Les missions de Lorenzo (4)

Mardi 7 janvier : 11 km.

Ça avait pourtant bien commencé …

Sous un ciel couvert, je pars sans grande conviction voir dans la Chapelle de la Salpêtrière l’exposition de sculptures de Daniel Hourdé, ce gentil monsieur qui nous avait invités à dîner chez lui dans une véritable caverne d’Ali Baba. Pas de chance. L’exposition doit être terminée depuis longtemps mais la chapelle est superbe et je crois bien que je ne la connaissais pas. J’ai le vague souvenir pourtant d’y être venu voir une exposition mais de quoi et de qui ? Elle m’avait semblé petite ce qui n’est pas le cas. Vide comme aujourd’hui, elle est impressionnante. Il est interdit de photographier à l’intérieur.

Ça se gâte avec la traversée de l’hôpital de la Salpêtrière où je n’ai jamais travaillé ; on dirait les allées d’un cimetière.

Puis les quartiers modernes et inhumains autour de la Bibliothèque François Mitterrand que je remercie chaleureusement de m’avoir permis de faire au moins une photo assez chouette. Tant pis pour madame H. ! Je l’ai intitulée : les Vœux 2020 de l’amère de Paris.

Vous l’avez deviné, je ne partage pas ses goûts en matière d’urbanisation qu’elle a imposés à Paris. Ceux qui en souffrent le plus sont les hommes et les femmes obligés d’y travailler et souvent avec un véhicule. D’où mon profond ressentiment. C’est devenu un enfer de circuler en voiture. Certaines transformations sont absurdes comme celle d’avoir condamné la voie réservée aux transports en commun sur la rive gauche depuis le Pont Saint Michel jusqu’à celui de la Concorde. Mais pourquoi en avoir fait une piste cyclable alors qu’il en existait déjà une sur l’ancienne voie express de la rive droite exactement en face ? Désormais les bus y sont immobilisés dans un embouteillage monstre et quotidien. Je ne suis pas opposé à la réduction de la circulation automobile sauf que pour le moment il n’y a aucune réduction de la pollution à cause de l’augmentation des embouteillages. Il faudrait proposer des alternatives de circulation acceptables et dignes. Obliger des gens qui travaillent à se tasser comme des animaux dans des wagons de métro surchargés aux heures de pointe est scandaleux. Devrait-on aussi obliger les personnes âgées et/ou malades à prendre des vélos ou des trottinettes ?

 Il y a dans Paris une augmentation vertigineuse des interdits et des contraintes mais je n’ai encore jamais, mais alors jamais, vu un quelconque policier arrêter les contrevenants en voiture, en vélo ou en trottinette et leur infliger une amende. Alors, à quoi donc servent ces restrictions s‘il n’y a pas de sanctions ? Etre chauffeur de taxis circulant entre vélos et trottinettes tout permis est devenu un sacerdoce.

Je pense aussi que ceux qui endurent les difficultés de circulation croissantes ne votent pas à Paris. La majorité d’entre eux y vient chaque jour de la banlieue. Madame H. fait une ville pour les jeunes qui n’y habitent pas non plus et les touristes. Oubliés les travailleurs actifs et les personnes âgées ! C’est scandaleux.

Je me répète, je le sais, mais ma colère ne fait que croître … ! Et je n’ai pas parlé de l’anarchie due aux cyclistes et aux trottinettistes abandonnant leurs engins n’importe où par terre et circulant trop vite sans respecter le moindre code de la route ou de la convivialité. Ils auraient tort de se priver puisqu’ils ne risquent aucune sanction. Aucune information officielle non plus sur le nombre de piétons renversés. Et encore moins sur le nombre de morts. La France était le pays de la Liberté, elle est devenue le pays de la Permissivité.

Il est indéniable que la ville que je photographie depuis trente ans s’est enlaidie. Les quais se sont transformés en une voie sale, parsemée de guinguettes indigentes et de poubelles, peinte par endroit avec des couleurs ringardes et débordant souvent d’ordures. Je peux le prouver parce que j’ai fait des photos. La pire ayant été prise sous le Louvre entre le Pont des Arts et le Pont Neuf.

         L’état des quais ne s’arrange pas, loin s’en faut. Dans le passé je m’étais insurgé (entre autres) contre leur manque de propreté. A croire qu’on m’aura entendu à la Mairie de Paris. Je découvre avec stupeur ce matin une poubelle en plastique transparent installée tous les dix mètres devant le Pont Marie et l’île Saint Louis des poètes … Je suis atterré. Et dire que ce lieu a été classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Certains doivent le regretter amèrement aujourd’hui …

Bulletin Officiel de la Mairie de Paris en date du 1 er octobre 2018
Les rives de Seine, patrimoine mondial de l’UNESCO

Mis à jour le 1er octobre 2018

Action municipale

Une plaque a été dévoilée le 15 septembre 2018 sur les rives de Seine : elle rappelle l’inscription du site au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

C’est un symbole fort pour les rives. Anne Hidalgo, maire de Paris, et Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, ont dévoilé le 15 septembre une plaque sur les rives de Seine, sur le quai bas de la Mégisserie : elle rappelle que ce site exceptionnel est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991. Six autres plaques vont être également installées le long du fleuve.

L’UNESCO revient notamment sur « l’authenticité » du site. « L’intégrité urbaine et visuelle du site (grandes perspectives depuis les rives) » est notamment « vulnérable aux pressions du développement immobilier, à la circulation automobile », et « nécessite un contrôle rigoureux pour maintenir intacte sa valeur universelle exceptionnelle ».

L’organisation donne également un avis très clair sur la piétonisation engagée depuis plusieurs années : « La suppression définitive de la circulation automobile sur les quais bas (…) depuis 2014 sur la rive gauche et 2016 sur la rive droite, dans le cadre de l’aménagement des berges de la Seine, contribue à préserver son authenticité et son intégrité. »

 On croit rêver !

Mais non, ce n’est qu’un cauchemar …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *