6 réflexions sur « Tourisme »

  1. Même si les détours sont différents, il me semble que l’on est bien d’accord sur la vanité du vouloir. Terme dont tu avais, toi-même, fait usage et que je reprenais temporairement pour rester dans le ton que tu avais instauré dans ta contre contre critique. Et quand j’emploie (un coût pour les capitalistes, une ressource pour le prolétariat-pour adopter ton ton socio-économique) le terme, ‘pouvoir,’ ce n’est pas dans le sens du pouvoir présidentiel (si tant est qu’une telle chose existe? pingouin ou canard boiteux!) mais dans le sens ‘être autorisé à…’ ou, pire, ‘être contraint à’ par notre humble condition humaine circonstanciée.

    Enfin, comme les termes que nous employons (utterances) ne sont pas polysémiques, comme le croyait Barthes et autres sémiologues – ce qui consisterait à leur accorder des vertus qu’ils n’ont pas -, mais ont autant de sens que leurs USAGERS, UTILISATEURS, LOCUTEURS s’imaginent qu’ils ont (et partagent leurs biais Baconiens avec les membres de leurs communautés d’interprétation) on peut pinailler ad nauseam. Le problème étant de se trouver une communauté d’interprétation normative dans un univers hyper individualisé d’anarchistes tragi-comiques.

  2. Tu m’as récemment adressé un commentaire sur une réponse que je t’avais faite à un commentaire précédent. Sans négliger la qualité des arguments développés dans le corps même du commentaire, j’ai trouvé cependant que la partie la plus intéressante se trouvait dans le Post Scriptum. On n’a que trop tendance à négliger les P.S. et leurs cousins et cousines, addenda, codicilles et notes de bas de page. J’ai d’ailleurs entrepris la rédaction d’une encyclopédie qui leur sera entièrement consacrée.

    Ton P.S. commence donc ainsi:

    Si j’ai utilisé le verbe vouloir…

    Cette entrée en matière paraît bien présomptueuse et pour éviter des qui pro quo regrettables et ultérieurs, il convient de l’analyser sur le plan sémantique et philosophique.
    Si j’ai utilisé...
    « Utiliser », quel mot ambigü, lourdement chargé de sens et de sous-entendus. Utiliser, manipuler, détourner, user, usage… Tout cela donne à réfléchir (to think). « L’usage n’est que le legs obligataire et obligatoire que nous ont laissé ceux qui voulaient que nous en usions comme eux » (Jean-Sébastien Mouche), don insidieux accordé au sein (que je ne saurais voir) de la glorieuse école de pensée (à sens) unique du capitalisme con-quérant. Ce que Mouche n’avait pas vu, c’est qu’ils ne nous l’ont pas laissé, ce legs (jambes), ils nous l’ont instillé jour après jour pendant notre insouciante jeunesse (careless youth), ou pire, injecté de force à travers l’épiderme dans les boites à bac, preuve de l’inadéquation du système d’Inéducation Nationale. On remarquera en passant que l’Education, la Gendarmerie et la Loterie portent le même nom de famille, ce qui prouve bien ce que je disais plus haut. Puisqu’il est maintenant démontré qu’utiliser c’est manipuler, et que manipuler, c’est déformer, alors, utiliser un verbe, c’est dire le contraire de ce que l’on voulait dire (Cf. Walrus Carpenter et Pericoloso Sporghersi)
    Si j’ai utilisé le verbe….
    Utiliser un verbe ! Peut-on utiliser un verbe? A-t-on le droit d’utiliser un verbe? Et d’abord, qu’est-ce qu’un verbe ?
    Ce mot (mais après tout qu’est-ce qu’un mot ? Bon, on verra ça plus tard) est tout d’abord éminemment suspect car éminemment biblique et donc réservé aux riches et aux judéo-chrétiens, car même la Bible dit que le Verbe s’est fait cher.
    Biblique, suspect, et de CSP supérieure, à l’instar de la parole, le verbe doit donc être coupé, sous le pied de préférence. ( to cut the verb under the foot)
    Si j’ai utilisé le verbe vouloir…
    Tout d’abord vouloir est un verbe, et nous savons maintenant ce qu’il faut penser de cette catégorie de mots. Mais passons. Vouloir ! Veut-on vouloir ? Peut-on même vouloir ?
    Dans son traité sur la communication qu’il avait audacieusement intitulé « Il n’y a pas d’abonné au numéro que vous avez demandé« , Alfredo La Coda y Los Dos Orejas avait prouvé que non.
    On ne peut donc vouloir. On ne peut qu’être poussé par son instinct, son éducation ou son oncle Jean à souhaiter réaliser de vagues désirs qui ne sont en fait que le reflet du legs mentionné plus haut. Montaigne ne disait pas autre chose quand il déclarait à La Boétie: « Tiens, je reprendrais bien un demi. » Ce qui n’empêchait pas l’autre de lui répondre: « Oui, mais voilà ! On est mercredi ! »
    Donc vouloir n’existe pas. On s’en doutait depuis quelques temps grâce à la théorie soutenue par Hifiou-Kantlik Zem. On en est maintenant certain et ce depuis que sa sœur, Johine Zem, l’a définitivement établie avec son magistral « Vouloir, c’est pouvoir« .
    Le vouloir n’existe donc pas, c’est le pouvoir qui existe. Mais le « pouvoir » sans le « vouloir », c’est François Hollande, et Francois Hollande, c’est la fin des haricots.
    Fin des haricots.

