Une réflexion sur « Information continue »

  1. Ces brèves citations me stimulent beaucoup, merci Philippe de t’être si bien informé des propos de Bernanos! Pour le modeste communicologue que je m’efforce d’être, il y a là tout un programme en 3 points.

    – 1) D’abord, le plus important, puisque c’est moi, et peut être toi, l’imbécile, le con, le niaiseux de destinataire-chercheur. Consolons nous! Nous avons tous parfois des fulgurances de clairvoyance, des éclairs de génie, des ‘brillant insights’ quoi! Mais la plupart du temps on est tous des cons!

    – 2) Ensuite, le fait d’être informé de tout.
    – S’informer c’est s’exposer volontairement à des propos (utterances).
    – Être informé c’est les recevoir par hasard (serendipity) ou malgré soi (overhearing, overseeing, etc.).
    On croit plus ou moins que ces infos ou propos (utterances) ont un quelconque rapport avec ce ‘tout’ qu’évoque Bernanos. On a la faiblesse de croire qu’ils expriment, représentent, illustrent, traduisent (on sait que traduire c’est trahir) ce ‘tout’ que le signifiant = le signifié.
    Pour les imbéciles indécrottables, les infos. reflètent plus ou moins à l’identique, ou, – de façon isomorphe, fidèle en tout point, le réel! Ainsi on constate en ouvrant la télé ou notre quotidien que tous les journalistes et tous les politiciens, bref tous ceux qui s’expriment en public condamnent les hallucinations, les fantasmes, les rêves des autres et cherchent à imposer la vraie réalité qui n’est que la synthèse plus ou moins bien articulée de leurs propres hallucinations. Hallucinations auxquelles, bien sûr, nous opposons les nôtres en décryptant de façon critique leurs propos, sachant très bien que la réalité c’est nous qui la détenons, brillants et perspicaces lecteurs que nous sommes tous!

    – 3) Enfin, le sort de tout spécimen humain qui est d’être condamné à ne rien comprendre! Bernanos aborde ici mon thème de prédilection, l’incompréhension, l’incommunicabilité.

    Mais n’est-ce pas bien ainsi? comme je le soutiens dans mon ouvrage en préparation!

    Évidemment, se pencher sur ce programme est encore plus pertinent dans ‘l’ère de l’information’ que du temps de Bernanos, celui de notre enfance en douce France.

    La plus grande imbécilité ou bêtise consiste à croire qu’il y a un lien entre l’info et ce sur quoi elle prétend porter. Qu’il y a un lien valide entre ce que nous ressentons, nous concevons, ce que nous nous représentons en nous et ce qui se passe autour de nous, dans le monde, que dis-je, dans l’univers!

    S’il y a un lien quelconque, il n’est pas entre le symbole et ce qu’il représente mais dans la capacité communicationnelle (par nos gestes, grimaces, élucubrations, etc.) à nous faire reconnaître, de nos pairs, des membres significatifs de nos réseaux de coerséduction (parents, amis, enseignants, amants, etc.) en usant des bons mots, des bons schémas, des bonnes photos, des bons montages ou collages, au bon moment, au bon endroit auprès des membres de nos réseaux de coerséduction que nous estimons le plus (ou qui sont les plus aptes à protéger notre emploi, réputation, vie affective, etc.)

    En bref, si Proust aime les madeleines c’est parce qu’il y retrouve la douceur de la complicité de l’entourage humain qu’était le sien dans son enfance. Et c’est pourquoi les plus fins gourmets ne font que rechercher sans les trouver les bons petits plats que leur cuisinaient amoureusement leurs parents. Les madeleines d’aujourd’hui ne sont pas celles du temps béni des colonies.

    Le sens est dans les rapports humains et non dans les rapports aux choses, ce dernier n’est évoqué en textes ou images que comme prétexte.

    Améliorer l’accès à l’info. comme on l’a fait ces dernières décennies s’avère avoir été une fausse piste puisque l’info. ne mène nulle part!

    Rebroussons donc chemin jusqu’au carrefour BERNANOS!

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