Le poisson rouge

Il est né dans le vaste bassin de pierre de « La Verdière ».
Un jour, à l’occasion d’une vidange il est resté prisonnier du seau qui regroupait ses congénères. La hasard l’a choisi pour devenir l’hôte d’un modeste bocal qui ornait la salle à manger.
Au chaud, bien nourri, il grossissait, tout juste respecté par les chats.
Chaque semaine, la main amicale de la maîtresse de maison le déposait dans l’évier d’inox de la cuisine à l’occasion du lavage de sa prison de verre que les algues vertes envahissaient. Il était heureux, couché sur le flanc, ravi d’être arrosé par le jet du robinet; c’était pour lui comme une caresse.
Comme le bébé changé de langes, sa toilette faite regagné le berceau, il fallait à regret retrouver le bocal.
Une pincée de paillettes de nourriture affectueusement distribué en surface, permettait à l’ami de venir saluer, puis il recommençait sa ronde aquatique sans jamais se lasser, jusqu’à la prochaine évasion.
Ayant trop grossi pour le modeste logement un jour d’automne nous décidions de le libérer dans la vaste piscine de la propriété. Il semblait s’y ennuyer un peu. Nous lui rendions de fréquentes visites; nous frappions des mains et il venait au bord pour se faire caresser et nous voyait partir à regret.
Un jour d’hiver, la glace à envahi la surface de l’eau. Nous avions disposé des branchages et pourtant Oscar a péri. La maisonnée était triste de perdre un fidèle compagnon à qui la liberté avait été fatale.

Lucien Claveirole

3 réflexions sur « Le poisson rouge »

  1. C’est agréable de lire des passages de l’enfance de Gilles !

  2. J’ai bien sur entendu cette histoire de vive voix, racontée par mon grand père. Mais quel plaisir de pouvoir la lire à mes filles !
    Merci

  3. Merci Philippe de nous permettre de lire les écrits de Lucien , et ainsi de revivre des moments de notre enfance à La Verdière .

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