Pour qui n’a plus ni curiosité ni ambition

Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares sont un prisme merveilleux propre à amuser les yeux sans les lasser.

Les formes élancées des navires, aux gréements compliqués, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l’âme le gout du rythme et de la beauté. Et puis surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n’a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère, ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s’enrichir.

Baudelaire – Le port – Le spleen de Paris
Photographie : la statue de Charles Baudelaire dans les Jardins du Luxembourg

Presque sur le même thème, vous pouvez toujours CLIQUER ICI pour revoir cet article « Suave mari magno… »

8 réflexions sur « Pour qui n’a plus ni curiosité ni ambition »

  1. Jean & Jim (beau titre de remake!)

    L’incommunicabilité et les mal entendus ou lus étant la règle, permettez moi d’apporter une précision que nul n’entendra ou ne lira.

    Philippe ne pratique pas la censure politique (ni religieuse) et je l’ai reconnu et le reconnais. Il pratique la censure sur les contenus impolis, indécents, vulgaires, etc. C’est son droit et c’est SON blog.

    Comme les propos que je tenais sur le comble du mathématicien avaient un petit côté coquin… il eut été en son droit de faire tomber le couperet ou d’user de sa paire de ciseaux et je ne m’en serais point offusqué.

    De ma part, puisque je me suis efforcé de rester décent dans mes propos c’était une façon de signaler aux adultes qu’il était possible d’en faire une lecture coquine en jouant sur les mots… et donc de contourner la censure pudibonde potentielle!

    Quant au politique, rassurez vous!

    Ce matin j’aime l’Amérique, la jeune Amérique celle qui a fait réélire Bernie Sanders et a élu: Alexandria Ocasio Cortez, Ayauna Pressley, Rashida Thail, etc. Cette Amérique de gauche, « Very Very Libéral » que souhaite ressusciter les politiques de FDR, le coeur de la pensée démocrate… (Je ne lui reproche que son manque d’internationalisme Jean Jauressien!)

    Par contre je reste très méfiante envers les Démocrates « Middle of the Road » et je hais l’Amérique de Trump et des Républicains qui le supportent inconditionnellement…

    Je suis optimiste, Trump aura bientôt fini d’illustrer l’absurdité du Capitalisme Sauvage comme ISIS a démontré l’absurdité de toutes les religions d’État (le Califat dans ce cas) et nous pourrons enfin envisager une démocratie humaniste planétaire…

    Mais à court terme, je redoute que Trump exploite l’anticommunisme des « Nantis et bien connectés » de l’Occident (Yan Moix nous dit que ‘bourgeois’ est un terme obsolète) pour intervenir militairement au Vénézuéla et se refaire ainsi une popularité qu’il pourrait opposer à la gauche américaine si sa détention du pouvoir était menacée par la Justice ou les élections de 2020.

  2. “Messieurs les censeurs, bonsoir!”
    Maurice Clavel
    Tout le monde de ma génération se souvient de ce grand moment de télévision. Maurice Clavel, c’était quelqu’un: gaulliste, catholique et maoiste! Je l’aimais bien, il était en quelque sorte un grand synthétiseur. S’agissant de censure, je pense que ceux qui se croient censurés sont bien souvent eux-mêmes les pires des censeurs par leur intolérance et par la caricature biaisée à l’egard de ceux dont les opinions diffèrent des leurs.

  3. Ceci sera censuré:

    Le comble du mathématicien en deux nuits:

    1) il invite à la regarder plutôt qu’à monter dessus (Philippe, le censeur)

    2) il passe la nuit sur une inconnue sans parvenir à la résoudre… (dit-on de Gilets Jaunes)

    Ne me dis pas que tu parlais de la mer… tu aggraverais ton cas!

    Œdipe

  4. Baudelaire a bien été marin, ou plutôt passager, sur un clipper l’emmenant aux Îles Maurice et Bourbon (La Réunion). Il avait 20 ans et je ne crois pas qu’il ait beaucoup apprécié ce voyage qui lui avait été imposé par son beau-père. Cela ne l’a pas empêché d’ecrire le mythique poème L’Albatros et quelques autres entretenant son soit-disant goût pour la mer. Mais au fond de lui-même, oui, il doit préférer inviter à la regarder, à la comparer aux abîmes de l’âme humaine plutôt, que d’aller dessus.

  5. Deux versions poétiques.
    Voici la mienne, moins talentueuses et plus brutale, pour  » qui n’a plus ni curiosité ni ambition ».

    Il est des êtres, si désespérés et dépourvus de talents, qu’ils n’ont d’ambition que de nuire au corps social. N’attendant rien d’eux-mêmes, ils exigent tout d’autrui et se livrent pour l’obtenir à des chantages dignes de bandits de grand chemin. Leur nombre leur assure impunité et compréhension de tous les frustrés de la vie.
    Puisque l’on exige des sociétés parfaites, il faut commencer par légiférer sur le thème des « nuiseurs des ronds-points », en les privant de prestations sociales, terreau sur lequel ils prospèrent.

  6. Cohérence de Baudelaire, qui je crois n’a jamais été marin, dans ces deux poèmes (dont l’un en prose) à propos de la mer :
    il invite à la regarder plutôt qu’à monter dessus

  7. Dans la même veine du spleen baudelairien, la perte de la curiosité et de l’ambition, la plainte indomptable et sauvage, voici, cette fois en vers, les quatre premiers du beau poème “L’homme et le mer”, plus connu des écoliers que “Le port”, au moins le premier vers:

    Homme libre, toujours tu chériras la mer!
    La mer est ton miroir; tu contemple ton âme
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

    Je vous invite à retrouver sur internet les douze vers suivants.

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