Une affaire de famille – Critique aisée n°146

Critique aisée n°146

Une affaire de famille
Hirokazu Kore-eda – 2018
Palme d’Or du Festival de Cannes – 2018

J’hésite beaucoup à dire ce que je pense de ce film. Tant de lauriers à Cannes, tant d’analyses élogieuses sur Télérama, tant de louanges dans les journaux… Je suis très impressionné. Je ne suis même plus certain d’avoir un avis.
Allons, courage !

Oui, c’est vrai, cette drôle de famille est aussi sympathique que déglinguée. C’est vrai aussi que les deux enfants sont excellents et que les adultes ne sont pas mal non plus. C’est vrai qu’il y a des scènes sobres et touchantes : la petite fille qui demande pardon, l’homme qui voudrait se faire appeler papa, le commerçant volé qui…
Mais le film est interminable, répétitif, rallongé, délayé à souhait. Il dure deux heures mais aurait pu sans peine être réduit à 80 minutes si seulement les acteurs ne laissaient pas passer cinq secondes entre chaque réplique du dialogue.

Chaude ambiance familiale chez de gentils Thénardiers, contemplation des actes quotidiens dans un intérieur exigu, bordélique et chaleureux, situations sensibles, mais répétitions abusives et délayages systématiques… Bref, un beau film, sensible, touchant, bien intentionné, mais un vrai coup de barbe.

ET DEMAIN, UN TABLEAU DE SEBASTIEN

2 réflexions sur « Une affaire de famille – Critique aisée n°146 »

  1. Je ne qualifierais pas ce film de misérabiliste. S’il se déroule en effet dans un milieu très pauvre, il n’exploite pas cette veine pour en tirer de la compassion ou des larmes des spectateurs. La « famille » est pauvre, c’est vrai, mais elle est plutôt joyeuse et chaleureuse. Généreuse aussi, par l’adoption en son sein de cette petite fille maltraitée.
    Dans ma critique, j’ai voulu faire comprendre que le film m’avait beaucoup ennuyé par son affectation de lenteur dans les dialogues, censée peut-être leur donner du fond, là où il n’y a la plupart du temps que réflexions ordinaires.

  2. Par curiosité, je suis allé lire d’autres critiques sur un film que je ne verrai probablement jamais. (J’inaugure un genre qui n’a aucun avenir : la critique de la critique du film qu’on n’a jamais vu).
    Dithyrambes auxquels on veut croire, il apparaît que ces critiques n’engagent que le caractère propre de leurs auteurs puisque le majoratif équilibre le péjoratif sur le même détail. Aussi suis-je bien obligé de me faire une réflexion temporaire en attendant une improbable séance : je ne suis jamais parvenu à me complaire dans un certain misérabilisme, à me vautrer dans la douleur compassionnelle – ce qui bien sûr ne concerne que moi car de la douleur, j’en ai eu ma part d’une certaine façon.
    On pourra toujours faire mieux, ou pire, dans l’évocation de la misère et de la souffrance comme de la béatitude ou du non-sujet : il existe à coup sûr quelque part un personnage aveugle, cul-de-jatte et trop pauvre pour s’offrir des fers à repasser locomoteurs. On peut choisir de se noyer de chagrin d’empathie en se voulant sur-conscient de la condition d’autrui, ou de s’auto-épargner si l’on veut éviter de réduire sa vie à un interminable lamento. C’est selon. A chacun son penchant. Mais surtout, gare à ceux qui s’émeuvent bruyamment pour faire connaître au monde qu’ils sont meilleurs. Les grandes douleurs sont muettes.

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