Dernière heure : Alain Marschall se plaint d’être mal considéré

Dernière heure : Alain Marschall se plaint d’être mal considéré
Samedi 26 janvier

C’est vrai que les journalistes sont mal considérés, mais pour qui a vu par exemple Alain Marschall (BFM), surexcité, la lippe gourmande, la parka de baroudeur au vent, se précipiter sur les ronds-points pour y rechercher le Gilet qui fait mouche, l’imprécation qui tue, le slogan qui fera florès, cette mésestime est bien la moindre des sanctions. (Et maintenant, voilà Alain le mal aimé qui se plaint des menaces de mort lancées contre lui et ses confrères par les Gilets Jaunes) En trois semaines, ces gens-là se sont déconsidérés pour longtemps, et Marschall le premier.

Pour moi, la seule façon, ou du moins la façon élégante à défaut d’être efficace, de remonter dans l’estime des gens, serait pour les journalistes de faire ce que je suggérais un jour à Monsieur Fakebook (Mark Zorglukerberg) après les scandales Cambridge Analytica et équivalents. Zorglub ne l’a pas fait, mais peut-être Ruth Elkrief pourrait-elle le faire.  Alors, on pourra reparler de l’honorabilité du métier de journaliste.

Mais quelle est donc cette action rédemptrice que pourrait engager la presse et que le public applaudirait surement à grands cris ?

Mais c’est de faire la chasse au Fake News, pardi !

Que les journalistes pourchassent, identifient, mettent en lumière, contredisent une à une les Fake News qui paraissent chaque jour ! Qu’ils le fasse avec précision, qu’ils créent des rubriques quotidiennes dans leurs journaux écrits, parlés ou télévisés, qu’ils en identifient les auteurs et divulguent leur identité, qu’ils rétablissent la réalité des faits, qu’ils se donnent un peu de mal pour vérifier les assertions des complotistes de tous poils, qu’ils apportent les éléments de contradiction sans souci de leur propre engagement politique et enfin, qu’ils fassent leur travail… On verra alors de notre côté à cesser éventuellement de les critiquer et à leur redonner un peu de la confiance qu’ils ont perdue de leur seul fait.

A ma connaissance, un journal a entrepris une rubrique de ce type et ça me fait mal de le dire, mais c’est Le Monde (peut-être y en a-t-il d’autres que j’ignore). Bravo Le Monde ! Pourtant l’interview que j’ai vue du responsable de ce service n’est pas rassurante sur son efficacité : pour lui, dans l’exercice de sa mission, l’urgence n’est pas de démonter les Fake News mais de protéger la liberté d’expression, y compris celle de n’importe qui de dire n’importe quoi.

Donc, pour que les vraies informations reprennent le pas sur les fausses, il y a du boulot sur la planche ; du boulot, de la recherche, de la rigueur, de la vérification, de l’impartialité, de la réflexion, du temps.

Malheureusement, tout ça, ce n’est pas vraiment dans la ligne des journalistes des chaines de TV d’information continue (dont dorénavant je prendrai toujours comme exemple BFM pour ce qui est de la recherche systématique de l’audience immédiate par le spectaculaire au moyen de l’image tronquée, du micro-trottoir solliciteur et du débat fabriqué).

Aussi, ne nous leurrons pas : il n’y a aucune chance pour que ça change dans la presse avant longtemps parce que, la chasse au Fake News, c’est difficile, c’est ingrat, c’est un travail de bénédictins et ça ne rapporte rien.

Alors, vous pensez !…

Post-scriptum :
Si vous en avez marre que je vous parle des Gilets Jaunes, surtout, dites-le !

10 réflexions sur « Dernière heure : Alain Marschall se plaint d’être mal considéré »

  1. Jim, t’as raison, même l’art passe par le fric. Je n’y pensais même pas !

  2. Jean, une dernière question. Est-ce bien au Bolivar vénézuélien que tu te réfères? Formidable spéculation, son inflation est paraît-il d’un million de % par jour. Vive Maduro!

  3. Jean, je souscrit à ta définition du capitalisme. Cela dit, tu dis ici que le fric c’est la vie, mais le lendemain tu dis que l’art c’est la vie. Donc, si je suis ton syllogisme, l’art c’est le fric ou inversement. Y a du vrai! Simple spéculation, bien sûr!

  4. Cher oncle Picsou, sache que tout être est capitaliste avec son propre argent et socialiste avec l’argent des autres. Ca commence dans la savane africaine avec le prédateur et sa proie. Seuls les mammifères brouteurs échappent à la règle commune et encore…pas en présence de femelles. Moralité : la vie, c’est le fric. Voilà pourquoi le capitalisme fera toujours la course en tête.
    Cette leçon vaut bien un bolivar, sans doute.

  5. Ha Ha! Moi je connais une religion qui n’est pas une Fake News ni une utopie. Elle est bien réelle. Ses origines remontent à la nuit des temps. Elle a comme toutes les autres religions ses dogmes, ses bibles écrites en toutes langues, ses grands prêtres (Laffitte, Guisot et son célèbre “enrichissez-vous”!), ses missionnaires, ses rites, ses temples dispersés de part le monde (city, wallstreet, Tokyo, etc), ses indices de popularité (Cac, dojones, etc), ses paradis, ses relations familiales (par exemple mon oncle Donald), bref! tout ce qui est le propre d’une religion universelle. Elle a même ses héros littéraires comme le Baron Nucingen, héros balzacien de la Comédie Humaine. Son nom est le FRIC, dont les théologiens de tous les bords s’acharnent à en comprendre le sens; ces 4 lettres trouvées inscrites dans du marbre, s’agit-il d’un acronyme? le F serait-il pour Fortune, ou Fisc, ou Fabuleuse, ou Frénétique? le R pour Religion, ou Richesse? le I pour International, ou pour Intérieur (enrichissement intérieur?)? le C pour Confort, ou pour Cash? les combinaisons sont multiples à l’infini tout comme les apports enrichissants de cette religion. Je suis un converti!
    Oncle PICSOU

  6. Utopie quand tu nous tiens… Pourquoi s’ingénier à vivre dans la liberté, l’égalité, la fraternité, qui n’existent pas. Contentons-nous de nous supporter, ce sera déjà pas mal.

