Mes rencontres du troisième type

Selon la classification de Hyneck, on désigne sous le nom de rencontres du troisième type celles au cours desquelles le témoin voit un ovni et ses occupants, ou seulement les occupants d’un ovni sans ce dernier.

 *

Un matin, à Ramatuelle, sur le chemin des douaniers qui fait le tour du Cap du Pinet, désert à cette heure, j’ai rencontré Brigitte Bardot. Elle était accompagnée par cinq ou six chiens de races hétéroclites et incertaines. Moi, j’étais seul avec mon Labrador à pedigree certifié. Nous ne nous sommes pas salués.

*

Un autre jour, j’ai rencontré un inspecteur de la Brigade de Recherche et d’Intervention. Il m’a raconté qu’au cours d’une tentative d’arrestation de Jacques Mesrine menée sous les ordres du Commissaire Broussard, une balle du gangster avait traversé son blouson en cuir de chez MacDouglas. L’Administration avait refusé de lui rembourser le vêtement, arguant du fait que ce n’était pas une tenue de travail adaptée à une arrestation risquée. Quelques mois plus tard, avec son blouson rapiécé, mon inspecteur participait Porte de Clignancourt à l’élimination définitive de l’ennemi public n°1 de l’époque. Lui-même s’en était tiré sans une égratignure, alors que Mesrine, non. Il y a une justice, quand même.

*

Une nuit, en Amérique, dans le salon Air France d’un aéroport, je me suis assis en face de l’acteur Dany Glover. Il ne m’a pas reconnu.

*

Peu de temps après, rue des Francs-Bourgeois, j’ai croisé Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Je ne les ai pas reconnus non plus.

*

Bien avant que je ne la rencontre sur le chemin des douaniers, j’avais déjà eu l’occasion d’apercevoir Brigitte Bardot. C’était par un matin de septembre. Le soleil venait de se lever en arrière-plan d’un Riva qui glissait doucement en contre-jour vers la côte, tandis qu’un couple, debout derrière le pare-brise, attendait que le bateau atteigne la plage de Pampelonne. La femme portait un pantalon de cuir noir et une large chemise blanche à jabot. Par-dessus un smoking noir, l’homme portait une cape noire à doublure rouge flottant au léger vent de la course. Dissimulé derrière les ajoncs qui bordaient la plage, je reconnus immédiatement Brigitte et son amant de l’époque. La beauté de cette femme, l’élégance de l’homme qui l’accompagnait, le calme de la mer dans le petit-jour, le luxueux ronronnement feutré du huit-cylindres au ralenti, le tableau était parfait, splendide, émouvant tellement c’était beau. Je crois bien que j’écrasai une larme. Quand la proue heurta enfin le sable, j’entendis une voix masculine qui disait : « Putain de bordel de merde, j’ai failli me casser la gueule ! « 

*

La première fois que j’ai rencontré Kristin Scott-Thomas, c’était dans l’ascenseur. À l’époque, elle et moi, nous habitions le même immeuble. Impressionné par sa célébrité naissante, subjugué par son charme, j’osais à peine lui parler et tout ce que j’appris d’elle ce jour-là, c’est qu’elle habitait au troisième étage. Je n’en appris pas davantage quand je la rencontrai à nouveau le surlendemain. Mais quand l’occasion suivante se présenta, j’étais prêt et, tout en lui maintenant ouverte la porte de l’ascenseur , je lui dis élégamment :
—Quel beau rôle que celui de la productrice de télévision dans le film Un jour sans fin.
—Tout à fait d’accord avec vous, me répondit-elle avec un gentil sourire, et je trouve qu’Andie MacDowell l’a parfaitement interprété. »
Au moins, nous avions engagé la conversation.

*

Un jour, je fus invité par le Prince Rainier à chasser sur les terres de son château de Marchais. Son épouse, la princesse Grace, et sa fille cadette, la princesse Stéphanie qui avait alors onze ans, nous accompagnèrent toute la matinée et déjeunèrent ensuite avec nous. Je me rappelle que ce jour-là, je tuai trois faisans et qu’à table, je repris deux fois de la blanquette.

