Une journée à la campagne (1)

img522Marie Clémentine Rispal était née en 1893. Mariée à Louis Rieuf, elle avait eu trois enfants : Maho, Paul, et Line. Line était la maman de Sophie.
Cette « Journée à la campagne » s’est passée aux environs de 1900, dans la ferme de l’oncle de Marie Clémentine à Carlat dans le Cantal.
 C’est elle qui raconte.

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Au petit jour, la voiture fraichement lavée nous attend devant la porte. Bichette, la fringante jument, piaffe déjà d’impatience de retrouver le pré d’herbe tendre qu’elle saccage à sa guise.

Mal réveillés, mon frère et moi retrouvons nos places habituelles sur les banquettes arrière de la lourde voiture.

Mon père attend près de Bichette que toute la famille soit installée, les paniers casés entre nos jambes. Baptiste, sur le siège avant, l’air hilare, sa blouse grise toute propre et raide d’empois, fera partie de la famille, toute la journée, lui le solitaire, lui aussi est heureux.

Chacun bien à sa place, mon père, avec une surprenante agilité, saute sur le siège, les rennes en main, tandis que Bichette, dans un long effort, ébranle la voiture.

Nous nous cramponnons aux barres de fer qui entourent le capitonnage.

Nous partons pour le pays de la joie, de l’espace, où l’on peut parler haut, rire et s’amuser sans contraintes.

La ville peu étendue à cette époque, nous sommes vite sur la route bordée de prés, de talus bleus de myosotis et de fleurs blanches. Lentement, le ciel devient plus clair derrière les montagnes. Malgré notre désir de jouir du paysage naturel, calme et frais, petit à petit le bruit des sabots de Bichette sur la route nous endort.

Habitués à n’être pas bruyants dans nos jeux, par crainte de gêner nos parents si soucieux, nous nous faisons des signes et des clins d’œil complices. Mais bientôt, abritée par le large dos de mon père, je sombre dans le sommeil.

A la dernière côte, avant le but de notre voyage, les voix de mon père et de Baptiste sont plus sonores et arrivent à me sortir de mon engourdissement.

L’odeur du cuir chaud et du cheval me remet dans l’ambiance du voyage.

Maman rectifie les positions de son chapeau, d’ailleurs peu dérangé, repasse de la main le col marin de mon frère, vérifie d’un coup d’œil sacs et paniers.

Voici enfin, au-dessus, de la route l’église où dansent à l’air libre les cloches aux silhouettes de demoiselles.

Quelques mètres plus loin, Bichette s’arrête sur un « Ho La » retentissant de mon père. De l’auberge sortent aussitôt le patron et les servantes qui s’affairent autour de la voiture. D’une voix forte, ils accueillent mon père dans cette langue dure et sonore de l’Auvergne.

Dès cet instant, il n’a plus de prénom, tous l’appellent « le cadet », ce que je trouve fort étrange et bien familier. Il est le second fils d’une nombreuse famille et, suivant la tradition a laissé le domaine à l’Ainé : il est « le cadet de Juzelle ». Mais le village ne l’oublie pas et son retour au pays est un évènement.

Tandis que Bichette est amenée par Baptiste dans les profondeurs de l’écurie fraîche et odorante, nous sommes réconfortés par un bon lait crémeux.

Nous attendons mon père qui serre des mains, dit un mot à chacun des hommes attablés devant des bouteilles, attendant la fin de la messe, la sortie de leur femme et de leurs filles.

Nous partons enfin pour les hauts plateaux où l’air est encore plus léger, plus frais. Les chemins entre les murs moussus des jardins du village résonnent d’aboiements des chiens qui nous signalent. Ce sont des saluts à la cantonade, des poignées par-dessus les haies.

Nous montons toujours, les jambes s’alourdissent. Je suis soulevée haut par des bras puissants et installée sur les épaules larges et secourables de Baptiste, mes deux mains posées sur sa tête ronde aux cheveux drus. Je domine le paysage, l’air est plus vif. La voix de mon frère me parvient de très bas. Je regrette qu’il ne soit pas près de moi, mais il fait partie du groupe des grands ; il trottine fièrement à côté d’eux.

