OCCUPIED – Critique aisée n°197

Critique aisée n°197

OCCUPIED
Série norvégienne
Erik Skjoldbjærg, Karianne Lund, Jo Nesbø

La Norvège, vous connaissez ? Moi, je n’y ai jamais mis les pieds. Tout ce que je savais d’elle avant d’aller consulter Wikipedia, c’est que c’est collé contre la Suède tout au nord de l’Europe, que c’est couvert de neige et de fjords, qu’il n’y a pas beaucoup d’habitants et que quand on les entend discuter entre eux, on dirait qu’ils parlent à l’envers. Je croyais savoir aussi que les Norvégiens qui, il y a quarante ans, se nourrissaient exclusivement de saumons fumés et de ragout de rennes, vivent aujourd’hui de pétrole et de gaz naturel comme le premier émir arabe venu. On m’avait dit aussi, mais ça il ne faut pas le répéter, que les Suédois racontent sur les Norvégiens les histoires que les Français racontent sur les Belges. Mais ça, c’était avant qu’ils ne deviennent les rois du pétrole. Bref, je ne savais pas grand-chose sur la Norvège, mais ça ne me préoccupait pas plus que ça.

Et puis, il y a eu OCCUPIED.

OCCUPIED, c’est une série Netflix et norvégienne dans laquelle je me suis imprudemment lancé. Alors, j’ai voulu en savoir davantage sur le pays. Et voilà :
La Norvège, 380.000 km2, ça fait à peu près les quatre cinquièmes de la France.
Il y a cinq millions d’habitants — 7% de la population française — et ils ont par tête de Norvégien le septième PIB mondial (la France a le 29ème). Pas mal, non ? Ça leur permet de vivre dans le froid, confortablement.
Ils ont un roi, mais discret, car on n’entend jamais parler de lui ni de sa famille.
En ce qui concerne les frontières, pour ce qui est de la Suède, je savais. Je me doutais bien aussi un peu pour la Finlande. Mais pour la Russie, je ne savais pas du tout. Ils ont une frontière commune avec la Russie. Quand j’ai appris ça, ça m’a épaté. Je suis allé vérifier : c’est vrai ; un tout petit bout de frontière, une centaine de kilomètres en haut à droite de l’écran. Ce n’est pas bien long pour une frontière, mais quand il s’agit de la Russie, le moindre kilomètres prend de l’importance.

Tiens, justement, la Russie…
17.000.000 km2, le pays le plus étendue au monde
147.000.000 habitants
Le 59 eme PIB par habitant,
La Russie, son histoire récente, sa conception de la démocratie, de la justice et des affaires, son respect des souverainetés nationales, ses services d’espionnage, ses danses folkloriques…

Et maintenant, OCCUPIED.

La série est norvégienne, mais ARTE est dans le coup. Elle en est à sa quatrième saison et remporte un franc succès, au grand dam des Russes d’ailleurs. Ils considèrent qu’OCCUPIED donne une mauvais image de leur pays. Comme si il avait besoin de ça ! Vous verrez par la suite que, sur ce point, l’Europe serait bien en droit de protester elle aussi.

Le point de départ, c’est que la Norvège, sous la direction d’un gouvernement écologiste, décide d’arrêter d’un seul coup sa production de pétrole et de gaz naturel, promettant de la remplacer très prochainement par une production d’énergie nucléaire propre à partir de Thorium. Le gouvernement norvégien espère ainsi donner l’exemple à l’Europe et l’inciter à faire sa grande transition énergétique.

Oui, mais voilà, l’Europe n’est pas prête, et avec son accord, la Russie envoie ses troupes occuper toutes les grandes installations pétrolières et gazières de Norvège pour maintenir leur production. Les protestations du gouvernement norvégien et ses appels à l’Europe et même aux USA  demeurent  sans effet, et au fur et à mesure que la résistance norvégienne devient plus active, l’occupation du pays par l’armée russe devient plus sévère.

Je ne vous en dirai pas davantage sur l’histoire.

Cette série est tout d’abord surprenant par son originalité : une fiction montrant l’occupation d’un pays démocratique et européen par la Russie, c’est quand même osé, non ? Ah oui, c’est vrai, il y a eu l’Ukraine, j’oubliais…

Cette série est également remarquable par son scénario. En fait rien n’arrive de ce qui est prévu, et par là je ne veux pas dire que les prévisions des héros, leurs plans, leurs machinations, leurs espoirs sont déçus, non, ce que je veux dire c’est que ce que le spectateur prévoit n’arrive pas.

Et non seulement ce que vous prévoyez n’arrive pas, mais les personnages ne sont pas ce que croyiez qu’ils étaient ; non pas qu’ils aient caché leur véritable personnalité jusqu’à ce que la situation les oblige à se révéler, non. En fait les personnages évoluent et se transforment, quelques fois radicalement, sous la simple pression des évènements, et cette évolution est passionnante à suivre. Ceci n’est rendu possible que par une absence remarquable de manichéisme, tant dans la peinture des personnages que des institutions.

La réalisation, les acteurs et les moyens mis à disposition sont à la hauteur de cette histoire.

Personnellement, j’ai eu du mal à ne pas enfiler les saisons les unes après les autres.
Avec OCCUPIED, je suis devenu très vite très occupé ; oui, je sais, c’est facile.

 

2 réflexions sur « OCCUPIED – Critique aisée n°197 »

  1. C’est amusant comme coïncidence. Voici un extrait de la lettre d’information de Fiorentino de ce matin :
    La Norvège est un paradoxe.
    Pionner de l’économie verte et notamment un des leaders de l’utilisation d’énergies renouvelables.
    Mais aussi, depuis 1969 et la découverte d’un gisement dans la mer du Nord, un des géants du pétrole.
    Plus de 50% des nouvelles voitures immatriculées sont électriques.
    Mais un nouveau gisement vient d’être découvert et pourrait rapporter plus de 100 milliards de $ à la Norvège sur les 50 prochaines années.
    Mais le fonds souverain de 1 100 milliards de $ va vendre toutes ses participations impliquées dans les énergies fossiles.
    Pas simple de sortir du pétrole quand son économie repose en grande partie sur le pétrole.

    Parfaitement en ligne avec le sujet de la série

  2. Je n’ai pas vu un seul épisode de Occupied. Peut-être prochainement. Toutefois, la Norvège a depuis longtemps capté mon attention. Je suis allé voir à quoi ce pays et sa population ressemblaient. Géographiquement c’est un pays fascinant, le genre d’environnement physique qui forme le caractère. Les Norvégiens sont très sympathiques et se caractérisent par une grande indépendance, ce qui les rend encore plus sympathiques. Leur longue histoire confirme bien cet esprit d’indépendance. Le pays a appartenu au Danemark, qui l’a refilé à la Suède, qui, il y a une centaine d’années ou un peu plus, a préféré donner l’indépendance aux Norvégiens pour avoir la paix. Ouf!

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