Le Mans 66 – Critique aisée n°182

Attention, ceci n’est pas le 3ème épisode du récit haletant que vous suivez depuis quelques jours « De La Flèche au Mans » !

Critique aisée n°182

Le Mans 66
James Mangold – 2019 – 152 minutes
Matt Damon, Christian Bale

Et voilà ! Cela fait cinq ans que vous lisez mes Critiques aisées (aujourd’hui, c’est la cent quatre-vingt deuxième ( fichtre ! )). A présent, vous connaissez parfaitement ma pondération, mon sens de la mesure, mon maniement de la litote, mon usage de l’implicite. Eh bien, aujourd’hui, c’est très explicitement, sans euphémisme ni hyperbole, que je vous dis : « Le Mans 66 ? Ça, c’est du cinéma ! ».

Ne vous y trompez pas, Le Mans 66 n’est pas un remake du film Le Mans de 1971 qui n’avait d’autre intérêt que de voir Steve McQueen réaliser au cinéma le rêve qu’il avait de courir véritablement les 24 heures au Mans. Contrairement à la plupart des films sur la course automobile (Grand prix, Le Mans, Jours de tonnerre, et même Cars 1, Cars 2, Cars 3) Le Mans 66 a un véritable scénario, des courses pas trop fréquentes mais spectaculaires, deux acteurs superbes, tout cela vous entrainant dans un état de fébrilité permanente.

Le scénario, c’est l’amitié naissante entre Caroll Shelby et Ken Miles, dans le cadre de la rivalité entre Ford et Ferrari. Pour la faire brève, Caroll Shelby, ancien vainqueur des 24 heures du Mans, est chargé par Henry Ford II de construire une voiture capable de battre Ferrari aux 24 heures du Mans. Shelby convainc Ken Miles, coureur automobile, génie de la mécanique et tête de mule, de l’aider à réaliser le monstre demandé et de le piloter.

Dans son scénario inspiré de la véritable lutte Ford/Ferrari, le film reste très classique : exaltation des amitiés viriles et des valeurs individuelles face au rouleau compresseur industriel, lutte des forts caractères contre les flagorneurs professionnels, évocation du dilemme de l’homme partagé entre sa passion et sa famille, etc… Tout y est, tellement que l’on pourrait croire à une histoire sortie de l’imagination d’un scénariste chevronné. Mais, tout est vrai.

L’émotion, qui a tant fait défaut à tant d’autres films d’action récents (Midway, Dunkerque, Ad Astra… ) est permanente, que ce soit avant, pendant ou après les courses. Ce presque miracle aujourd’hui tient essentiellement à deux éléments qu’on ne trouvait pas dans les trois films précités.  Tout d’abord, c’est l’absence, je dis bien l’absence d’effets spéciaux numériques. Enfin ! Ce sont de vraies voitures que l’on voit se poursuivre à 300 kilomètres heures dans la poussière, dans la nuit, sous la pluie. Pas de travelling numérique bidonné, pratiquement pas de travelling par drones, presque uniquement des caméras embarquées qui filment la route au ras du sol, le jeu des pieds du pilote sur les pédales ou son visage sur fond de paysage défilant à toute allure. Le deuxième élément, c’est la puissante incarnation de quelques personnages, en particulier de Ken Miles et d’Henry Ford II. Si l’interprétation de Caroll Shelby par Matt Damon est sans défaut, celle de Ken Miles par Christian Bale lui est supérieure. Il faut dire que le personnage se prête mieux à une performance d’acteur. Autre performance, plus courte, mais mémorable, celle d’Henry Ford II par Tracy Letts. On pourra se souvenir de la scène ou Shelby l’emmène faire un tour en GT40.

Voir ce film vous rappellera peut-être l’importance mondiale qu’avait à l’époque cette compétition hétéroclite où les monstres Ford et Ferrari couraient en bord à bord avec des Porsche du commerce un peu préparées, des FIAT 850 à peine transformées et des DB Panhard profilées. La télévision en noir et blanc consacrait des heures entières à la retransmission de l’épreuve. C’était le spectacle sportif de l’année. Ça ne l’est plus, sauf au cinéma. Quand vous irez voir le film, si vous avez oublié le palmarès de la course du Mans de 1966, n’allez pas le chercher sur Gougueule et ne comptez pas sur moi pour vous le rappeler. Mais même si vous connaissez la fin, et même si vous n’êtes pas un passionné de la course automobile, ce film a toutes chances de vous plaire.

Le Mans 66 dure deux heures et demi qui passent elles aussi  à toute vitesse. C’est un vrai plaisir de cinéma, spectaculaire, honnête et professionnel.

3 réflexions sur « Le Mans 66 – Critique aisée n°182 »

  1. « Les 24 Heures du Mans » est de loin la plus belle course automobile du monde parce qu’elle est unique, historique, romantique, parfois dramatique (1955, des dizaines de morts), bien française, etc. J’y suis allé plusieurs fois à la belle époque. Le nec plus ultra était de passer les 24 heures sur place, dormir une heure ou deux dans une tente, car c’était la nuit et surtout au petit matin que la course était la plus passionnante, après les pannes de la nuit pour certains concurrents. Cette course était bien plus passionnante qu’une course de Formule 1 à cause de sa durée et du suspense. Rien n’était joué jusqu’à la fin car les pannes de dernières minutes pouvaient tout remettre en cause. Quel plaisir de voir, entendre et sentir les bolides entrer dans la ligne droite des Hunaudières dont certains pouvaient atteindre des vitesses folles autour de 400 kms/heure. Les années 50 étaient les meilleures car il y avait encore les Jaguar, les Aston Martin, et quelques autres d’amateurs, puis ce fut le règne des Ferrari au début des années 60, jusqu’à celui, éphémère, des Ford justement à partir de 1966 (je n’y étais pas, mais j’irai voir le film sur la recommendation dubJDC), puis celui des Porshes, de nouveaux venus comme les Toyota. Oui! j’irai voir ce film car je ne suis pas retourné aux 24 H depuis 1966 ou 1967 car j’y étais pour la victoire d’une Ford, et j’ai envie de me remettre dans l’ambiance d’autrefois.

  2. Merci Philippe pour cette critique élogieuse
    Nous hésitions …
    Vous nous avez convaincus

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