A mi-chemin, une source cachée coule dans le mur ; une pierre creusée forme un minuscule bassin. Les gouttes d’eau scintillent sur des fines herbes et des fougères, alourdissant leurs vertes palmes dont l’extrémité plonge dans l’eau glaciale et limpide. Chacun de nous n’a droit qu’à une ration de la tasse d’argent que mon père plonge dans la source et distribue.

Réconfortés, rafraichis, reposés, nous repartons. Chacun prend sa charge de panier et de sac. Je retrouve mon siège élevé. Cette partie du trajet nous parait plus courte.

Nous arrivons à un espace qui a des airs de place de village avec son grand chêne plein d’oiseaux, mais le sol est couvert d’une herbe plus luisante et glissante. Des monts proches, le vent souffle.

La maison et les bâtiments de ferme barrent l’horizon vers la vallée. Les toits gris en pente descendent jusqu’au pré aux porcs. Aucune fenêtre de ce côté.

A l’angle de la maison, un guetteur disparait pour nous annoncer. Nous descendons le petit chemin et tournons à gauche. Sur la droite, une autre ferme, où l’on essaye d’oublier la présence de voisins, sans relations amicales.

Grand-mère nous attend sur le seuil de la porte, face au soleil. Grande, forte, habillée de noir, l’air sévère et bon à la fois, elle m’intimide. Sous son bonnet blanc, tuyauté de frais, je retrouve les yeux étonnants bleus et clairs de mon père, son visage halé et fripé, la mâchoire supérieure un peu avancée, où, seule, une grande dent me fascine.

Le buste bien serré dans ce qui fut autrefois le « babarel » bien garni, les jupons étagés et froncés autour de la taille lui donnent des rondeurs supplémentaires.

Mon père le premier l’embrasse. Tous deux émus s’examinent du même œil bleu scrutateur et inquiet. Grand-mère est fière de son cadet qui vit à la ville.

Puis vient le tour de Maman qui apprécie la délicatesse de cœur de sa belle-mère sous son aspect rugueux et brusque.

Mon frère et moi sommes embrassés et palpés par des mains vigoureuses. Le résultat de cet examen est que nous avons bien besoin de l’air vivifiant de Juzelle et de son bon lait qui nous donnent du poids et des couleurs.

A suivre.
La seconde partie sera publiée demain samedi 28 Février

9 réflexions sur « Une journée à la campagne (1) »

  1. Merci à tous les 2 Martine et Philippe, c’est bon de vous lire même si c’est pas simple tout ce que tu racontes Martine…mais quelles richesses!

  2. Bonjour Martine,
    Je suis absolument étonné, ébahi, soufflé par ce que tu arrives à mettre dans tes commentaires. On y sent une véritable envie d’écrire et un vrai don pour l’écriture. Il n’y a pas de doute, tu sais raconter et, au fil de tes commentaires, tu fais vraiment vivre au lecteur quelques moments de ta vie, les bons, les moins bons, les pires. C’est prenant. Le style est simple et direct et il n’y a ni emphases ni lieux communs.
    Tu as dit dans un de tes commentaires précédents que tu avais écrit ton enfance. Peut-être accepterais-tu de me l’envoyer ?
    Dans un autre commentaire, tu me demandes de parler un peu plus de ma famille. Depuis que tu t’es mise à lire les textes que je publie dans le JdC, tu as dû te rendre compte qu’en réalité, tout en racontant des petites histoires presque toujours véritables et souvent personnelles, je ne donne pratiquement pas de détails sur moi ou ma famille. En fait, je n’écris pas l’histoire de ma vie, ce ne sont pas les chapitres d’une autobiographie, mais plutôt des instants que j’ai trouvés drôles ou intéressants. J’y interviens le moins possible et, la plupart du temps, je reste observateur. Ce sont les pièces d’un puzzle, pas un tableau. Il faudra assembler les pièces pour en savoir plus. Mais ce n’est pas le but.
    Et puis, plus ça va, plus j’ai tendance à écrire de la fiction. Tu verras ça bientôt.

  3. J’ai oublié un petit détail dans toute cette liste,
    c’est que les seuls moments de plénitude que j’ai eu dans mon enfance c’est au catéchisme que je les ai trouvé et dans les retraites que l’on faisait pour les communions, je ne sais plus laquelle.
    Oui à cette époque là même si on n’allait jamais à l’église que pour les mariages ou les enterrements tous les enfants allés au catéchisme, c’était comme çà.
    Je reviens au mariage et à l’église de cette époque, ma pauvre cousine comme elle était enceinte n’a pas pu allée à l’église comme ma mère surement ou alors il ne fallait pas que çà se voit, c’était d’une hypocrisie !!!!!!!!
    Donc je reviens au catéchisme, c’était très agréable, on parlait que de l’amour que Dieu avait pour nous, on chantait des chansons merveilleuses que je ne connaissais pas, qui ne parlaient que d’amour, enfin tout était à l’eau de rose, tout était merveilleux.
    En dehors du catéchisme, mon frère ainé avec un de ses copains et moi, on passait voir le curé, au presbytère, la bonne du curé nous donnait toujours de grosses tartines de pain avec de la confiture, je ne sais pas, on devait faire très pauvre, elle avait pitié de nous ?
    On faisait la retraite pour la communion solennelle dans une superbe propriété donnée à l’église par un bienfaiteur, il y avait le curé, des bonnes sœurs, pleins de copains et copines, on goûtait, l’ambiance était tellement agréable que je me disais, tiens plus tard je voudrais être bonne sœur pour aider les gens, puisque nous personne nous aidait dans cette enfance tellement douloureuse.
    Peu de temps après ma communion solennelle il y a eu le grain de sable qui a enrayé la mécanique.
    Le curé m’a demandé de passer au presbytère pour récupérer les photos de ma communion solennelle.
    Ce n’était pas loin de la maison, Martine est partie dans une jolie robe, courte, j’avais 11, 12 ans, la poitrine qui commençait à pousser.
    Le curé m’a fait rentrer dans son bureau et a fermé la porte à clé derrière nous. Malgré que j’étais très naïve à cette époque là, c’est sur que maintenant les filles de 11, 12 ans le sont beaucoup moins qu’à notre époque, cela m’a très intrigué. Evidemment vous pouvez vous imaginer la suite, heureusement dans mon malheur il ne m’a pas violé, pourquoi? Cà aussi je ne saurais jamais !!!
    Alors la suite que vous attendez, il c’est assis sur le fauteuil m’a attiré vers lui, m’a fait asseoir sur ses genoux, m’a collé contre lui, c’est mis à me carrosser le dos, les cuisses en me disant, c’est tout le subtil de son intelligence, il me disait : « Considère moi comme ton père. » Enfin dans ma tête je me disais : « Mon père il ne me caresse pas comme cela, c’est pas normal. » J’ai vite compris où il voulait en venir et je me disais mon coco si tu me touches la culotte ou le sexe tu vas recevoir un bibelot sur la tronche, oui il y avait pour mon bonheur pleins de bibelots à porter de mains. Et bien il sait arrêter là, il a rouvert la porte du bureau, je suis repartie avec la photo de ma communion solennelle, je n’en ai jamais parlé à personne à l’époque, je pensais que personne n’allait me croire et je n’ai plus jamais remis les pieds dans l’église de mon village.
    J’ai appris beaucoup plus tard, qu’il sortait avec des femmes mariés, peut être avec des bonnes sœurs, peut être qu’il a fait des enfants qu’ils n’a pas reconnu bien sur, peut être qu’il a violé des gamines, on peut tout s’imaginer !!!
    Je m’étais dit qu’un jour adulte j’irais lui parler mais il est mort avant.
    J’en ai conclu que la bible a été écrite par les hommes pour les hommes comme dit Coluche : « Si c’est Dieu qui avait écris la bible çà se saurait. »
    Que le jour où le pape sera une femme c’est que l’église catholique aura évolué.
    Que depuis la nuit des temps les hommes se battent pour des idées religieuses et que je n’ai aucune religion.
    Que heureusement qu’il y a l’école et les livres qui nous ont sorti de l’obscurantisme.
    Je crois en l’âme, je crois que l’âme de Mickaël est toujours là quelle évolue dans une autre dimension.
    Je crois en la réincarnation, je pense que les âmes retournent dans un autre corps à la naissance d’un enfant et çà s’en fin, elles évoluent à chaque réincarnation.
    Je pense que j’étais un chat dans l’Egypte antique puisque je suis folle des chats et de l’Egypte des pharaons. Pourquoi pas ?

