Rature et littérature

Morceau choisi

La première qualité du style, c’est la clarté. (…)
Alcimadas a ce défaut. (…) Il ne se contente pas de dire la “sueur”, il ajoute : l’humide sueur. Il ne dit pas “les jeux de l’Isthme”, mais “la solennité des jeux de l’Isthme”. Dire “les lois” serait trop peu pour lui ; il ajoute : les lois, reines de états. (…) Jamais il ne dira “le chagrin”, mais : le triste chagrin de l’esprit. (…) S’il faut dire : il cacha telle chose sous des branches d’arbres ; il ajoute : sous des branches d’arbres de la forêt.
Aristote

L’art n’est pas d’aligner des mots, mais d’en enlever.
Paul Morand

La règle, c’est qu’il faut laisser refroidir son premier jet, jusqu’à ce que le texte vous en redevienne étranger. On reprend ensuite ses phrases ; on rature, on biffe, on allège, on résume, on essaye de concentrer sa pensée dans le moins de mots possibles. La page est-elle noire, recopiez-là, c’est l’essentiel. Une fois recopiée, elle vous paraîtra tout autre. […]   Recommencez le même travail.
Antoine Albalat

Où la pensée s’affermit, l’épithète se raréfie.
Maurice Chapelan

Vous avez compris ?
Si vous écrivez, soyez bref ! Mais sachez que ça prend un temps fou !

Bientôt publié

13 Juil, 7 h 47 min Echecs
14 Juil, 7 h 47 min BONJOUR, PHILIPPINES ! – 9 – RETOUR AU CHALET
15 Juil, 7 h 47 min Toutes les mêmes

6 réflexions sur « Rature et littérature »

  1. La bonne littérature est une littérature entièrement raturée. Mais non remboursée.

  2. Les Hespérides quoi, une résidence partagée au taux d’immortalité garantie.

  3. Un homme en habit vert? Peut-être un immortel venu reconnaître la résidence qu’il espère pour ses vieux jours en haut de la rue Soufflot.

  4. Pour illustrer le propos, voici un extrait de texte banal, déjà publié, en deux versions : la première avec et la deuxième sans :

    « Un homme en habit vert à gilet jaune rayé d’argent descend lentement la rue Soufflot. Un téléphone collé à la joue, il pousse devant lui une petite poubelle métallique à roulettes dans laquelle est planté un balai à poils verts. A la terrasse du Comptoir du Panthéon, un garçon de café, pantalon noir, tablier noir sur chemise blanche et gilet noir, pouces dans les poches du gilet, plateau argent et serviette blanche sous le bras, le regarde passer. Il échange une plaisanterie avec un client et ricane. »

    « Un homme en habit vert descend la rue Soufflot. Un téléphone collé à la joue, il pousse devant lui une poubelle à roulettes dans laquelle est planté un balai. A la terrasse du Comptoir du Panthéon, un garçon de café, les pouces dans les poches de son gilet, plateau et serviette sous le bras, le regarde passer. Il échange une plaisanterie avec un client et ricane. »

  5. Bref! Raturez, disqualifiez les abjects adjectifs qualificatifs, éliminez ces adventices que sont les adverbes, ces mauvaises herbes du verbe, si vous êtes mordu par un chien qu’est-ce que ça peut vous faire qu’il soit noir ou blanc, hein?

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