Une intime conviction – Critique aisée n°150

Critique aisée n°150

Une intime conviction1
Antoine Raimbault-2019
Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas

La femme de Jacques Viguier disparaît sans laisser de trace par un mauvais dimanche matin de l’année 2000. Son mari est soupçonné de l’avoir assassinée. En 2009, son procès à lieu, et il est acquitté. Quand le film commence, le procureur vient juste de faire appel de cet acquittement. Nora (Marina Foïs) a assisté au premier procès. Convaincue de l’innocence de Viguier et révoltée par l’appel du procureur, elle parvient à convaincre le déjà célèbre avocat Dupont-Moretti (Olivier Gourmet) d’assurer la défense de l’accusé, ce qu’il va faire avec l’aide efficace et acharnée de Nora.

Si vous voulez savoir si Viguier sera finalement condamné ou acquitté, ce n’est pas ici que vous trouverez la réponse. Il vous suffira de gougueuliser sur Procès Viguier — c’est une histoire vraie — ou de lire n’importe lequel de vos critiques habituels qui adorent gâcher le suspense juste pour faire les malins. De toute façon, et sauf pour la famille Viguier, ce n’est pas l’issue du procès qui est intéressante, mais la préparation du dossier et le déroulement des débats. Ces aspects sont montrés avec sobriété mais de façon haletante. Endossant par empathie le personnage de Nora en même temps que ses vues sur la culpabilité de Viguier, le spectateur vit intensément ses recherches fiévreuses qui vont d’ailleurs la mener à une intime conviction quant à l’identité du véritable coupable. C’est là qu’interviendra un désaccord profond et durable entre Nora, sorte de détective amateur avec ses preuves qui n’en sont pas, et le professionnel Dupont-Moretti dont le but n’est pas d’identifier le vrai coupable, mais de faire acquitter son client. On a là une belle étude des épouvantables effets de la rumeur, du bouche à oreille, de l’intime conviction mal fondée, et du travail bâclé ou sensationnaliste de la presse. C’est tout à fait passionnant et instructif.

Marina Foïs, tendue du début à la fin comme une corde à piano, prouve une fois de plus qu’elle est capable de tout jouer, de la farce à la tragédie (La tour Montparnasse infernale, Filles perdues cheveux gras, Une intime conviction). Olivier Gourmet, acteur belge qu’on a déjà vu très souvent et particulièrement dans le rôle principal de l’Exercice de l’État, est impressionnant, de puissance, d’épuisement et de volonté. Vous pouvez l’appeler Maître.

Note 1 : « Les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve, et le juge décide d’après son intime conviction ». C’est sur ce principe affirmé par l’article 427 du Code de procédure pénale, que repose tout l’édifice juridique de la preuve en matière pénale.

9 réflexions sur « Une intime conviction – Critique aisée n°150 »

  1. Il est paraît-il inéluctable que tout blog ait son troll. Il semble que le JdC ait trouvé le sien. Mais je ne suis pas certain que ce vocable dérivé du folklore nordique s’applique parfaitement au rôle que tu tiens dans le Journal des Coutheillas. Dans le domaine de l’Internet, un troll est une personne qui diffuse des messages visant à générer des polémiques. De ce côté-là, ça colle. Wikipedia, qui s’y connaît, précise que « l’argumentation caricaturale et récurrente sont les empreintes typiques du troll. Ils sont la preuve d’une mécommunication et d’une impossibilité d’échange dans la compréhension mutuelle. » Là aussi, ça colle pas mal. Mais là où ça colle moins, c’est dans le fait que le véritable troll est prêt à défendre n’importe quelle position dans n’importe quelle polémique pourvu que ça nuise à ses victimes ou que cela leur fasse perdre leur temps. Le troll ou troller est prêt à tout dire et son contraire. Ce n’est pas vraiment ton cas, puisque tu sembles limiter ton domaine d’exaspération au snob germanopratin bourgeois égoïste vaniteux pédant et aveugle à la misère du monde que je suis devenu grâce à l’éducation des Frères Quatre Bras (chez qui je n’ai jamais mis le pied) et à toutes les « conneries que m’ont fait ingurgiter mes parents » (sic). Mais ta vindicte ne se limite pas à ma personne. Elle s’étend aussi à pratiquement tout ce qui peut se trouver à droite de Mélenchon, pour prendre un repère bien visible.
    Pendant les premiers temps, il y a maintenant plusieurs années de cela, je prenais celui de te répondre en tentant d’argumenter et de peser mes mots. Cela ne m’a valu la plupart du temps que des volées de bois vert accompagnées de procès d’intentions et même d’insultes plus ou moins ouvertes. Quand j’ai voulu protester contre le ton employé, tu t’es révolté, criant à la persécution, au mépris de classe ou autres âneries. Au cours de ces années, je crois bien que tu as claqué la porte du Journal trois fois, jurant mais un peu tard qu’on ne t’y prendrait plus.
    Mais trois fois tu es revenu, la porte n’ayant jamais été fermée parce que, moi, je trouvais bien de t’offrir la petite estrade de mon blog du haut de laquelle tu pouvais répandre tes idées et tes détestations sur ma trentaine de lecteurs qui, il faut bien le dire, après une première surprise quant au style de tes interventions, n’en avaient pas grand-chose à faire.
    Lors de ton dernier retour, je m’étais fait une promesse qui était de ne pas répondre à tes provocations ni à tes sous-entendus souvent insultants, et j’avais tenu bon jusqu’à l’autre soir. Pourtant, après avoir « approuvé » puis lu un de tes commentaires (car j' »approuve » toujours avant de lire), combien de fois n’ai-je pas écrit une réponse avant de la jeter au panier ? Mais hier, à propos du Procès de Nuremberg et considérant qu’on n’apprend pas l’histoire en regardant un film, fut-il hollywoodien et de Stanley Kramer, j’avais passé quelques minutes à chercher des informations et à les placer dans un commentaire laconique en réponse. La tienne ne s’est pas faite attendre, et dans un style que lui, on pouvait attendre.
    Et cette fois, René-Jean, je n’y tiens plus. Je supporte de moins en moins bien ces commentaires interminables, touffus, décousus, parfois même amphigouriques, farcis de références obscures ou pédantes, d’incises confuses, de parenthèses inutiles, d’allusions incompréhensibles, de calembours puérils. J’ai de plus en plus de mal à supporter cette litanie de vocables comme ventriloques de Dieu, coerséduction , carte écran radar, narratives et autres expressions que, pour certaines, tu as peut-être inventées pour ton métier d’autrefois mais que tu me ressers complaisamment à chaque occasion. J’ai du mal aussi avec ces visions systématiquement négatives et pessimistes de tout ce qui peut passer dans ce journal (depuis les articles les plus anodins jusqu’aux photographies !), sans parler de cette susceptibilité qui plus d’une fois t’a fait prendre (autrefois, mais moins maintenant, pourquoi ?) pour des attaques personnelles des phrases qui n’étaient ni des attaques ni personnelles. Et j’en ai carrément assez de ces positions méprisantes, de ces déclarations insultantes, de ces prophéties catastrophiques et grandiloquentes (« serez-vous du bon côté de l’histoire ? » sous-entendu : vous qui n’êtes pas d’accord avec moi, non mais on croit rêver !) dont tu émailles tes commentaires sans même plus te donner le mal d’en déguiser l’animosité.
    Donc, ça va comme ça.
    Ce qui précède ne veut pas dire que, si tu envoyais encore des commentaires, je ne les publierais pas. (Tu m’as plusieurs fois accusé de censure, mais je ne l’ai pratiquée que deux fois : la première à ton égard et avec ton accord, car je trouvais que ton commentaire était blessant vis à vis d’un lecteur et la seconde, sur un commentaire, avec l’accord de son auteur, qui protestait contre ton agressivité récurrente dans des termes dont je trouvais qu’ils auraient pu te blesser.)
    Donc, si tu envoyais de nouveaux commentaires, il est très probable que je les publierai, mais au moins tu auras compris, je l’espère, comment ici ils sont reçus.