Nouvelles du jour 

De Santiago du Chili :
Contrairement à ce qui a été annoncé, ce n’est pas la pharmacie Lopez, mais la pharmacie Gomez qui sera de garde dimanche prochain.

***

4 réflexions sur « Mes rencontres du troisième type »

  1. Oh mais, j’oubliais ! J’ai un peu connu le prince de Danemark, comte de Montpezat, ainsi que la reine sa future épouse. Et pour cause : j’ai participé, tout jeune homme, à la restauration de son château de Caïx, dans le Lot. J’ai sculpté dans la pierre du Lot pour l’occasion le nouveau blason de la famille Montpezat qui mêlait ses armes à celles de la famille de Danemark.
    Je crois que par la suite, il n’a pas été beau joueur : il acceptait mal de n’être que le deuxième après son épouse. Il était issu d’une famille totalement ruinée, certes beau garçon à l’époque et bien titré, mais tout de même, de là à se vouloir Roi de Danemark…

  2. L’an dernier, j’étais assis début d’ap.m sur un banc public de la Place d’Iéna, dans l’attente de l’ouverture de l’ Ambassade du Congo RDC toute proche, afin d’y récupérer mon Visa, quand, soudain, j’entends un pépiement de voix enfantines et une voix féminine: « Les enfants, n’embêtez pas X avec son pistolet ».
    Stupeur et stupéfaction, je me retourne et je vois un gaillard barbu à lunettes noires, vêtu d’un manteau noir négligemment ouvert.
    A côté, une grande dame élégamment mais simplement habillée.
    Je crois la reconnaître: « Vous n’êtes pas Madame Carla Bruni-Sarkozy ? »
    « Oui, c’est moi ! » et elle enlève ses lunettes.
    Pas le temps d’échanger nos numéros qu’elle repart déjà avec les gamins, de sa démarche de mannequin aguerrie.
    Julia devait faire partie de la bande.
    Direction la piscine, j’ai imaginé.

  3. Un jour, sans même me déplacer, j’ai aussi rencontré Brigitte Bardot : elle avait acheté une fermette à rénover dans le coin. Elle devait se voir comme une nouvelle fermière. Très intéressée en apparence, elle me fit part de quelques souhaits qu’elle désirait voir réalisés (surtout des poutres apparentes, comme par hasard, et qu’elle devait considérer comme l’acmé de la rusticité. Elle en aurait mis partout, même en travers de la porte).
    Puis elle s’évapora et n’y revint plus jamais.
    C’est son homme d’affaires ou assimilé qui fit mener à terme les travaux, puis qui revendit aussitôt.
    Avant-hier, ma belle-soeur adorée a rencontré François Hollande au stand des produits d’Occitanie je ne sais où à Paris, en bords de Seine.
    Voilà voilà.
    Ah oui… J’ai aussi rencontré, dans les mêmes conditions ou à peu près que la Brigitte, une chanteuse dénommée Betty Mars. Qui buvait pas mal de shnaps. Dont je n’ai plus entendu parler.
    C’est tout.
    Ah oui, et aussi : un jour je suis « monté » à Paris à la demande d’un architecte « branché » chargé de restaurer un manoir du coin, qui me prit en amitié pour une raison que j’ignore et qui m’avait donné rendez-vous dans un bar en compagnie de pas mal de ses connaissances ou clients. A mon arrivée, j’ai surpris cette réflexion qu’il disait à ses amis : « Ah ! Voilà mon petit maçon de province ». C’est je crois le mot « petit » qui m’a un peu énervé car je l’aurais soulevé d’une seule main.
    Drôle de faune. J’ai toujours bien aimé les parisiens, mais certains m’ont laissé dans un état abyssal de perplexité.

  4. Rue des Francs-Bourgeois on rencontre beaucoup de gens biens. C’est tout de même un nom préférable à Rue des Petits-Bourgeois où les rencontres sont sans intérêt. La franchise, vertu cardinale, vaut mieux que la petitesse! Quant à la Rue des Bourgeois-de-Calais on y rencontre que des pendus sacrificiels, ils sont tristes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *