¿ TAVUSSA ? (40) : Zuckerberg m’a tuer

A 33 ans, Mark Zuckerberg ressemble plus à un étudiant qu’au Christ. Il est pourtant le CEO (Chief Executive Officer) de Facebook, réseau social qui rassemble 2 milliards (2.000.000.000 ! ) d’utilisateurs. Ces utilisateurs confient à Facebook, à leur insu ou volontairement, d’innombrables données personnelles. Facebook jure ses grands dieux que ces données sont considérées comme confidentielles et jamais communiquées à qui que ce soit.

Mais le scandale est arrivé par Cambridge Analytica dont on sait depuis quelques jours qu’elle a utilisé les données Facebook de 50 millions d’utilisateurs pour influer sur des élections majeures telles que la Présidentielle US (dans le sens d’un vote pour Trump) ou le vote sur le Brexit (dans le sens d’un vote pour la sortie de l’UK de l’Europe).

Après plusieurs jours de silence, Monsieur Z, le CEO au visage de benêt de campus, a fini par venir devant une caméra de télévision à deux reprises pour s’expliquer. Lamentables et risibles interviews dans lesquels il a présenté des excuses et tenté d’expliquer que sa bonne foi avait été abusée, qu’il allait faire en sorte que ce genre d’incident ne se renouvelle pas, etc, etc…

Tout à fait lamentable et insuffisant, mon cher Mark ! Les excuses, c’est accessoire, la promesse d’amélioration, c’est un minimum. Mais qu’en est-il de la réparation des dommages causés ? Somme toute, et compte tenu des scores très serrés des deux scrutins US et UK, Facebook se trouve de facto, par négligence et/ou complicité, responsable de la présence de Trump à la Maison Blanche et du départ de l’UK de l’Europe. Comment réparer ça ? Impossible, me direz-vous. Mais si, mais si : première étape, reconnaitre la responsabilité de Facebook dans l’épouvantable issue de ces deux élections, deuxième étape, constituer par une énorme donation à la mesure du chiffre d’affaire de Facebook une fondation d’étude et de lutte contre les Fake News, troisième étape, virer les responsables de la sécurité de Facebook, et quatrième étape, démissionner le CEO. Vous voyez bien que c’est possible. Tout cela en attendant les sanctions pénales. Sans compter celles de la Bourse.

J’ai trouvé sur CNN cet article mal écrit, que j’ai donc mal traduit, mais qui vous fera peut-être toucher du doigt la réalité de ce que Facebook conserve et utilise parmi tout ce que vous lui confiez.

J’ai téléchargé 14 années de mes données Facebook et voici ce qui est arrivé.
(par Sara Ashley O’Brien – CNN)

FACEBOOK A UNE MEMOIRE IMPECCABLE

Après avoir téléchargé mes données stockées sur le site ­ — je suis membre depuis 2004 — je me suis retrouvée devant une énorme quantité de données personnelles qui ont été rassemblées sur moi au cours des années.

Il y avait le numéro de téléphone de feu ma grand-mère qui n’avait jamais eu de compte Facebook ni même d’adresse email. Avaient été conservées les conversations que j’avais eues avec un « ex », personne avec qui je croyais avoir effacé tous mes liens digitaux. Il y avait même les traces des occasions où j’avais été « pokée »(1), occasions que j’avais oubliée. J’ai aussi appris que je figurais sur les listes de diffusion de Kate Spade New York et MetLife(2)

Se trouver face à ces données n’était pas qu’effrayant : ça ravivait aussi de pénibles souvenirs.

Quand, la semaine dernière, la nouvelle est sortie que Cambridge Analytica avait eu accès aux données de 50 millions d’abonnés Facebook sans qu’ils le sachent, j’ai voulu en savoir davantage sur les données que Facebook possède à mon sujet.

En allant sur la page « Réglages », j’ai cliqué sur une option permettant de télécharger une copie de mes données en bas de la section Compte général (3)

Facebook m’a envoyé par email un lien permettent de charger mes données, ce que j’ai fait. Cela a pris environ 10 minutes (Ce délai dépend de la quantité de données que vous avez générées). Les données sont classées en groupes : publicité, contacts, évènements, messages, historique, etc…

J’ai commencé avec le groupe « publicité » et j’ai appris ainsi quels annonceurs sont en possession de mes informations de contact. Parmi eux, il y avait Bed, Bath and Beyond, Target et Marriott Rewards (4) … avec en plus quelques sites de crowdfunding (5) dont je n’avais jamais entendu parler. Parmi ceux qui avaient accès à ses données, un de mes collègues avait trouvé quelques annonceurs surprenants : Rod Stewart, Sally Beauty et Cyndi Lauper (6). (Il dit qu’il n’est fan d’aucun de ces noms.)

