Journal de Campagne (19) et NOUVELLES DU FRONT (18) – 3/04/2020

Journal de Campagne (19)
Vendredi 3 avril 2020

Hier, à propos de la Campagne et plus particulièrement de Champ de Faye, je me suis fait une petite envolée sur la mémoire volontaire, l’involontaire, l’édifice immense du souvenir et tout le toutim. Cet exercice n’est pas facile et il devient vite casse-gueule quand on se laisse entrainer par la philosophie ou par la poésie si on n’est pas équipé pour. Donc, je vais laisser tomber pour un temps, bien que je sache que j’y reviendrai toujours, à ces gouttelettes impalpables qui portent le fameux édifice.

Revenons un peu aux bons vrais et simples souvenirs, à ce livre d’images que l’on peut tirer de la mémoire volontaire. Dans ce domaine, je m’aperçois qu’en six années de JdC, j’ai déjà beaucoup donné. En effet, tout ce que j’ai classé dans la catégorie « Récit » et même une bonne partie de ce qu’hypocritement j’ai mis dans la catégorie « Fiction » est le reflet plus ou moins fidèle, plus ou moins sincère, de mes souvenirs. On va donc peut-être faire une petite pause. Toute provisoire, mais une pause quand même.

Mais vous ? Vous ! Vous dont les commentaires deviennent de plus en plus développés, de plus en plus réfléchis, et même parfois de plus en plus intimes, vous avez certainement quelques souvenirs à nous faire partager. Pour cela, la porte des commentaires vous est largement ouverte. Allez-y, on vous attend.

De toute façon, vous n’avez pas grand-chose d’autre à faire, avouez-le !

*

Et maintenant, une petite info de CNN, que je place dans les Nouvelles du Front, le Front de Taureau de la Bêtise, bien sûr. C’est moi qui traduis.

NOUVELLES DU FRONT – 3 avril 2020

LA BÊTISE AU FRONT DE TAUREAU

Nous avons, pour plaire à la brute,
Digne vassale des Démons,
Insulté ce que nous aimons
Et flatté ce qui nous rebute ;
Contristé, servile bourreau,
Le faible qu’à tort on méprise ;
Salué l’énorme bêtise,
La Bêtise au front de taureau.

 

Produits de première nécessité

« Il n’y a pas que le papier toilette que les gens se bousculent pour acheter. Le FBI a rapporté que 3.700.000 vérifications d’identité avant achat d’arme à feu ont été effectuées pendant le mois de mars, une augmentation de 41% qui montre que de plus en plus de gens essaient d’acheter des armes à feu. La mise à jour d’une directive du gouvernement fédéral a classé les détaillants en armes à feu et munition parmi les services essentiels, ce qui leur permet de rester ouverts, bien que des Etats de plus en plus nombreux ordonnent des mesures de confinement. Cette décision est une victoire pour les tenants du 2nd amendement, certains d’entre eux ayant déjà déposé des plaintes dans des villes où les détaillants en armes à feu n’avaient pas été exemptés de confinement. »

 

4 réflexions sur « Journal de Campagne (19) et NOUVELLES DU FRONT (18) – 3/04/2020 »

  1. Au physique, personne dans la famille ne lui ressemble. De quoi échafauder des scénarios invraisemblables. Et si notre grand père n’était pas le père physiologique de notre père ? Notre grand-mère aurait-elle eu une aventure avant son mariage et l’aurait-on mariée à ce médecin complaisant ?

    Qui est ce beau jeune homme au regard si triste? Ce n’est pas un gars d’ici, plutôt un monsieur de la ville. C’est un écrivain, apprend-on à la jeune fille émerveillée. Il vient de recevoir sa lettre de mission et doit rejoindre demain son régiment là-bas près de Verdun. Mon Dieu, se dit-elle, pourquoi me regarde-t-il ainsi ? Comment lui cacher mon propre trouble ? Le grand champ de mon père est envahi d’invités, c’est la fête de l’automne. De grandes tables ont été installées sur des tréteaux. Malgré la saison, il fait encore chaud. Tous les gens du village et de la campagne sont là, tous mes parents et toutes mes amies aussi. Je n’ai jamais vu garçon si joli et si étrange. Il m’observe en tournant à peine la tête et ses yeux sombres n’en finissent pas de me fixer. Le repas s’achève, les plus âgés se lèvent et se mettent à danser ce qui fait rire les plus jeunes. Cela me fait sourire aussi. Ma mère et mon père valsant comme de jeunes mariés ! Ma gaité est si rare, j’en profite. Mais que fait soudain le beau jeune homme ? Il se lève, chancèle un instant et s’approche de notre table. Il est là maintenant devant moi qui feins de ne pas le voir. Que me voulez-vous, monsieur ? Ses lèvres hésitent un instant et je devine ces paroles murmurées : « Vous êtes belle ». Sans me laisser le temps de l’en empêcher, il saisit ma main et m’entraîne. Nous nous éloignons ainsi de la fête, l’un derrière l’autre, lui courant, moi le ralentissant à peine. Au-delà du pré, c’est un grand bois où enfant je me cachais pour ne pas rentrer à la maison les soirs d’été. Il s’essouffle bientôt et ralentit enfin. Je n’en puis plus, je suis rouge, échevelée, laide probablement. Il se retourne alors et pose sur moi son regard inquiet. Entre ses mains aux doigts si fins, il prend mon visage comme une coupe précieuse et dépose sur mes lèvres ce baiser tant attendu. J’ai vingt ans et je suis fiancée à un autre.

