¿ TAVUSSA ? (46) – Trump 007 

Depuis la dernière prise de fonction du Président des États-Unis d’Amérique, la presse, les magazines, les diners en ville, les pots matutinaux devant le zinc du Balto, le Journal des Coutheillas et même FR3 Picardie se demandent quelles sont les motivations du Donald pour agir comme il le fait.

Compte tenu du cursus du triste sire, l’une de celles qui viennent à l’esprit le plus aisément est celle-ci : Gagner plus d’argent.
Oui, mais comment ? En gagnant plus d’influence, en autorisant le fond de gestion de sa fortune à commettre délit d’initié sur délit d’initié, en laissant entendre aux gouvernements étrangers que des accords favorables à l’Organisation Trump seront largement payés de retour par d’autres accords, binationaux ceux-là, entre leur pays et les USA. Et cetera, et cetera…

Gagner de l’argent, d’accord. Mais ce n’est pas tout. Une deuxième motivation — trop facile tellement c’est évident : Satisfaire sa base électorale.
Oui, mais tout d’abord, quelle est cette base ? Il y a bien sûr le monde des affaires, une partie tout au moins, mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel ? Pour moi, c’est simple : c’est ce qui serait chez nous le Front National, en plus rustique, en plus raciste, plus obèse, en plus xénophobe, avec une bonne dose de notre bon vieux poujadisme franchouillard des années cinquante revu à la sauce Heinz.
Et maintenant, comment satisfaire cette base-là ? Très simple. Tout d’abord — ou en même temps, on s’en fout — baisser les impôts, quitte à creuser le déficit et/ou laisser dériver les services publics — pas grave, on ne s’en apercevra pas tout de suite. Ensuite — ou en même temps, on s’en fout, je viens de vous le dire — raconter les plus invraisemblables bobards, les répéter sans cesse, dire exactement le contraire quand ça devient inévitable — on s’en fout, la base a la mémoire d’un poisson rouge —, accuser les autres, les étrangers, les démocrates, les étrangers, les élites, les étrangers, les migrants, les étrangers, le FBI, les étrangers, la presse, les étrangers, les juges et surtout les étrangers, les accuser de tout ce qui ne va pas, sans cesse, tous les jours, tout le temps…

Baisser les impôts, raconter n’importe quoi. C’est assez clair, non ? Pourtant, il y a quelque chose que les deux motivations que je viens d’exposer brillamment n’expliquent pas : c’est le comportement du Donald vis-à-vis de Vladimir Putin — je suis désolé, c’est comme ça que ça s’écrit en anglais.
Satisfaire Putin, flatter Putin, se soumettre à Putin, tout ça ne peut avoir pour but premier de satisfaire la base électorale du Donald. Putin est quand même le chef actuel de l’ennemi principal des USA depuis plus de soixante-dix ans. Même les ploucs de Kansas City doivent s’en souvenir, quand même !

Alors quoi ?

Moi, je ne vois qu’une explication possible, une raison que je muris depuis un an et, c’est assez rare pour être signalé : je ne plaisante pas — enfin pas là, pas dans la phrase qui suit. Le Donald est victime d’un chantage de la part de Putin. Par exemple, Putin détiendrait des documents scandaleux sur le comportement sexuel du Donald, ou Putin aurait la preuve que Le Donald a sollicité l’aide de l’URSS pour son élection en échange de la livraison de certains secrets ou d’une promesse de suppression des sanctions économiques, ou de toute autre turpitude que je n’ose même pas imaginer.
Pensez-donc, le Président des États-Unis d’Amérique agent secret du KGB ! Voilà un scénario qui, il y a moins de deux ans, aurait été refusé par tout producteur d’Hollywood, même débutant.
Et puisqu’il a commencé, comme toute victime de chantage, Le Donald aggravera son cas en continuant à céder. Il continuera jusqu’à un éventuel procès en Impeachment. Mais comme je l’avais expliqué dans un article précédent, Impeachment, c’est pas demain la veille !

Quand je pense que, dès l’expression de mes premières craintes relatives au Donald, on me lançait dans les jambes Contre-Pouvoirs, Administration, Cour Suprême, FBI et CIA. Mais où sont-ils aujourd’hui, ces Contre-Pouvoirs, les fameux Checks and Balances ? Les postes au sommet de l’Administration ont été libérés pour être occupés par des zélotes, quand ils ne sont pas restés vacants. Les patrons du FBI et de la CIA ont subi une partie de chaises musicales sans précédent. Pour ne pas risquer de perdre leur investiture, les Républicains qui le sont encore sincèrement mangent leur chapeau plutôt que de ne pas soutenir leur Leader Massimo.

