Le Grand Bain – Critique aisée n°141

Critique aisée n°141

 Le Grand Bain
Gilles Lellouche -2018
Et une bande de types très sympa.
Durée 118 minutes

Ce premier film du comédien Gilles Lellouche bénéficie d’un accueil extraordinaire. Les cinq permanents du Masque et la Plume sont unanimes (film touchant, euphorisant, galvanisant, visuellement inventif, sympathique, généreux, débordant d’amour), Le Figaro est enthousiaste (une comédie populaire drôle et branchée) Le Monde  apprécie (une comédie joyeusement mélancolique, décroissante (?) tendre et décalée). Mais que dit Télérama ? « Une des meilleures comédies de l’année !  » Quoi ? Même Télérama ? Et il n’y a pas que les critiques : le public aussi. Les dernières affiches placardées dans Paris parlent de plus de 2.500.000 entrées en deux semaines. Unanimité des critiques, bénédiction de Télérama, succès public… toutes les raisons de se méfier, donc.

Et moi ? Qu’est-ce que j’en pense, moi ?

Un scénario brouillon (ça part dans tous les sens), des situations cliché (la santé mentale et physique par le sport et la camaraderie), des personnages stéréotypés (le dépressif au fond du trou, le souffre-douleur timide, le velléitaire vantard, le directeur d’usine psychorigide,  le bon noir qu’on ne comprend pas mais qu’on aime bien, le rocker raté, etc…), une première partie d’exposition interminable (quarante cinq minutes déprimantes), une résolution happy-ending bien  fondante comme un mi-cuit au chocolat (à la mode des comédies musicales les plus hollywoodiennes des année 50), mais…

Mais, passées les premières quarante minutes, peut-être sous l’impulsion de l’arrivée d’un nouveau personnage sur son fauteuil à roulettes, on commence à s’amuser, à trouver bien sympathiques ces personnages tous plus ou moins ratés, à apprécier quelques bonnes répliques, et même à rire, et pourquoi pas à être ému par cette fin feel-good, feel-very-good, feel-a-little-too-good.

À quoi peut-bien être dû ce revirement ? Pour moi, C’est simple et clair : c’est dû à la sympathie que la direction d’acteur et les acteurs eux-mêmes réussissent à faire naître chez le spectateur envers les héros de cette histoire invraisemblable. Cette sympathie irrésistible que l’on éprouve pour ces personnages somme toute stéréotypés vient de ce que les comédiens qui les incarnent ne donnent pas dans la caricature. Ils créent leur personnage à petites touches, presque avec hésitation. Ça les rend humains, réels et touchants. Ce jeu assez subtil dans une histoire cousue de fil blanc est très plaisant. Est-ce dû à Lellouche, à son choix des comédiens et à sa façon de les diriger ?  Les a-t-il dirigés d’une main ferme ou leur a-t-il dit : « Fais ton numéro, Coco ! » Je ne sais pas vraiment, mais je pencherais plutôt pour la seconde solution.

Bref, si vous supportez, ou si vous oubliez, les quarante laborieuses premières minutes, vous aimerez probablement.

S’il fallait mettre une note, ce serait 13/20 avec en marge ce commentaire : « Sympathique et souvent amusant, mais l’écriture est à resserrer. »

 

ET DEMAIN, UN COLLAGE DE SÉBASTIEN

5 réflexions sur « Le Grand Bain – Critique aisée n°141 »

  1. Oula ! Je suis largué à foison !
    Mes jeunes vont me trouver ça.

  2. Ça ne sera pas forcément facile :
    Les virtuoses sorti en 1997
    Little Miss Sunshine sorti en 2006

  3. Le Grand Bain ne fait pas partie des films « tuche ». La vulgarité n’y est pas. La mièvrerie non plus, mais la gentillesse, oui. Ce que je reproche au film c’est son côté brouillon et son penchant affirmé (peut être même assumé) pour les clichés. Mais dans l’ensemble, il est tout à fait visible. Si vous en avez la possibilité, préférez tout de même « little miss sunshine » et « les virtuoses ».

  4. A défaut d’être cinéphile (peut-on être pantophile ? Ou même pantophobe ), la « critique aisée » fait gagner un temps fou.
    Il me semble que le cinéma procède aussi par modes successives : le temps des films-catastrophes, des films body-buidés, des films triolistes (un homme-deux femmes, une femme-deux hommes que pour ma part je fuis, ça m’angoisse), etc…
    Serions-nous en pleine époque des films-Tuche ?
    Bon. Pourquoi pas ! Grand bien nous fasse.

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