  2. Mon commentaire s’adresse à « celui qui préfère le rouge coco et le rose so so au brun KK ». Tout un programme en signature quoi! Tout d’abord, je connais ton animosité obsessionnelle à l’égard de Philippe qui alimente tes diatribes diarrhéiques. Cela te regarde, c’est ton problème, mais je te prie de ne pas le mêler de façon insidieuse aux différends se manifestant entre toi et moi. « Le procès que son inconditionnel acolyte béni WiWi te fait » (une fois encore tes propos à mon égard se veulent insultants mais je m’en moque totalement venant de toi) n’avait rien à voir avec le film auquel tu te réfères pour attaquer Philippe au passage mais avec le fait qu’une fois de plus tu transgressais des faits historiques (procès de Nuremberg en 1945-46 et création de l’Otan en 1949) pour nous livrer tes interprétations « fake » et obsessionnelles de l’histoire.
    PS: cette fois, je fais solennellement la promesse que je ne répondrais plus à tes provocations, à tes propos insultants, à tes « alternative truth » et « fake news ».

  3. Certes, tout ce que Philippe ignore n’existe pas ou ne vaut pas la peine d’être connu et encore moins de devenir l’objet d’une recherche au delà de wikipedia!

    Mais cette polémique est partie des ‘Juges rouges’ (évoqués par Jean A.) et, me souvenant du film, ‘Judgment at Nuremberg’ qui porte bien sur les procès des Juges Nazis, Juges bruns KK, qui se sont bien déroulés en 1947 à Nuremberg. Je l’ai évoqué sachantparfaitement que ce n’était pas une narration inspirée des Procès contre les dirigeants Nazis dont Philippe décrit minutieusement les sanctions et qui n’ont RIEN À VOIR avec mon propos sur le Juges rouges ou bruns!

    Une fois de plus, recourant à sa stratégie discursive de néo-inquisiteurs probablement empruntée aux Frère Quatre Bras qui ont façonné sa carte écran radar, Philippe apporte autre chose que ce que j’avais évoqué; un peu comme les ‘ripoux’ (flics véreux) qui déposent un pistolet (qu’ils portent toujours dans leur poche revolver au cas où…) à côté de la main droite des personnes gauchères qu’ils abattent par bavure et c, pour plaider la légitime défense auprès de la police des polices!

    Le procès que son inconditionnel acolyte béni WiWi me fait » d’obsession et d’idées fixes » ne porte plus du tout sur le JUGEMENT que j’avais évoqué (qui est un film romancé partant de faits de ‘Justice’ survenus pendant le nazisme allemand) mais sur l’ajout intempestif de Philippe portant sur les LEADERS du nazisme. Son sous titre, ‘The event the world Will never forget’ atteste de la actualité (réal news) du JUDGMENT occulté par Philippe; à moins que ce ne soit là une publicité mensongère).

    En tout cas, tout le monde peut voir JUDGMENT AT NUREMBERG en DVD, un Film de 3h et 6min (un peu plus long qu’un tweet Trumpien) réalisé en 1961.

    Pour vous faire votre propre idée, revoyez ou voyez le, – il est, hélas (demandez à Alain Finkielkraut!), toujours d’une brulante actualité, JUDGMENT AT NUREMBERG (MGM).

    Son casting est flamboyant: Spencer Tracy, (le Juge américain) Burt Lancaster (le Juge allemand, principal accusé qui, en dépit de la stratégie de son brillant avocat, incarné par Maximilien Schell, finit par plaider coupable en réalisant son auto-procès), Richard Midwark, le procureur américain des droits de l’Homme, Marlene Diertrich, épouse d’un général allemand défunt et propriétaire de la maison réquisitionné pour loger le juge incarné par Spencer Tracy et, Montgomery Clift qui incarne magnifiquement une victime du principal juge nazi (Burt Lancaster) inculpé dans ce Jugement à Nuremberg.