  7. À ma connaissance (et je ne veux pas vérifier) BFM ne traverse pas l’Atlantique!

    J’ignore donc qui est ce journaliste qui a emprunté son nom aux Westerns d’un Continent qu’il ne doit pas bien connaître (et où il y a beaucoup de chaines d’infos continues, voire CNN mais aussi Fox News) et je ne réciproquerai donc pas en exhibant mon ignorance…

    Par contre, c’est sur la posture hyper moralisatrice et philosophique consistant à « aller à la chasse aux FAKE NEWS, » comme les Savoyards nous emmènent à la chasse au Dahu, que j’introduirai mon « poil de carotte. » (je fais allusion ici non pas aux Bénédictins mais à l’histoire du moine bouddhiste qui s’énervait – un comble! – de voir dans le fond de son bol à oboles un long machin ‘noir’ [je ne connais pas de moines bouddhistes roux crédibles] insaisissable… après mille tentatives, plus vaines les unes que les autres d’éradiquer cette horreur, il se rendit compte, après s’être frotté les yeux que cet exercice avait terriblement fatigués qu’EN VÉRITÉ, – il nous le dit! – c’était un de ses cils qui pendait par hasard dans son champ de vision!)

    Morale de cette histoire extrême orientale, l’être humain, fut-il moine bouddhiste, Bénédictin, Quatre Bras ou Grand Rabbin et qu’il se nomme Jésus, Mahomet, Voltaire ou Darwin, voire même Einsntein, n’est pas équipé pour distinguer ce que les leaders de ses réseaux de coerséduction (Jean A, t’en voulais en revoilà!) lui a mis derrière la tête (au cours d’un long processus de pédophilie intellectuelle et morale) de ce qu’il a devant ses yeux!

    Seuls les charlatans, les ventriloques de transcendance et les idéologues se posent en ventriloques de Dieu, de la Nature, bref, de La VÉRITÉ. Les savants et les épistémologues comme d’ailleurs la plupart des philosophes artistes et autres boutiquiers honnêtes (il faut qu’ils le soient pour que les démocrates libérales soient respectables) vous diront que la vérité est leur QUÊTE (ce vers quoi ils tendent) et non ce lieu atteint d’où ils parleraient (comme on disait en 68!).

    N’étant pas un lieu précis (altitude, longitude et latitude), la vérité est nulle part, exactement comme l’UTOPIE…

    Certes, certains qui se sentent bien, qui se disent beau, intelligents et pensent avoir réussis leur vie ne voient pas pourquoi il faudrait aller voir ailleurs (surtout si cet ‘ailleurs’ est ‘nulle part!’)… même s’ils devinent qu’ils n’ont pas tout à fait atteint leur utopie, le STATU QUO leur convient! Un tien vaut mieux que deux, tu l’auras me répétait ma grand mère maternelle!

    Pour éviter que d’autres, moins satisfaits. moins heureux, etc… ne contestent le Statu Quo sans lequel ceux qui prétendent détenir la vérité ne seraient pas ce qu’ils sont… ils présentent le STAT QUO comme l’aboutissement de la volonté divine (Rois de droit divin) ou du destin (le fameux « It’s written » d’Omar Shariff) ou du mérite, de la justice scolaire et socio économique libérale. LEUR DÉMOCRATIE À EUX quoi!

    Tous ceux qui contesteraient le statu quo sont des hérétiques, des déviants, des tarés de naissance qui évidemment promeuvent des inepties que ces derniers nomment: vérités alternatives!

    Le Marxisme propose une histoire scientifique qu’il oppose à l’idéologie bourgeoise… etc.

    Dans le fond, il faut se souvenir que chaque religion que les hommes ont inventées à l’inverse de leur image, ont toutes dénoncé les autres religions comme étant des FAKE NEWS. Évidemment pour les athées (et j’en suis), toutes les religions sont des FAKE NEWS.

    Ceci ne me conduit pas au nihilisme nietzschéen pour lequel ce sont ceux qui l’accusent de nihilisme qui le sont (on est en plein Trump) mais à la priorisation décidée au travers de la ‘conversation républicaine’ (Benjamin Franklin) des conséquences recherchées.

    Si nous voulons vivre en paix, dans la liberté, l’ÉGALITÉ et la fraternité, quelles histoires (Narrratives) devons nous nous raconter et tenter de partager par le recours aux délibérations démocratiques et critiques? Seuls la réflexion et l’auto-réflexion, avec un zeste de confiance mutuelle et une goutte d’empathie, nous tirerons d’affaires!

  8. Très bien, parfait, bravo donc pour Libération. Mais avec Libé, je crains toujours le fameux biais cognitif, dont je sais que je suis moi aussi bien sûr atteint, mais moins quand même.

  9. Post-scriptum :
    Si vous en avez marre que je vous parle des Gilets Jaunes, surtout, dites-le !
    ———————————————–

    Mon cher Philippe, tu n’auras bientôt plus l’occasion d’en parler : ils ne portent aucune idée-force, seulement des revendications de bistrot. Pour se tenir chaud.

  10. Pas que Le Monde, cher Philippe. Libération également, surtout dans sa version électronique.
    Mais peut-être ne le lis-tu pas quotidiennement (moi non plus, d’ailleurs).

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