  4. Vous avez de la chance les Claveirole et Philippe d’avoir des souvenirs de vos grands-parents, moi je ne sais presque rien d’eux.
    Du côté de mon père Jacques, ces parents Catherine et Alexandre sont morts,
    j’étais jeune, sa maman en premier, un cancer je crois, j’étais très jeune et j’ai un peu de souvenirs de ce grand-père surtout des odeurs de chicorée dans sa maison tout près de chez nous qui a été démolie, il a été gemmeur et il travaillait à la ferme pour riche propriétaire qui lui louait ou prêter cette maison, ce grand-père avait un jardin à côté de chez lui, comme pratiquement tout le monde dans ce village a l’époque, j’ai des souvenirs de légumes, de fraises, de figues cueillis dans l’arbre, d’un magnifique châtaigné où je me régalais de ramasser les châtaignes et de les faire bouillir avec des feuilles de figuier et de les manger chaudes avec un morceau de beurre.
    Mon père n’avait qu’une sœur, plus âgée que lui, Alice, mariée à Alfred,(mais seul tante et oncle) ils n’ont eu qu’un fils, mon seul cousin,
    Serge marié à Bernadette, qui n’ont eu qu’une fille ,
    Carine, marié 2 fois avec 5 enfants!!!
    Mon père avait un frère plus jeune, Bernard qui est mort vers 20 ans en tombant d’un arbre, il était monté très haut, c’était un pari entre jeunes.
    Du côté de ma mère Nicole, fille unique, ses parents Renée et Pierre, des bordelais, on divorçait, elle était jeune, je ne sais pas exactement, cela a été terrible dans la famille, on s’imagine à l’époque!!!!Elle a été élevé par une grand-mère, je ne sais pas trop. Quand elle a rencontré mon père, elle vivait avec son père dans mon village natal où son père avait trouvé une place de comptable . Ils habitaient en face de la maison des parents de mon père. Ma mère c’est marié enceinte, évidemment, le grand drame de l’époque. Grâce au moyen de contraception la condition de la femme a bien changé depuis cette époque là!! Ma mère a perdu cet enfant, Josiane, à 9 mois d’une méningite et elle ne s’en est jamais remise. Cette sœur avait 5 ans de plus que moi, ils sont restés 5 ans sans faire d’enfants, après il y a eu Dominique en 1957, moi en 1958 et Alain en 1963.
    Quand ma mère a invité sa maman à son mariage, son papa ne l’a pas supporté, il est retourné vivre à Bordeaux et elle ne l’a jamais revu, donc nous ne l’avons jamais connu, il est mort et je ne l’ai jamais vu.
    Quand j’étais enceinte de Mickaël, je lui ai envoyé un petit mot pour lui dire qu’il allait être arrière grand-père et que j’aimerais le rencontrer, mais pour seule réponse il m’a envoyé une peluche avec un petit mot très court et pas plus.
    Quand à cette grand-mère Renée qui habitait Pau (elle c’est rapproché d’une nièce dont le mari était banquier et qui s’est occupé d’elle jusqu’à sa fin), je n’ai aucun souvenir d’elle petite, elle ne venait jamais à la maison et on allait jamais chez elle. Est-ce ma mère qui ne voulait pas la voir ou mon père qui ne voulait pas d’une divorcée, je ne sais pas. J’ai un seul souvenir jeune, où on était parti au bord de mer avec elle, je ne sais pas où et elle avait acheté un poulet cru et elle cherchait une boucherie pour le faire cuire. Maintenant je trouve cela ridicule autant acheter un poulet cuit mais peut-être qu’à l’époque il n’y avait pas de rôtisserie? Enfin je ne saurais jamais le fin mot de l’histoire!!!!!