  3. Effectivement, le sens des choses vues et des textes lus réside dans la tête et les tripes (hearts and minds) de celui ou de celle qui les prend en compte. Mais si le photographe saisit bien ce qu’il VEUT montrer avec son appareil, pourquoi l’observateur de la photo ainsi produite n’aurait-il pas le droit de dire aussi ce qu’il VEUT quand il est confronté à cette image, ce texte ou ce propos? Sans oublier, bien sûr, que chacun n’est qu’un sept milliardième d’humanité!

    En attente des six milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix huit (7.999.999.998) autres avis; que nos VOLONTÉS soient faites sur la terre comme aux cieux!

    PS. Si j’ai utilisé le verbe vouloir… c’est pour rester dans le ton de ta contre-critique. Je ne crois pas que l’on voit ce que l’on veut mais ce que l’on peut, compte tenu de nos limites (retour à F. Bacon) biologiques (fluidité cérébrale, acuité des sens, limites des champs perçus, etc.) socio-culturelles (langue d’usage, valeurs religio-philosophico-idéologiques qui nous ont été inculquées en bas âge par les personnes les plus significatives de nos réseaux de coerséduction, etc.), professionnelles (paradigmes dominants lorsque nous entrons dans la carrière) et circonstances aggravantes sou atténuantes du moment où nous prenons un objet, un texte, une personne en compte. Certes, nos capacités d’auto-critique, d’auto réflexion (‘self-reflexivity’ d’A. Giddens, d’U. Beck, ou ‘Telesitism’ de Thayer ou encore de ‘falsification’ à la Popper) ou d’auto-psychanalyse, etc. peuvent dégager notre chemin des autorisations préalables fournies par les acteurs significatifs de notre milieu d’existence pour laisser passer un semblant de volonté ou de responsabilité personnelle.
    Mais quel travail sur soi?
    S’y livrer donnerait un emploi à vie à sept milliards de chômeurs!

  4. « La plupart des grands photographes « prennent » des personnages plus puissants, plus riches, plus esthétiques qu’eux. »

    Tu parles sans doute des photographes de portraits, portraits officiels ou portraits pour press-book, portraits commandés, portraits flatteurs, travaillés, éclairés, recadrés. Certains sont uniquement commerciaux, d’autres pas mal, certains très beaux, cela dépend de la « grandeur » du photographe et un peu de celle du sujet.

    « Si, d’aventure, leurs « cibles » étaient moins bien nanties qu’eux, le contexte ou la qualité du grain, souligne quelque part la malchance de la cible qui fait ressortir la compassion, voire la provocation, l’appel à la mutinerie de l’artiste. »

    Mais, au contraire, la plupart des « grands » photographes prennent ce qu’ils voient, des paysages, des foules, des personnages, des animaux, des ponts, des forêts, la lune, une usine, et tous n’y mettent pas un sens politique, mais la plupart y mettent un sens artistique, ce qui n’est déjà pas si mal.

    « Est-il bien nécessaire, voire astucieux, d’abaisser le niveau de comparaison esthético-social quand on a tout? »

    Je ne suis pas un « grand » photographe et, dans mes photos, je vois ce que je veux et je mets ce que je veux. Que toi, tu y vois quelque chose d’abaissant est ton problème.
    Comme tu le dis sans cesse, le sens du message est déjà chez celui qui le reçoit.
    En dernier lieu, à quel titre le fait de « tout avoir » devrait-il orienter le sens de mes photos, à supposer qu’elles en ait un ?

  5. La plupart des grands photographes « prennent » des personnages plus puissants, plus riches, plus esthétiques qu’eux. Si, d’aventure, leurs « cibles » étaient moins bien nanties qu’eux, le contexte ou la qualité du grain, souligne quelque part la malchance de la cible qui fait ressortir la compassion, voire la provocation, l’appel à la mutinerie de l’artiste.

    Est-il bien nécessaire, voire astucieux, d’abaisser le niveau de comparaison esthético-social quand on a tout?

  6. Intéressante photo… mais petit rappel à titre amical (car j’ai eu le problème sur mon blog): à partir de vingt personnes, c’est une « foule », donc plus besoin de faire signer un droit de reproduction de leur image, mais en-deça, chacun (pas seulement le sujet principal) doit en signer un. Et là… il y en a dix-sept.
    C’est la contestation de ce fait qui a mené au procès contre Doisneau, par les deux personnes que l’on voit s’embrasser sur cette très célèbre photo. Ils réclamaient des sous (vu que la photo génère un argent fou, entre mugs, tee-shirts, posters… ) mais Doisneau a pu prouver que le droit d’image avait été signé.

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