    Le Pitch que je reproduis en anglais, ‘La voix de leur maître,’ pour Philippe et Jim:

    « American Judge Day Haywood (Spencer Tracy) presides over the trial of four German Jurists accused of ‘legalizing nazi atrocities. But as graphic accounts of sterilization and murder unfold in the courtroom, MOUNTING POLITICAL PRESSURES FOR LENIENCY (la necessité de ne pas contrarier les survivants de l’Allemagne de l’Ouest dont on risque d’avoir besoin alors que se précisent les tensions de la guerre froide) forces Haywood to make the most harrowing and difficult decision of his career. »

    et les critiques promotionnelles plus courtes, donc plus pertinentes, que les aisées:

    « Nominated for eleven Academy Awards, including Best Picture, Judgment at Nuremberg is ‘Magnificent’ (Los Angeles Times) ‘ Continuously exciting’ (The New Yorker) and boasts brillant Performances by an all-star cast! »

    C’est dans la conclusion en voix ‘OFF’ visant à faire le pont ; ‘fiction — Reality’ que sont mentionnées les sentences qui n’ont pas été exécutées par Crainte des Rouges. (Crainte des Rouges qui était la principale ligne de défense des juges nazis durant LEUR procès!)

    Même si l’Histoire n’a que le sens qu’on lui donne, je crains que vous soyez du mauvais côté!

  4. T’as raison René-Jean, ne qualifie rien, ça vaut mieux. Pour ton information, tu pourras vérifier, le procès de Nuremberg s’est déroulé sur 1945-1946. Rien n’est plus désolant que voir des événements détournés de leur réalité pour servir des idées fixes, voire des obsessions.

  5. Le sujet du film de Stanley Kramer, jugement à Nuremberg, n’est pas ce que l’on appelle le Procès de Nuremberg, c’est le Procès des Juges qui portait sur des juristes et des avocats. Je n’ai trouvé ni la liste des accusés, ni les sentences ni les peines effectuées à la suite de ce procès des juges.
    Le vrai Procès de Nuremberg portait sur 22 individus. Les sentences ont été les suivantes
    12 condamnations à mort (effectives)
    3 condamnations à perpétuité (un suicide, libération 1955 et 1957)
    4 emprisonnements limités (20, 20, 15 et 10 ans)
    3 acquittements

  6. « Rien à voir… » pour qui porte de grandes œillères!

    L’OTAN est l’expansion du traité de Dunkerque signé le 4 mars 1947 devenu en 48 traité de Bruxelles… les procès de Nuremberg se déroulèrent aussi en 47… Et les traités de cette ampleur ont pris beaucoup de temps à se négocier, même si Trump les dénonce d’un claquement de doigt!

    C’est là du pinaillage… que je préfère ne pas qualifier!

    En tout cas, les Juges Nazis (juges bruns) ont réussi à éviter d’avoir à servir les peines qui leur avaient été infligées à Nuremberg en invoquant la menace (qui s’est avérée imaginaire) des Juges Rouges! (Menace bolchévique que n’a cessé d’évoquer Hitler au cours de son ascension et qu’évoque déjà Donald Trump en lançant sa campagne de réélection en 2020!)

    Êtes-vous intimement convaincu d’être du bon côté de l’Histoire que raconteront les historiens de demain? (Ne vous en faites pas, ils ne seront pas plus d’accord demain qu’ils le sont aujourd’hui et le furent hier!)

    Celui qui préfère le rouge coco et le rose so so au brun KK!

  7. La création de l’otan date de 1949, Rien à voir avec le procès de Nuremberg.

  8. D’accord, Jean, mais avec la nuance qu’aujourd’hui, en Europe et aux États-Unis, la menace est du côté des Juges Bruns dénoncés, condamnés, mais non sanctionnés dans les événements que relate ‘Jugement à Nuremberg’ avec Spencer Tracy & Burt Lancaster.

    Excuses-moi Philippe d’avoir mentionné la fin de ce superbe film en noir et blanc que tout le monde devrait revoir!

    Alors que se profilait de siège de Berlin par l ‘Armée Rouge, les juges américains à Nuremberg semblent avoir mis la pédale douce lors de l’exécution des sanctions qu’ils avaient formulées contre les juges nazis!

    Il ne fallait pas se mettre à dos les Allemands (de l’Ouest) que l’OTAN risquait d’avoir à mobiliser en cas de réchauffement, alors plus que probable, de la guerre froide!

    Le national populisme peut atteindre les juges que Trump fait rentrer dans l’appareil judiciaire américain… Et la même chose se produit dans ce que Rumsfeld appelait la Nouvelle Europe, sympathique aux Républicains Américains de Dick Cheney et Donald Trump!

  9. L’essentiel étant de ne pas se retrouver entre les pattes d’un juge rouge du « mur des cons ».

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