    Plus tard j’ai le souvenir d’être allée chez elle 2 fois à Pau à ma demande je pense, j’avais 11, 12 ans, j’ai du prendre le train car je ne me vois pas en voiture avec mon père, les voyages forment la jeunesse! Et çà été 2 moments merveilleux pour moi, de voir cette grand-mère tellement différente de ma mère, elle m’a amené au restaurant avec sa nièce et la famille de sa nièce, je n’étais jamais allée au restaurant, en plus à Gourette, une station des Pyrénées, je n’étais jamais allé là-bas, de voir la montagne l’été, j’ai trouvé cela magnifique. Et j’ai fait la connaissance d’autres membres de sa famille que je n’avais jamais vu. C’était un milieu tellement différent du mien, cette nièce (qui ne voyait jamais ma mère, sa cousine!) qui ne travaillait pas mais mariée à un banquier, avec 2 enfants je crois, qui ne parlait que des études de son fils aîné,
    une éducation, des manières tellement différentes de ce que je vivais. Je ne parlais pas, j’étais trop timide, mais j’observais, mon père était ouvrier mécanicien dans mon village natal.
    Une autre fois il y avait pleins de monde autour d’une table et une femme vidait un poulet et elle avait l’air bien embêté, elle ne savait pas trop comment faire et cela l’a dégouté, je ne disais rien, j’étais trop timide, mais au fond de moi je rigolais bien car il avait bien longtemps que je savais ébouillanter, plumer, et vider un poulet, à la campagne tout le monde c’est le faire.
    Le grand-père avait des poules , des canards, comme ma tante et nous aussi et en plus on avait des pigeons, c’est moi qui m’occupait de toute ces bêtes dès que j’ai été en âge de le faire.
    Je me suis dit il y avait un autre univers sur terre, d’autres gens qui vivaient autrement que moi, normalement, cela aussi je le voyais avec les voisins.
    Quand j’étais enceinte, j’ai retrouvé cette cousine à Pau, j’ai pris rdv et je suis allée pour la dernière fois voir ma grand-mère avec elle, dans une maison de retraite à Pau, elle perdait la tête mais était aussi belle, et la cousine lui a dit : « C’est la fille de ta fille Nicole qui vient te voir. » Déjà qu’elle ne se rappelait plus de sa fille alors de sa petite fille qu’elle n’avait vu que 3 fois dans sa vie!!!! Mais j’ai été heureuse en me disant que je l’ai vu avant qu’elle ne parte, ce qui n’ai pas le cas de son ex-mari que je n’ai jamais vu, c’est quand même fou de se dire que tu as un grand-père à 90 km de chez toi, qui est mort , que tu n’as jamais vu même en photo et qui n’a jamais essayé de voir ces 3 petits enfants !!!
    Comme j’étais enceinte et heureuse de l’être, je n’ai pas ressenti le besoin de parler avec cette cousine (je ne sais pas comment on dit la cousine à ma mère pour moi c’est une cousine au ?). Et puis un jour j’ai ressenti le besoin de lui parler car je me suis dit qu’elle était âgée et je ne voudrais pas qu’elle parte sans savoir l’enfance que nous avons eu, j’en avais besoin, un soulagement, une petite vengeance! Donc il y a quelques année, c’est pas très vieux, je l’ai appelé et j’ai vidé mon sac, elle n’était au courant de rien, pas plus que ma grand-mère mais je n’ai aucunes explications quand à l’absence de notre grand-mère dans notre enfance? Il y a des sujets tabous et ces fameux secrets de famille !!!!!!!!
    Par contre je lui ai demandé des nouvelles de son fils aîné et il est archéologue, une de mes passions.
    Je ne sais pas si elle est toujours vivante, je pense que d’ici peu je vais passer un coup de fil.
    Je reviens à ma cousine Bernadette, elle aussi c’est marié enceinte (j’espère que vous avez suivi, je l’avais déjà dit!) et bien chose incroyable, elle aussi a perdu son premier enfant , comme ma mère, mais elle a la naissance, heureusement elle n’est pas devenue folle! Et je sais qu’elle aussi a perdu un de ses frères par suicide, il avait le trentaine, à cause d’une rupture amoureuse.
