Aurélien et Bérénice : Un coup pour rien

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Aurélien et Bérénice : Un coup de foudre et Un coup du sort

 

3-Aurélien et Bérénice – Un coup pour rien

La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.
La deuxième fois aussi d’ailleurs. Ses traits étaient remarquablement asymétriques : son nez aiguisé s’incurvait du haut en bas vers la gauche et son menton pointu obliquait franchement dans la même direction comme pour suivre le mouvement initié plus haut. Semblable à un toit de chaume au-dessus d’une fenêtre en œil-de-bœuf, son sourcil droit, plus haut que le gauche, surmontait un œil couleur café au lait, mais avec plus de lait que de café. Si son œil droit était pratiquement de la même couleur que le gauche, il s’obstinait à regarder dans une direction différente de celle de son faux jumeau. Cachées par des cheveux épais dont la couleur rappelait celle de ses yeux, quoiqu’avec un peu plus de café, ses oreilles demeuraient invisibles. Aurélien se dit que c’était préférable. Sa bouche et ses dents étaient chez elle ce qu’il y avait de plus réussi : il n’y avait pratiquement rien à leur reprocher.
Sur cette constatation encourageante, Aurélien se mit à considérer la silhouette de Bérénice. Malgré sa taille moins que moyenne, elle arrivait quand même à paraitre dégingandée. C’était l’effet de sa grande maigreur à laquelle s’ajoutait une légère scoliose idiopathique. Poitrine creuse, dos vouté, bras ballant, pas trainant, c’était sa posture coutumière.

Aurélien, lui-même, n’était pas un Apollon du Belvédère. Ce qu’on remarquait tout d’abord chez lui, c’était sa calvitie. Si elle ne concernait que le haut du crâne, elle en occupait cependant la majeure partie, se prolongeant vers l’avant pour faire jonction avec son front et finissant sur la nuque et au-dessus des oreilles là où commençait un rouleau de cheveux blonds tendance Lavasse de L’Oréal. En fait, c’était comme s’il s’était coiffé d’un croissant au beurre raplapla et pas tout à fait assez cuit. Aurélien était grand, certes, mais trop ! Contrairement aux yeux de Bérénice, ceux d’Aurélien étaient désespérément identiques et de ce fait, aucun des deux n’était en mesure de rattraper l’autre.  Le nez d’Aurélien… Ah ! Le nez d’Aurélien ! Il n’aurait été pas si mal, et même au contraire assez réussi, n’eut été cette loupe qui en ornait la narine gauche. Eut-il été un peu plus court, disons même beaucoup plus court, que cela n’aurait pas nui à l’esthétique de l’ensemble. Mais s’il faut reconnaitre une chose à Aurélien, c’est que son bras gauche était parfait, superbe. On aurait pu le confondre avec celui de Rafaël Nadal. Équilibré, effilé, musclé, bronzé, splendide. Le problème, c’est qu’étant droitier, il ne s’en servait pratiquement jamais, et qu’en conséquence son bras droit, qui se tapait tout le boulot, ressemblait à un pseudopode exténué. Le reste de son corps, épaules, torse, hanches et jambes, était parfaitement décrit par Roger Ratinet, un camarade de régiment d’Aurélien, qui déclarait à qui voulait l’entendre : « Aurélien ? Il est foutu comme un quart Perrier ! »

Bref, en un mot comme en cent et pour dire les choses très franchement, Aurélien était aussi moche que Bérénice était laide.

Tout un chacun aurait pu penser que la nature et le hasard font bien les choses et que ces deux-là étaient fort assortis pour convoler en justes noces et plus si affinités. Eh bien, croyez-moi si vous voulez, il n’en fut rien.

Tout ce que Bérénice trouva à dire d’Aurélien, c’est : « Jamais je ne pourrai atteindre l’orgasme avec quelqu’un qui dit : je vais au coiffeur ».

Quant à Aurélien, il trouva que Bérénice était snob.

ET DEMAIN, PRINCESSE PALATINE , LA FIN

3 réflexions sur « Aurélien et Bérénice : Un coup pour rien »

  1. Faire moins la maline? Drôle de commentaire qui ne porte en aucune façon sur le texte.
    Ajouter « je rigole » à la fin est une façon de se disculper d’un commentaire peu gracieux.

    Pour ce qui est du texte, une fois de plus, le paragraphe 1 demeure le même. Toutefois, la suite est plus construite, et fait pendant au paragraphe 1 de façon judicieuse et bien pensée.
    Un texte somme toute très agréable. Bien plus que le texte 2 de la fois dernière.

    Alors, Antolinos, on fait moins le malin?

  2. Alors Rebecca… ? On fait moins la maline hein ?
    Je rigole.

  3. Hier avec Aurélien et Bérénice
    Je flairais un exercice factice
    Mais ne flairais pas un coup tordu
    Et à l’hameçon j’ai mordu.

    Se vêtant du costume d’Aragon
    De malice ce parangon
    Qui se cache derrière le JDC
    Nous livre des textes racés

    Sous prétexte d’un incipit
    Pour nous mettre sur orbite
    En attendant le coup de Jarnac
    Qui décidera ou pas de l’arnaque.

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