurs de fumées, car s’il aime le Reggae, ça ne doit pas toujours être le diesel qui empeste …

    Cessons de rire. Je suis un peu déçu de ton absence de réaction. Tu aurais pu lui dire que c’est justement parce que tu fuis les diesels parisiens que tu as choisi de te confiner à Champ-de-Faye. Ou bien encore que le vent, justement, ne soufflait pas ce qui empêchait les effluves lourdes et nauséabondes de se dissiper … Et les particules fines Môssieu ? Hein, les particules fines, qu’en fait-il ?

    C’est dans ce genre de circonstances que j’apprécie d’être corse. Parce que moi, je serais allé lui dire gentiment : « Ecoute-moi bien, je ne répéterai pas. Ton fourgon tu vas le déplacer vite vite, ou alors tu lui coupes le moteur. Tout de suite. Tu as bien compris ?  » Avec l’air et l’accent qui vont avec … Et au besoin, je ferais un peu de ball trap dans mon jardin, à côté du sien, près du trou dans la haie, histoire de l’inspirer …

  7. A nous aussi, il arrive des choses peine croyables …

    Le mois d’avril est délicieux ici. Jamais nous n’y avions séjourné aussi longtemps en cette saison. Déjà plus de six semaines … A notre arrivée il n’y avait pas une feuille aux rosiers, à la vigne et au bignonia. Ce dernier n’était qu’un tronc sec sans ramure et nous nous demandions s’il n’avait pas rendu l’âme. Aujourd’hui, les branches ont poussé sur le bignonia, la vigne a commencé sa treille et de multiples bourgeons de rose vont éclore. Malgré les contraintes, nous sommes étonnés de notre relative gaité, de nos activités débordantes et de nos plaisirs simples. Anne se demande si nous ne regretterons pas un jour cette vie au ralenti. Il n’y a plus le moindre bruit alentour : moteurs, cris et brouhaha du marché voisin ont disparu. Seul règne désormais le silence, du matin au soir, un silence inconnu … Dans le ciel, les oiseaux et les insectes ont remplacé les trainées blanches des supersoniques. Je ne savais pas qu’il y avait autant de lézards dans le jardin et je ne les avais encore jamais vus se battre comme des chiffonniers. Quelques timides papillons multicolores ont refait leur apparition. Ce matin, un lapin a traversé la rue pour se rendre à la plage déserte. Les seules taches dans le paysage sont les humains avec leurs vilains masques en papier et leur indifférence apeurée. Ils ont l’air de redouter leurs congénères plus que le virus. D’autres au contraire ne semblent pas concernés par l’affaire. On dirait qu’ils ne courent aucun risque. La preuve : ils font leur jogging comme d’habitude et ne respectent aucune interdiction. J’ai eu moins de chance qu’eux, mais il faut dire que je ne cours plus à mon âge … Mon dos me faisant mal, je m’étais assis sur un banc. Malheur ! Deux gendarmes sont arrivés et m’ont interdit de rester dans cette position répréhensible. Mon problème lombaire n’était pas recevable. « Fallait rester chez vous » m’assénérent-ils sèchement. Loin de moi l’idée de contester leur autorité, ce n’est pas mon genre, mais je me suis tout de même permis de leur donner quelques informations médicales pour justifier mon infraction. Au ton de leur réponse, on aurait dit qu’ils s’adressaient à un petit garçon pris la main dans le sac … : « mais monsieur, ce n’est que pour un mois, vous pourriez faire un effort ! ».
    Il va falloir s’y faire à ce retour en enfance auquel on ne s’attendait pas de si tôt.

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