    Mon cousin Serge avec sa femme a vécu de nombreuses années dans la maison de ses parents, avec eux, çà je n’aurais jamais pu.
    Après Bernadette a eu Carine en 1973, une enfance difficile à cause de son papa alcoolique, je vous épargne les détails!!!!
    Carine est partie très jeune de chez elle, à 18 ans moi à 19, j’étais une référence pour elle et j’en suis fière, je lui donnais du courage, si Martine l’a fait moi aussi je peux le faire se disais telle, on a 15 ans d’écart. C’est un peu ma fille, j’ai énormément d’affection pour elle, je suis la marraine de sa fille Anaïs qui aura 15 ans cette année, ces frères et sœurs sont William 20 ans cette année, Alexis
    17 ans cette année, Benjamin 7 ans cette année et Héloïse 5 ans cette année, les 3 premiers sont du 1er mariage et les 2 derniers sont du 2ème mariage. Elle a mieux travaillé que moins en matière de maternité!
    Je reviens à ma tante Alice, comme beaucoup de gens de l’époque à la campagne elle engraissait un cochon qu’elle tuait en hiver et c’était l’occasion de se retrouver chez elle avec des voisins, ils s’entraidaient à l’époque, et surtout faire de supers repas, c’est de là qu’est venu mon goût pour la bonne chair, c’était nos seuls moments de repas en famille, quand la tante nous invitait à manger chez elle, c’était bon et copieux, elle savait bien cuisiner.
    Ce n’est pas que ma mère ne savait pas cuisiner mais c’est la volonté qu’elle n’avait pas! Je ne rentrerais pas dans les détails sordides, sinon je vais faire pleurer dans les chaumières et je n’en ai pas du tout envie, c’est tellement loin tout cela pour moi que des fois j’ai l’impression que ce n’était qu’un rêve enfin un mauvais cauchemar plutôt!
    Et quand on tue le cochon il faut de l’aide car on fait tout dans la foulée, le boudin, les saucisses, les pâtés en pots stérilisés, un délice, je n’ai jamais mangé du pâté aussi bon,( j’étais trop jeune pour demander la recette), du confit de porc, on découpe toute la bête et tout ce qui reste on le congèle, rien ne se perd dans le cochon, les boyaux servent à mettre les saucisses, la tête à la sauce gribiche. La seule chose c’est que je n’ai jamais pu supporté c’est d’entendre crier cette pauvre bête quand on l’a tue, car ils l’égorgent pour récupérer le sang pour faire le boudin, j’étais jeune, je partais dans la forêt que je connaissais par cœur jusqu’à que je n’entende plus rien. C’est comme tuer les poulets, les canards, je n’ai jamais pu le faire, je tenais l’animal à ma mère et je me retournais pour ne pas voir, c’était insoutenable pour moi. C’est pour cela que je n’irais jamais à la chasse! Que je ne ferais aucun élevage de quoi que se soit pour les tuer après.
    Mes frères? Que je n’ai pas vu depuis 1997!
    Dominique est marié à Patricia, il a 2 garçons, Ludovic 26 ans cette année, Cyril 22 ans cette année. (mécanicien, il a ouvert un garage à son nom toujours dans le village natal)
    Alain est marié à Pascale, il a 2 enfants, Stéphanie 26 ans cette année, Christophe 20 ans (il est mécanicien dans une usine de bois à quelques kilomètres du village natal où il habite toujours).
    Pratiquement tout les membres de ma famille qui me restent, habitent toujours dans mon village natal qu’ils n’ont jamais quitté, sauf Carine(j’espère que vous avez suivi!) Elle habite pas très loin dans le pays basque!
    Et toi Philippe, je sais que tu as une sœur qui avait une fille, qui a donné 4 ou 5 petits enfants. Et combien as-tu de neveux, oncles, tantes, évidemment côté Coutheillas! Enfin si tu veux répondre!

