Journal de Campagne (29)

Journal de Campagne (29)
Lundi 13 avril 2020 – 16h47

On nous le dit : le monde d’après le COVID-19 ne sera pas le même que le monde d’avant. Le Président nous le dira aussi peut-être un peu après 20 heures. Moi, je vous le dis dès maintenant.

Mais d’abord : pourquoi donc, s’il vous plait, le monde de demain devrait-il être différent de celui d’aujourd’hui ?

Si vous n’avez pas compris ça de vous-même, si vous pensez qu’après tout ce n’était qu’une grosse grippe, que tout cela n’a été monté en épingle que pour le plus grand bénéfice des élites en place, ou bien si vous vous dites « ouf ! on l’a échappé belle, mais ce sera bientôt fini, et tout pourra redevenir comme avant », alors je ne peux rien pour vous. Mes explications ne vous convaincraient pas.

Mais si vous pensez qu’il va bien falloir changer quelques bricoles, renoncer à quelques habitudes, alors voici quelques premières idées.

La pandémie du COVID-19 a mis à nouveau en évidence ce que l’on soupçonnait depuis longtemps : les principaux facteurs qui contribuent à la rapidité et à l’importance d’une contagion sont

— les déplacements de masse
— la promiscuité
— les contacts physiques.

À l’occasion de cette crise et profitant avant qu’elle ne s’éteigne de l’émotion qu’elle a suscitée, il doit être possible d’agir avec détermination et efficacité sur ces facteurs sans soulever de trop grandes réactions des mouvements populistes, tels que les Gilets Jaunes, ou réactionnaires, tels que La France Insoumise.

Les déplacements de masse
Ils sont essentiellement liés au tourisme. Une action énergique visant à réduire drastiquement le tourisme de masse aura un double effet : l’effet recherché de réduction des contagions, et celui de la préservation de la qualité des lieux touristiques (au moins pour ceux pour lesquels c’est encore possible), sans compter l’impact écologique sur la pollution de l’air et des plages.
En conséquence, je propose d’appliquer une surtaxe de 100% aux déplacements individuels à but touristique, et de 200% aux déplacements de groupe à but touristique.

La promiscuité
La promiscuité la plus dense et la plus fréquente à laquelle les populations sont soumises est celle des transports en commun urbains. Dans l’impossibilité d’augmenter la capacité de ces transports, il conviendrait donc de réduire leur fréquentation et pour cela de favoriser les transports individuels. Les mesures en faveur des vélos, patinettes skates board, rolliers et monocycles ayant été déjà prises, il reste à favoriser le moyen de transport individuel préféré des citadins : l’automobile. Pour cela, il faudrait lui rendre l’espace public dont elle a été spoliée par des municipalités hystériques, en commençant par rouvrir les passages souterrains qui ont été fermés ou même comblés.

Les contacts physiques
Les rencontres sociales sont un facteur évident de propagation. Quand elles s’accompagnent de contacts physiques, la contagion est assurée. En conséquence, dans les rencontres entre humains, les poignées de main, les High Five et surtout les bises devraient être interdites, ou à défaut être considérées comme démodées. Des campagnes publicitaires financées par l’État devront tendre à la restauration de l’usage de la révérence et du coup de chapeau à distance. Les dérogations suivantes pourraient être accordées avec parcimonie et à bon escient :

  1. lors d’une première rencontre entre deux êtres humains, une poignée de main initiale pourrait être tolérée.
  2. dans les rencontres quotidiennes entre membres d’une même cellule familiale, celle-ci étant restreinte aux Grands-Parents, Parents et Enfants, deux bises par personnes pourraient être autorisées.

En aucun cas les baisers ne pourront être concernés par ces restrictions.

Surtaxer ou même proscrire le tourisme de masse, promouvoir l’automobile au détriment des transports en commun, restaurer la révérence, on voit bien qu’il n’y a aucune raison pour que ce programme ne soulève pas l’enthousiasme des foules. A moins que le conservatisme coutumier des mêmes ne vienne tout foutre en l’air, comme d’habitude.

Ce ne sont là que quelques idées de départ que je soumets à votre sagacité. Les colonnes de ce Journal de Campagne vous restent ouvertes pour proposer les vôtres. On verra aussi avec intérêt ce que notre Président nous proposera tout à l’heure.

 

5 réflexions sur « Journal de Campagne (29) »

  1. mon cher Philippe,
    Ton exposé brillant et drôle n’appelle hélas aucun commentaire. Je pense comme toi. Une seule chose m’a semblé manquer dans ton réquisitoire : tu ne nous dis pas à qui il faudra demander des dérogations.

