Dernière heure : la Justice est passée

Dernière heure : la Justice est passée
Vendredi 1er février

Est-ce que ça vous ennuierait vraiment de relire ce que j’écrivais il y aura bientôt deux ans ? Non ? Alors voilà :

« En avril 2013, l’existence d’un grand panneau d’affichage intitulé MUR DES CONS dans les locaux du Syndicat de la Magistrature était révélé par la presse (pas Libération ni le Canard, bien sûr). Sur ce panneau, exposées au pilori de la vindicte syndicale et des environs, étaient affichées les têtes d’hommes et de femmes (…) politiques (tous de droite, à l’exception de Jack Lang, mais peut-on vraiment dire où se situe Jack Lang ?, et de Michel Charasse, mais l’homme aux bretelles n’était-il pas surtout un copain du Florentin de l’Elysée), de patrons, de journalistes (plutôt du Figaro que du Nouvel Obs), de magistrats (non affiliés au Syndicat de la Magistrature), et de personnes de diverses professions et qualités, mais qui toutes avaient eu le malheur de déplaire au Syndicat et, parmi eux, les pères de deux jeunes filles violées et assassinées.
Pour scandaleux qu’il fût, le mur avait au moins l’avantage ne plus laisser planer de doute sur la partialité des membres du Syndicat à l’égard de certains groupes de justiciables.
C’est maintenant de l’histoire ancienne, mais savez-vous quelles ont été les conséquences de la révélation de l’existence de ce mur ?
—Le journaliste « découvreur » du mur est passé en conseil de discipline et a été mis à pied par France 3
—Le Conseil Supérieur de la Magistrature a refusé de se prononcer
—La présidente du Syndicat de la Magistrature a été mise en examen pour « Injures Publiques »
—Son procès aura lieu en décembre 2018, soit près de six ans après les faits.
On ne peut pas ne pas remarquer la qualification des faits qui seront jugés : injures publiques. Elle laisse bien augurer de ce qu’il adviendra de cette affaire, c’est à dire rien, car lesdites injures, ou plutôt le mur qui les supportait, ne se trouvaient évidemment pas dans un espace public (C’est parait-il toute une science que de savoir bien qualifier des faits). Rendez-vous en décembre prochain pour confirmation. »

He bien, voilà, c’est fait : six années seulement après les faits, l’ex-patronne du Syndicat de la Magistrature, Françoise Martres, a été durement sanctionnée : 500€ d’amende avec sursis. Personne n’était vraiment inquiet sur le sort qui serait réservé à Mme Martres par ses collègues magistrats, mais quand même, on est content pour elle. Il faut dire qu’entre temps, elle avait été promue à la vice-présidence de la cour d’appel de Bordeaux.

  • ET DEMAIN, ÇA CONTINUE. LA PREUVE :
  • Demain, 8 h 47 min Homéoteleute et Polyptote (2)
  • 3 Fév, 8 h 47 min Homéotéleute et Polyptote (3)
  • 4 Fév, 8 h 47 min Homéotéleute et Polyptote (4)
  • 5 Fév, 8 h 47 min Homéotéleute et Polyptote (5)

9 réflexions sur « Dernière heure : la Justice est passée »

  1. Ta question René-Jean détourne subtilement mon propos. Celui-ci disait bien que Mme Martres, de gauche de notoriété publique (mais c’est “son” droit tout à fait respectable ce qui n’a rien à voir avec “le” droit qui s’applique à tous) adhérait au panneau gauchiste et ignominieux du mur des cons en choisissant, en tant que magistrate et présidente du syndicat de la magistrature, de le laisser en place. Cette affaire pose pour moi une autre question, « Mme Martres est-elle impartiale dans ses jugements de cour? », son droit primant le droit, et par son exemple cette autre question « d’une façon générale, la justice en France, jalousement indépendante, est-elle absolument impartiale? » Il se trouve que j’ose croire que oui.

  2. Faut-il faire disparaître tout ce à quoi l’on adhère pas?

    Le timbré mal léché! (l’enveloppe a disparu!)

  3. En réalité le mur des cons, digne de potaches mais indigne de magistrats, existait avant la nomination de Mme Martres comme présidente du syndicat de la magistrature. Son ignominie, et donc sa condamnation (symbolique), est qu’elle n’ait pas fait disparaître ce panneau quand elle l’a découvert, ce qui prouve son adhésion à son existence et à son contenu.

  4. La plupart des noms que j’ai pu lire sur le « mur des cons » sont ceux de personnes respectables. J’en conclus qu’être distingué comme « con » par madame Martre et ses séides est un honneur. J’aurais aimé y figurer. Il n’est peut-être pas trop tard.

  5. Juger en droit doit ,je pense, être la règle. Juger en équité est selon moi une tendance lourde, c’est du moins l’impression que donne le Syndicat de la Magistrature, alors qu’elle parait naturelle et excusable chez le néophyte. J’en avais parlé dans un article « une justice indépendante pou quoi faire ? ». Juger en équité part à l’origine d’un bon sentiment, celui de l’équité, justement. Mais dans ce cas c’est l’homme-juge qui décide de ce qui est équitable, et non plus le législateur qui a fait la loi.
    D’où le ‘selon que vous serez puissant ou misérable. ..
    Par ailleurs, les conseils des autres « cons «  affichés étaient-ils tous si mauvais qu’aucun n’a posé sa plainte correctement ?
    Encore par ailleurs, la presse que j’ai lue, restreinte il faut l’avouer, à ce sujet ne parle pas du tout de la fustigation du mur (ou du syndicat ?, j’en doute) dans le jugement. C’est dommage pour le public.

  6. Avec un peu de retard. Il faut lire le texte de la décision. Le tribunal, jugeant une collègue, juge en droit et constate que les poursuites ayant été mal engagées, la plupart des demandes sont irrecevables, notamment celles de hommes politiques qui se sont targués de leur qualité alors qu’ils étaient insultés in personam : mauvais avocats ou faux procès ? Mais il prend tout de même le soin de fustiger sévèrement l’existence de ce mur, de le déclarer scandaleux et indigne de magistrats. C’est bien le moins mais, pour ma part, je trouve cela non’pas Inattendu, mais inespéré !

  7. En ce qui concerne la peine symbolique “infligée” à Mme Martres, elle ne m’étonne pas. La justice “indépendante” se tient les coudes pardi. Ce qui m’a étonné dans cette affaire est que seul le Général Schmitt ait porté plainte et que les autres cons aient fait profile bas. Jack Lang, je peux comprendre, mais les autres? Faut-il être un militaire pour s’en prendre à la justice (quand elle déraille)?

  8. Le procureur avait demandé la relaxe, sur la base de la prescription et du fait que les locaux où le mur se trouvait n’étaient pas publics, donc pas d’injures publiques.
    Voir aussi cet article :
    https://www.leblogdescoutheillas.com/?p=9038
    « Une justice indépendante, pour quoi faire ? « 

  9. La condamnation de Mme Martres est purement symbolique. Heureusement tout de même, le SM est condamné à verser 15000€ + les frais de justice au Général Schmitt, père d’une jeune femme assassinée dans le RER par un récidiviste, qui figurait sur le mur des cons et qui s’etait porté partie civile. Tant mieux! Mais il y aura peut-être des appels. Ce serait le comble que Mme Martres fasse appel, toute honte bue!

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