Par exemple, lorsque Le Donald offre à Putin cette chose absolument invraisemblable — lui remettre un ancien ambassadeur des USA à Moscou aux fins d’interrogatoire — les Républicains approuvent cette proposition à 66%. Quand, devant Putin, Le Donald déclare qu’il ne voit pas pourquoi la Russie serait impliquée dans le parasitage des élections présidentielles et que, de retour aux USA, devant la grogne de ses électeurs, le même Donald déclare en pataugeant dans sa langue confuse habituelle qu’en fait, ce qu’il avait voulu dire c’était exactement le contraire, à savoir qu’il ne voyait pas pourquoi la Russie ne serait PAS impliquée, tout le Parti Républicain court à la télévision pour expliquer que la langue du Donald avait bien évidemment fourché et qu’on n’avait jamais vu un président aussi fortement opposé à la Russie depuis la Déclaration d’Indépendance.

Le Donald, victime d’un chantage… Le Donald, traitre à son pays… c’est un truc qu’on commence à entendre par-ci et à lire par-là. Mon Dieu, mon Dieu, protégez Robert Mueller !

NDLR : vous avez surement compris que, ce matin, je vous parle du Donald pour vous faire oublier un instant l’affaire Benalla. Je vous aurais bien parlé de la Coupe du Monde, mais c’est de l’histoire ancienne. 

ET DEMAIN, UN CHALAND, ÇA PASSE

5 réflexions sur « ¿ TAVUSSA ? (46) – Trump 007  »

  1. @ Philippe,
    Comme beaucoup, comme toi, la personnalité de Trump et son “degré de liberté” me laissent absolument perplexes. Je partage tes interrogations et tes propos, notamment sur le comportement physique personnel de l’homme et sur ses prises de position politiques à l’égard aussi bien de ses alliés (en principe) que de ses ennemis (en principe) et le chaos international qu’il ne craint pas de créer et dont il se fout et contrefout éperdument. Mais je ne souscrit pas à l’hypothèse de la peur, pas même à celle de se ridiculiser persuadé qu’il est de son génie incommensurable. Comme tous les lâches il menace, insulte, virevolte les poings serrés en aboyant des rodomontades, promet des orages de feu et de sang comme il n’y en eut jamais, de préférence en direction de puissances plus faibles, rabaisse ses alliés de préférence si une femme déterminée en est à la tête (Angela Merkel et Theresa May), mais en se sachant bien protégé par les ramparts US. Trump est le type même du lâche à la puissance 10, celle de la puissance US qui le met en sécurité. Il n’a ni peur physiquement, ni moralement (avec le déballage de ses affaires de mœurs), ni personnellement avec ses postures caricaturales. “The hell with Trump!” C’est l’Amérique qui me rend de plus en plus perplexe. Combien de temps va-t-elle encore nous faire supporter ce monstre dangereux.

  2. @Jim
    …Le plus grand, le plus beau, le plus fort, le plus courageux…
    Le comportement du Donald peut effectivement conduire à penser qu’il se croit tout cela.
    Une autre hypothèse demeure cependant possible : c’est l’hypothèse inverse. Selon celle-ci, Le Donald est un lâche, il a perpétuellement peur. Pas une peur physique, bien sûr, car sa position actuelle le met (en principe, car il y a eu de nombreuses exceptions chez les présidents US) à l’abri des coups. Non, selon cette hypothèse, cette peur supposée est mentale, intellectuelle, une peur de ne pas être à la hauteur. (Il fallait voir sa tête quand, le soir de l’élection, il a appris qu’il avait gagné). C’est pourquoi il a peur des autres, peur de l’élite, peur de l’étranger, peur , peur, peur et, ayant peur de tous ces gens, il les déteste.
    Cette peur pourrait expliquer son comportement physique, l’attitude de brute, de gorille peroxydé qu’il adopte comme pour décourager les agressions, la moue de ses lèvres, voulant signifier le mépris de l’autre (toi, l’intellectuel, je veux te montrer que tu ne me fais pas peur), la prognathie de la mâchoire, sensée être représentative d’une volonté de fer, ces gestes de super mâle qu’il adopte pour bousculer le président du Montenegro ou serrer la main d’Emmanuel Macron… Tout son « body language » ne me parait absolument pas naturel et c’est pour moi une naïve composition à peine digne d’un film de série B des années Quarante.
    Le Donald, protégé dès son enfance par la fortune parentale, n’a probablement jamais connu de coup ni même d’échec, du moins qui ne soit rattrapé par la protection paternelle. Il craint donc les coups. Quand on les craint, ce qui n’est pas honteux en soi, il y a deux attitudes possibles :
    a) éviter les situations conflictuelles, les fuir, mais alors on ne peut pas faire d’affaires ni de politique
    b) adopter une attitude propre à décourager les adversaires, à leur faire peur.

