The Guilty – Critique aisée n°130

Critique aisée n°130

 The Guilty
Gustav Möller – 2018
Jakob Cedergen

 Intérieur nuit. Un Centre des appels d’urgence de Copenhague. Asger Holm, un flic parmi d’autres, gris, triste, pas vraiment sympathique. Il reçoit un appel, sans importance, puis un autre, sans importance, puis un troisième. Ça y est, ça commence : une femme est au bout du fil, dans une voiture, on est en train de l’enlever. Aidez-moi…

C’est tout ce que je vous dirai. Ah ! Je ne suis pas comme Xavier Leherpeur du Masque et la Plume, moi. Je ne dévoile pas l’intrigue, moi. Je ne dis pas à quel moment il faudra être particulièrement attentif, moi. Je ne fais pas le malin en déclarant que j’avais prévu la fin, moi. Vous ne saurez rien de moi.

Sauf que pour un premier film, c’est drôlement réussi.

Sauf que c’est un film à dispositif, comme disent les spécialistes, c’est-à-dire qu’on ne sort pas du Central, et que ça se passe en temps réel, comme disent les mêmes.

Sauf qu’on ne voit rien d’autre que le visage d’Asger Holm, son micro, son écran, son clavier et son téléphone mobile.

Sauf qu’on entend tout. Ça pour entendre, on entend, mais seulement ce qu’Asger entend : les sonneries des téléphones, les voix impersonnelles des autres centres, les bruits de la pluie sur la carrosserie d’une voiture, la voix étouffée et angoissée de la femme enlevée, les voitures qui passent, les sirènes, les portières qui claquent, les soupirs… A partir de la seule bande son, quasiment à l’aveugle, Holm doit tout imaginer, deviner et le spectateur avec lui.

Le spectateur s’énerve quand la personne appelée met plus de deux sonneries à décrocher. Le spectateur s’angoisse quand il tombe sur une messagerie vocale. Le spectateur est furieux quand son collègue-flic traine des pieds pour agir. Le spectateur sort du cinéma et du Central, heureux de voir que dehors, il fait beau et encore jour.

ET DEMAIN, UN ZEUGMA 

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