Le Traître – Critique aisée n°177

Critique aisée n°177

 Le Traître

Marco Bellocchio – 2019 – 2h25min
Pierfrancesco Favino.

« Ne dites pas Mafia ; la Mafia n’existe pas, c’est une invention des journalistes. »
Voilà la déclaration que fait Tommaso Buscetta au juge Falcone la première fois qu’il le rencontre.

Le film commence dans les années soixante avec une longue et belle scène de fête quelque part en Sicile. On pourrait se croire dans les premières minutes du Parrain de F.F.Coppola. Deux familles de la Cosa Nostra sont censées se réconcilier, les Corleone et les Bontate. Mais la guerre ne tarde pas à se déclarer et les Corleone commencent à éliminer un à un les membres de la famille Bontate. Pour se protéger lui et sa propre famille, Buscetta s’exile au Brésil où il ne tarde pas à devenir un roi de la drogue. Tandis qu’il y gagne le surnom de « Patron des deux mondes », la guerre de la mafia fait rage à Palerme, ses amis et même deux des fils d’un premier mariage de Buscetta se font assassiner. Arrêté au Brésil, puis extradé en Italie, incapable de se venger directement des Corleone, il décide de collaborer avec la justice pour devenir un « repenti », terme consacré pour devenir ce que les mafiosi appellent une balance ou plus simplement un traitre.

C’est l’histoire de ce massacre et de la démarche de Tommaso Buscetta qui le mènera jusqu’au Maxi-Procès de Palerme en 1986-1987.
Les qualités de ce film sont indéniables : les acteurs sont convaincants, la réalisation est précise, les quelques scènes d’action, toutes très brèves, sont souvent impressionnantes, tandis que les scènes du Maxi-Procès, absolument surréalistes, sont mémorables.

Mais, pour moi, et je pense aussi pour tous ceux qui, comme moi, aiment comprendre un peu ce qui se passe, le scénario pêche par sa confusion. C’est sans doute volontaire de la part de l’auteur qui ne cherche visiblement ni à raconter la carrière du repenti, ni les détails ni même les raisons de cette guerre des familles. Il m’a semblé que Bellocchio avait surtout voulu décrire l’étrange personnalité de Tommaso Buscetta. Il est un véritable chef mafieux avec tout ce que cela comporte de crime et de drogue, mais il trahit la Cosa Nostra parce qu’elle-même a trahi son propre code d’honneur. Buscetta attend patiemment vingt ans que celui qu’on lui a désigné comme cible cesse de se protéger derrière son enfant pour exécuter son contrat. Mais il se lie presque d’amitié avec le juge Falcone, dont il admire l’intelligence et le courage.

Tout cela est bel et bon, mais à force d’entrevoir des ombres se faire tuer dans la pénombre par d’autres ombres, on est un peu perdu, d’autant plus que toutes ces ombres, victime ou bourreau, portent des noms qui pour la plupart se ressemblent furieusement.  Un fil conducteur un peu plus visible aurait été le bienvenu. Et si la coupure de quelques scènes un peu trop répétitives avait pu être faite pour ramener le film à une durée raisonnable, disons à une centaine de minutes, ce n’aurait pas été plus mal.

3 réflexions sur « Le Traître – Critique aisée n°177 »

  1. C’est noté. Donnie brasko, je connais (vu 3 ou 4 fois), les autres, pas.
    Merci pour ma modeste cinémathèque.

  2. Sur la Mafia, le Parrain bien sûr, mais aussi
    Les affranchis
    Nos funérailles
    Casino
    Donnie Brasko

    Et aussi la série « Les Sopranos »

  3. Je suis un inconditionnel du parrain. Alors je ne devrais pas tarder à aller le voir même si je confuse avec les patronymes étant donné mon grand âge.
    C’est curieux : je ne reconnais un type que si je connais son métier. Sinon, je le zappe. Cela arrive-t-il à quelqu’un d’ici ?

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