Embuscade à Fort Bragg – Critique aisée n°128

Critique aisée n°128

Embuscade à Fort Bragg
Tom Wolfe
Robert Laffont Poche – 144 pages – 7,90€

Il nous avait habitué à des trucs plus longs, Tom Wolfe, plus long que ce petit roman, presque une nouvelle, cent quarante-quatre pages : Embuscade à Fort Bragg

On dirait le titre d’un western de série B des années quarante.

On en est loin, loin du Western, loin de la série B, loin des années quarante. C’est cinquante ans plus tard, la fin des années quatre-vingt-dix. C’est Fort Bragg, Caroline du Nord. Fort Bragg, on dit que c’est la plus grande base militaire au monde. Vingt-cinq mille soldats des forces spéciales, notamment les bérets verts, s’y entrainent chaque jour. On y forme des hommes, des vrais, des combattants, des costauds. Le soir, les Rangers, les costauds, ils vont à Fayetteville, à six miles de là, pour se détendre : boire un coup dans les boites topless de Bragg Boulevard et regarder les filles s’enrouler autour des mats de danse lascive.
Mais il y a de ces costauds qui n’aiment pas les homosexuels, particulièrement s’ils sont dans leur unité. Alors un jour, trois d’entre eux en tabassent un à mort. Personne ne dénonce personne, pas plus le Ranger de base que le général commandant la base. Les mois passent, on veut oublier l’affaire, le crime reste impuni…

C’est là que le roman commence. On y verra Jimmy, Flory et Ziggy, trois Rangers homophobes, Irv, un producteur d’émissions tv d’investigations, Mary, une présentatrice ultra célèbre, Lola, une stripteaseuse accessoire. Je ne vous en dirai pas plus. Sachez seulement que, si dans les premières pages vous penserez voir vivre et s’agiter des stéréotypes de soldats abrutis, de producteur East Coast antiraciste, de présentatrice TV professionnelle, vous serez vite détrompés car c’est l’une des spécialités de Wolfe que de montrer la complexité de ses personnages.

Une autre de ses spécialités, et c’est remarquable dans chacun de ses romans, c’est la description des scènes d’action. Pour cela, il utilise tout ce que l’écriture peut lui offrir : les mots, les onomatopées, la phonétique et jusqu’à la typographie. Dans Embuscade, il n’y a qu’une seule scène d’action, sur quelques pages, un court épisode du Bloody Sunday (3 octobre 1993) à Mogadiscio. On en sort aussi secoué que de certaines scènes de La Chute du Faucon Noir *

C’est vrai qu’il nous avait habitué à des trucs plus longs, Tom Wolfe, mais ce court roman est tout aussi costaud.

Note * : La Chute du faucon noir, film de Ridley Scott sorti en 2001, cinq ans après le livre de Wolfe.  Un des films de guerre les plus impressionnants qui soient. Ne le manquez pas , mais avant de le voir, attachez vos ceintures. La photo ci-dessus est extraite de ce film.

ET DEMAIN, UN TABLEAU, LE DEUX CENT DIX-SEPTIÈME. 

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