Comédies musicales – Critique aisée n°144

Critique aisée n°144

Comédies musicales
Philharmonie de Paris.
221 avenue Jean-Jaures
Paris 19°
Entrée 11 €
Metro Porte de Pantin

Les promoteurs de cette exposition la présentent comme ceci :

« UNE EXPOSITION IMMERSIVE
L’exposition prend le parti d’immerger les visiteurs dans les films eux-mêmes, par des projections géantes, accompagnées de photographies et de documents rares. La scénographie a été confiée à Pierre Giner qui a imaginé un espace ouvert, faisant la part belle aux montages d’extraits thématiques peuplés de personnages qui dansent, de Fred Astaire à John Travolta, de Cyd Charisse aux héroïnes de Jacques Demy, de West Side Story aux objets virevoltants de La Belle et la Bête. Un panorama en musique pour découvrir la richesse et la diversité des comédies musicales. »

Que dire devant une telle annonce ? Qu’elle est mensongère ou que l’exposition est ratée ?

Suivez-moi bien. On entre dans une première salle de dimensions modestes. L’un de ses murs exalte Chantons sous la pluie par le biais de quelques cartels explicatifs désordonnés qui entourent une affiche du film. Ils nous expliquent que ce film est la meilleure comédie musicale jamais tournée. Je suis d’accord. Sur le mur d’images d’en face, tourne en boucle un tout petit extrait de la plus fameuse scène dans laquelle Gene Kelly chante effectivement sous la pluie. Quelqu’un devrait dire à la Philharmonie qu’aujourd’hui, on a plus le droit de montrer ces images historiques dans des conditions de qualité visuelle et sonore aussi mauvaises.

Les salles suivantes se suivent et se ressemblent dans la piètre qualité des projections, la faiblesse du son et la confusion des explications.

Dans un lieu consacré aux spectacles tel que la Philharmonie, aussi gigantesque et aussi technologiquement avancé, on pouvait s’attendre à la projection d’images retraçant l’évolution du genre à travers le temps et l’espace (quoique rien n’égalera jamais le musical hollywoodien). On aurait eu comme points d’orgue, projetées sur grand écran avec un son THX-Dolby Stereo-Hi-Fi, les grandes scènes les plus fameuses du genre, telles que les finales des productions de Busby Berkeley ou des Ziegfeld Follies, et le Good Morning de Chantons sous la pluie, et le Dancing in the dark de Tous en scène,  et aussi le Over the rainbow du Magicien d’Oz, et l’ouverture de West Side Story. On serait passé bien sûr par Jacques Demy, Bollywood et le bien pauvre La La Land pour finir en beauté sans doute encore avec Gene Kelly dansant sous la pluie. On aurait vu de ces scènes où l’ampleur de la mise en scène, la puissance légère de la musique, la précision de la chorégraphie, la technique, l’élégance et le charme des interprètes vous soulèvent de votre fauteuil. On serait sorti de là comme un américain à Paris, léger, avec la gentille Debbie Reynolds ou la splendide Cyd Charisse à son bras, fredonnant comme Gene Kelly, marchant comme Fred Astaire, avec une musique de Cole Porter dans la tête jusqu’à la station de métro.

Mais, à la Philharmonie, rien de tout ça. Des casques encombrants, des petits télévisions interactives, des petits cartels sans suite ni intérêt, des petites salles de projection en petit nombre avec des petits écrans, une grande salle de projection, trop éclairée avec un immense écran (en fait quatre ou cinq accolés) dont on ne fait rien d’autre que multiplier par quatre ou cinq la même image.

Digne d’une fête foraine itinérante, cette exposition mérite qu’on attende qu’elle passe sur la place du marché de Montalivet-les-Bains pour aller la voir. Vous avez tout le temps.

En attendant, vous pouvez toujours revoir les scènes suivantes (à condition de cliquer sur les liens), dont celle qui constitue pour moi le plus beau ballet romantique à deux de l’histoire du musical : Fred Astaire et Cyd Charisse dancing in the dark dans Central Park.

Lullaby of Broadway  Busby Berkeley (ils sont plus de cent à danser ensemble, je les ai comptés)
https://www.youtube.com/watch?v=Yx6s-YReOJY

Dancing in the Dark de Tous en scène (Si vous devez n’en voir qu’une, c’est celle-ci)
https://www.youtube.com/watch?v=wDHwJrbrp0Y

Good morning de Chantons sous la pluie (la plus joyeuse)
https://www.youtube.com/watch?v=GB2yiIoEtXw

Over the rainbow du Magicien d’Oz (la plus romantique)
https://www.youtube.com/watch?v=1HRa4X07jdE

Les Jets de West side story (la plus moderne)
https://www.youtube.com/watch?v=bxoC5Oyf_ss

Singing in the rain de Chantons sous la pluie (la plus tout ça)
https://www.youtube.com/watch?v=D1ZYhVpdXbQ

ET DEMAIN, UN PETIT QUART D’HEURE À PARIS

 

2 réflexions sur « Comédies musicales – Critique aisée n°144 »

  1. Je n’ai pas vu cette exposition et sa critique de ce matin ne m’étonne pas. En tout cas je n’y irai pas. Il y a quelques années, je suis allé à la Philarmonie voir une exposition du même type consacrée au Blues. Mêmes casques, mêmes petits écrans, même déception, en vérité même ratage complet. Une année auparavant ma chère moitié et moi avions descendu lentement la Route 61, dite la Route du Blues, aussi mythique que la Route 66 ou la RN 7, le long du Mississippi de Memphis jusqu’à New Orleans à la découverte des origines de cette musique typique tant aimée, prenant notre temps dans ce Sud mal connu des EU, sirotant par ci par là des Mint Julep, et surtout visitant les musées (par exemple le Delta Blues Museum à Clarksdale, entre autres), les lieux cultes (comme le mythique Blues Cub Ground Zéro qui appartient à Morgan Freeman, originaire de Clarksdale et toujours là entre deux tournages), et plein d’autres lieux tous aussi mythiques dans des endroits reculés (Indianola, ville de B B King, et le musée qui lui est consacré; Rosedale et le fameux Cross Road immortalisé par le blues de Robert Johnson “Traveling Riverside”; etc). Tout ça pour dire qu’on était armé pour évaluer l’exposition de la Philarmonie. Zéro! Aucun intérêt! Alors je n’ai aucune difficulté à imaginer que l’immersion de cette fois dans les comédies Musicales soit une catastrophe à éviter. Merci au JDC d’en prévenir ses fidèles lecteurs et les autres.

  2. Si la qualité du son laisse à désirer, surtout à la Philharmonie, c’est déjà incongru.
    « Over the rainbow » ! J’échangerais volontiers mon plat de lentilles pour ça.

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