    Ce n’est que plus tard en revenant silencieux au village que les amants d’un jour prendront conscience de leur folie. Comme tant d’autres, le beau jeune homme ne reviendra jamais du front. Il s’appelait peut-être Alain-Fournier.

  2. Il arriva chez nous un dimanche de novembre 1974

    La Sologne imaginaire du Grand Meaulnes est entrée dans ma vie un dimanche d’automne et ne m’a plus jamais quitté. Ce pays longtemps rêvé, je l’ai bien connu et j’ai maintes fois parcouru jusqu’au soir tombé les allées sombres de ma Sologne. J’ai contemplé les étangs gelés couverts de brume et assisté à l’envol bruyant des canards sauvages. J’ai attendu immobile le passage des grands gibiers et je fus souvent récompensé. J’ai entendu geindre les grands arbres aux tempêtes de la mauvaise saison. Je me suis perdu au plus profond des fourrées et j’ai enfoncé mes bottes, tel un gamin désobéissant, dans les chemins inondés de pluie. Je suis parti mille fois pour une aventure toujours différente où le changement de saisons et l’incessante variation de la lumière transforment à l’infini ce décor magique.
    Partir seul dans la forêt et ne pas savoir quand je reviendrai, découvrir la couleur fauve des feuillages de l’automne, revoir le grand cerf indifférent sous les flocons de neige, fouler encore le tapis orangé de girolles odorantes, me laisser envahir par l’obscurité frémissante de plaintes inconnues, revenir fourbu de sensations sauvages et m’en reposer auprès du grand feu. Voilà ce qu’est la Sologne : la perception de l’inimaginable.

  3. Les statistiques à propos des homicides par armes à feu aux EU sont édifiantes et devraient édifier l’ineffable Trump lui qui aime tant les comparaisons sur les causes de morts:
    – Washington Post: entre Janvier et Mars 2019, durant ces 3 mois le nombre de morts par armes à feu dépasse celui des pertes subies par les troupes US lors du D day le 6 juin 1944.
    – Wikipedia, aux EU: En 2010, 67% de tous les homicides ont été causés par des armes à feu.
    En 2012, 8,655 homicides par armes à feu dont 6.371 par armes de poing. 64% des suicides causés par des armes à feu.
    En 2013, 73.505 blessures non mortelles, 33.636 décès par armes à feu, 11.208 homicides et 21.175 suicides.
    En 2015, les armes à feu ont causé la mort de 13.286 personnes sans tenir compte des suicides.
    Si ces statistiques sont cohérentes, les homicides augmenteraient donc régulièrement.
    Trump en conclura que les armes à feu tuent moins que le covid.19, mais c’est pas grave puisqu’il a fait une comparaison récemment avec les accidents de la route. Et moi j’en conclue que pour Trump la mort n’est qu’une statistique, les causes ne l’intéressent pas.

  4. Comment ça rien à faire: le mot pour les courses, les dites courses, les appels de tous les provinciaux angoisses de nous savoir en danger…les blog de cuisine, le tour de l am, bref peu de place pour l introspection…
    le casse tête du déconfinement est croquignolesque eT faire varier tous les paramètres aboutit toujours au même résultat : nous les »anciens » en dernier!
    Un petit découragement chez une de mes filles  » mes collègues de Hong Hong sont reconfinés.
    Le jour où Blanquer,annonce que l ecole est finie….Car un contrôle continu sur un trimestre , c est encore plus fort qu en Mai68!

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