    Le Donald, par ses rodomontades permanentes, me semble bien avoir choisi cette solution.

  3. @Antolinos
    L’action du Donald contre la Corée du Nord relève selon moi de la deuxième motivation que j’ai citée : Satisfaire sa base électorale. Le Donald pensait sans doute obtenir une victoire facile contre le « jaune », comme on disait dans les Aventures de Buck Danny. Il ne l’obtiendra pas mais peu importe, car ce qui compte pour Le Donald, c’est une victoire d’apparence : K.I.J. fait semblant de démonter des bases de missiles et ça convient tout à fait au Donald pour le moment pour autant que cette apparence continue jusqu’aux mid-term.
    On est dans une situation pas très différente avec l’Iran : la clientèle du Donald garde un souvenir très amer de la prise de l’ambassade US à Téhéran en 1979 avec une cinquantaine d’otages retenus par des étudiants hystériques pendant plus d’un an. Humiliation suprême, couronnée par l’échec lamentable de la tentative de libération par un commando. La rancune est tenace chez les Red Necks. La volonté de satisfaire leur esprit revanchard et celle de défaire tout ce qu’Obama avait fait expliquent à elles seules la position belliqueuse du Donald et de Pompeo vis à vis de l’Iran.
    Je pense qu’après la succession d’échecs ou de demi-échecs de la puissance militaire américaine depuis la fin de la WWII, en Corée, au Vietnam, en Afghanistan, en Irak, en Somalie, en Syrie,(en oublie-je ?) la base aimerait bien assister enfin à quelques victoires militaires ou succès diplomatiques dus à la puissance militaire US. C’est ce que Le Donald fait semblant de leur donner. Le problème, c’est que, dans ce domaine comme dans le domaine économique, grâce à ses rodomontades permanentes, il peut faire illusion pendant quelques mois, le temps que passent les prochaines élections.

  4. Aux motivations de ‘gagner plus d’argent’ et ‘satisfaire son électorat’, s’ajoute une autre motivation qui chaque jour me semble surpasser toutes les autres: satisfaire un ego surdimensionné, pas même imaginable. Trump est persuadé d’être le plus grand, le plus brillant, le plus courageux, président que les EU n’ait jamais eu. C’est pathétique, mais, oui, il se fout de ce qu’en pense les autres, tous les autres sur terre, puisqu’il est, lui, persuadé de son exeptionnalité universelle. Tout à fait possible que Poutine détienne un pouvoir sur lui. Il s’en fout puisqu’il sait que Poutine n’a qu’une cartouche et ne s’en servira pas tant qu’il est en place. Je résume maintenant Trump à un seul mot: c’est un lâche! Un lâche gigantesque. Dans tous les sens que ce mot peut avoir, avec ou sans accent circonflexe, nom, adjectif ou verbe. Il n’a même pas la capacité intellectuelle d’imaginer les conséquences de ses actes.
    Quand aux fameux contre-pouvoirs, s’il n’etait la lâcheté des républicains du Congrès qui se satisfont de Trump à seule fin de satisfaire leurs ambitions politiques ou électorales, attendons et soyons patients. Novembre n’est plus très loin. Espérons un réveil du peuple sous hypnose. Mais, il me faut malheureusement ajouter que moi-même je commence à douter des américains eux-mêmes qui deviennent de plus en plus égocentriques. “ME first”!

  5. L’hypothèse du chantage est plus que vraisemblable en effet, quelles qu’en soient les modalités. Mais dans ce cas, pourquoi céder aussi à Kimjong machin…? Peut-être lui a-t-il dit : « continue en douce tes essais (de toute façon tu en crèveras), mais arrête tes rodomontades qui m’obligent à te répondre en public ».
    Ce qui me trouble, c’est que le Donald professe les mêmes idées depuis très très longtemps, et que jamais il n’a varié; que malgré des échecs (toujours constructifs tant qu’on en est pas morts), il a réussi dans la phynance et les affaires (et même la politique, la preuve…).
    Soit il est plus intelligent que le commun, soit c’est un caractériel obsessionnel névrotique et compulsif, l’un n’excluant pas l’autre, et dans ce cas gare au monde.

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