  5. Ce joli texte qui provoquera assurément beaucoup de nostalgie à tous ceux qui ont connu dans leur lointaine jeunesse des promenades en cariolles dans la campagne aura par ailleurs été l’occasion de la première intervention sur ce blog, après une quinzaine de mois, de l’honorable Wang Chin Chu. Il fallait quand même relever cet événement.

  6. Décidément, du côté de chez les Claveirole et les Coutheillas on découvre des très beaux récits.
    Le journal de Marcelin est admirable, pas de lamentations pas de haine contre les allemands, quant à « une journée à la campagne  » joli texte juste et précis. Le vieux Philippe a raison, nous les jeunes on doit lire et relire, voir et revoir (vous avez raison martine) les livres et les films de Marcel Pagnol.
    FEW

  7. Comme le dit Sophie nous n’avons connu: notre grand-mère Marie Clémentine Rieuf qu’âgée, sa mère Christine Rispal notre arrière grand mère, très âgée.
    Grâce à Antoine Rieuf la photographie est rentrée dans notre famille il y a plus d’un siècle .Nous pouvons découvrir, sur des plaques de verre, les visages de nos ancêtres enfants, adolescents, jeunes adultes, contrariant l’image restée dans nos mémoires.
    Combien de foi je me suis surpris à dire en voyant surgir sur mon écran celui de ma grand-mère maternelle : » Quelle belle femme ! ».
    De plus elle écrit très bien.
    Ne chercher pas à retrouver Juzelle d’antan (Cne. de Carlat) sur son plateau basaltique avec ses petits chemins ses vielles maisons :Une grosse carrière s’y implante et chamboule ponctuellement le site.

  8. C’est superbe et ton commentaire très juste, je suis une fan de Marcel Pagnol qui raconte les joies simples de la vie, le bonheur simple comme dans ce texte. Les films peuvent passés plusieurs fois dans la semaine sur plusieurs chaînes je ne peux pas m’empêcher de les regarder, tu passes un réel moment de bonheur comme les personnages !

  9. C’est toujours difficile d’imaginer que sa grand mère a été une jeune fille, avec ses espoirs, ses déceptions et ses élans du cœur. Encore plus dur de croire qu’elle ait été une petite fille. C’est normal, on l’a toujours connue vieille, douce et gentille ou rude et terrifiante. Quand on a eu l’âge de comprendre qui était cette personne que l’on voyait souvent à la maison, qui vous faisait des baisers sonores parfois non désirés, à qui l’on vous confiait de temps en temps, c’était déjà une vieille dame, au moins cinquante ans, pensez-donc.
    Et puis un jour, vient un texte comme celui-là qui nous fait réaliser que, si tout le monde vieillit, ce qui est plutôt contrariant, tout le monde a été un enfant, ce qui est plutôt chouette.
    Bien écrit, léger, précis, plein d’odeurs, de bruits et de sensations, ce texte est une merveille. Dans sa première partie surtout, il m’a fait penser très fort à ce chapitre de « La gloire de mon père » où le petit Marcel raconte la montée en carriole depuis Aubagne jusqu’à la maison des collines que son père a louée pour les vacances avec l’oncle Jules.
    Vous les jeunes, lisez Marcel Pagnol et Marie Rieuf et comprenez que nous n’avons pas toujours été ce que nous sommes.

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