  2. Comme vous vous y attendiez sûrement, et comme je m’y attendais, le discours de notre président ne nous a pas apporté le moindre optimisme. Nous voilà repartis pour un mois supplémentaire de confinement. Nous ne sommes pas les plus malheureux parce que nous, nous avons le blog des Coutheillas. Remercions ce généreux bénévole qui nous permet deux fois par jour de nous évader du confinement, au moins psychologique. Merci donc à toi, Philippe, pour l’ensemble de ton œuvre.
    Un mois de plus, ce n’est pas gagné. Je ne sais pas si vous êtes amateur de parties de scrabble, mais déjà au bout de trois semaines, l’ambiance s’était gravement dégradée à la maison. La contestation systématique du règlement par mon épouse m’était devenue insupportable. J‘en appelle à d’autres joueurs, honnêtes comme moi, pour lui rappeler les règles élémentaires de ce jeu convivial (en temps normal). Si j’ai bien compris, et je crois que malheureusement pour une fois j’ai bien compris, on en reprend pour un mois. Franchement, on s’y attendait. Vous dire que ce soir, j’ai le moral au top après les propos pleins d’espoir de notre président serait très exagéré. Non, je constate qu’on navigue à vue et, d’après mes copains bretons, ce genre de navigation réserve des surprises mais rarement des bonnes. J’en terminerai avec ces réflexions que je sais d’une absolue banalité par ce que j’avais prévu de vous dire ce soir, avant ce discours involontairement démoralisant.
    La vie des enfants, surtout les grands, est terrible. Déjà tout petit, l’annonce que la petite souris n’existait pas m’avait foutu un sérieux coup au moral. Peu de temps après, j’appris avec stupéfaction que le Père Noël, ce vieux grand père rigolard à la grande barbe blanche d’une générosité incroyable, lui non plus, n’existait pas. Mais comment mes adorables parents avaient-ils pu me mentir aussi effrontément pendant tant d’années ? Je n’en revenais pas. Et puis il y eut cet autre cataclysme dont je mis plus de vingt ans à me remettre. Je le découvris après la messe du dimanche en prenant l’apéritif avec mes copains d’alors. Le petit Jésus, celui à qui ma tante m’avait demandé de ressembler, lui non plus n’aurait jamais existé ? Par la force des choses, la vie continua malgré ces désillusions cruelles qui feront de vous, plus tard, un homme ou un infirme, ça dépend. C’est lourd, mais soit, comme le répétait Jean-Pierre Marielle en entamant cette partie de poker de titans inoubliable avec Yves Montand dans le Diable par la Queue de Philippe de Broca. Il y eut ensuite une assez longue période de calme plat en ce domaine des révélations décapantes. Et puis hier, pas plus tard qu’hier soir, qu’ai-je appris en faisant ma prière quotidienne et en lisant en même temps les commentaires sur le blog ? Une nouvelle terrible : Lariegeoise n’était pas ariègeoise, et en plus, elle ne l’avait jamais été. Quel choc ! Alors, toutes les déceptions de ma vie d’enfant me sont revenues en mémoire et, si nous ne vivions pas cette période dramatique, je crois bien que j’en aurais pleuré.

  3. Analyse lumineuse !
    Si tu voulais bien faire une exception en ce qui concerne la taxation du tourisme, j’irais volontiers en voiture faire une révérence à l’ariégeoise !

  4. PS pour Lorenzo
    Ariégeoise je ne le suis que fortuitement, l ete seulement… je ne sais si je dois faire de la publicité pour ce Rabat les trois seigneurs, base de départs pour de belles excursions en Montagne: on les appelle des bavantes, car s extraire des fougères pour atteindre aux sommets convoites exige une endurance certaine…
    Dans les terrasses de ce matin , une allusion au Jura!
    Mais qui connaît le Jura ? J ai longtemps caché que j avais passé mon bac au lycée de jeunes filles de Lons le Saunier: il faut dire que je faisais mes études dans une école très parisienne eT un peu snob !
    Donc deconfines,on boira du vin jaune et du Château Chalon!

  5. Ah je sens que ça va phosphorer ce soir sur le JDC, eT j attends avec impatience les commentaires inspirés de tes lecteurs, titilles par un bel exposé en trois points ;
    Moi je suis un peu déprimée par les propositions du genre  » fermes urbaines collectives », lues bien sur dans mon autre journal de soir…de plus en plus gauchiste que je ne résilié pas pour ne pas priver d emploi le gentil  » héros invisible » qui le porte tous les jours…
    Tes propositions me semblent bién utopistes quand on nous propose pour sortir de nos trous une immunité de troupeau…
    Ah pour me redonner le moral je vais relire la saga des veaux semi débiles….un must!!!

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