Je peux voir les dates auxquelles je suis devenue amie avec mes contacts sur Facebook. Facebook conserve aussi les conversations que j’ai eues avec des gens que j’ai essayé d’oublier, y compris le type avec qui je suis sortie épisodiquement pendant plusieurs années. Je n’avais pas effectivement effacé nos conversations sur Messenger (7). Il aurait fallu que j’efface l’historique de nos conversations pour l’ôter de la mémoire digitale de Facebook… et de la mienne, si je voulais revoir mes conversations passées sans tomber sur celles-là. Ne cliquer que « Unfriending« (8) n’était pas suffisant.

Le groupe des « Infos de contacts » listait tous les contacts que j’avais un jour stocké sur mon téléphone — y compris ceux qui ne figurent plus dans mon récent iPhone.

La procédure pour éliminer de la mémoire de Facebook ces contacts indésirables ne fut pas claire tout de suite, mais j’ai pu le faire en cliquant sur here,

Dimanche, Facebook a orienté CNN vers un article de son blog qui aborde le sujet des appels et des textes. Facebook y insiste sur le fait qu’il ne vend jamais ces données et qu’il ne « recueille pas le contenu de vos messages et de vos appels…Vous gardez toujours le contrôle des informations que vous partagez sur Facebook. « 

La façon de contrôler les autres données était plus simple — comme révoquer manuellement les autorisations d’accès que j’avais données antérieurement aux applications de Facebook. La même chose pour les annonceurs : pour me retirer de la liste de tous ou de certains des annonceurs, il suffisait simplement de les « décocher » dans la page des « Préférences ».

La vraie solution est de comprendre tout des données que Facebook réunit sur vous.
Après tout ça, j’en suis venu à la conclusion que le fait d’aller sur Facebook ne devrait pas être un sport de tout repos(9).

Notes du traducteur
Note 1 : To poke, sport national sur Facebook, intraduisible en français, peut-être « attirer l’attention »
Note 2 : Respectivement Mode masculine et féminine et Compagnie d’assurance.
Note 3 : Personnellement, je n’ai pas trouvé cette option.
Note 4 : Diverses sociétés commerciales
Note 5 : Financement participatif
Note 6 : Respectivement, chanteur, cosmétiques et chanteuse
Note 7 : Application de « chat » sur Facebook
Note 8 : Bloquer (?)
Note 9 : Vu comme ça, préserver ses données parait possible, compliqué mais possible. Mais c’est là-dessus que Facebook compte :  comme le dit l’auteur de l’article, ce n’est pas un sport de tout repos, ça demande un effort. Et cet effort, peu de gens le feront. Quant à fermer son compte Facebook, on est prié de ne pas dire des âneries pareilles.

ET DEMAIN, RUE DE RENNES, IL Y  AURA DU NOUVEAU

6 réflexions sur « ¿ TAVUSSA ? (40) : Zuckerberg m’a tuer »

  1. Philippe,
    je suis TAFDAC (tout à fait d’accord, note 10 dans les enquêtes d’opinion). Je pense très exactement la même chose, simplement dite autrement. Moi aussi je suis pour la liberté d’entreprendre et l’autorégulation – on est pas en URSS, ou ce qu’il en reste, fichtre! – mais à condition que les libres entrepreneurs soient responsables des conséquences de leurs actes, qu’ils en rendent compte autrement que par de simples excuses à la Zuck, et pour qu’ils en rendent compte il faut que la société et ses corps constitués établissent les règles du jeu. De ce point de vue là, la France est bien en avance sur les USA, la CNIL par exemple. Malheureusement, la France ne contrôle pas l’explosive fée GAFA qui oeuvre sans se soucier des frontières et elle doit se conformer aux règles d’une autre fée, l’Europe, qui, elle, n’est pas apte à faire face à une explosion, pas même à circonvenir un incendie (les exemples sont bien malheureusement légions).

  2. Jim
    Les USA sont entre autres et en principe le royaume de la non-régulation. Cette particularité, c’est la langue d’Ésope, ça donne le pire et le meilleur. Aujourd’hui, les armes ne sont pas mon sujet, alors, c’est Facebook. Mais ça pourrait être Google, tout aussi bien. Mais ce GAFA là ne s’est pas fait prendre. Pas encore.
    La croissance des GAFA comparée à celle des entreprises du siècle dernier, c’est l’explosion comparée à l’incendie. (Et c’est un ancien expert qui vous parle). Un incendie (la définition des assureurs est : combustion vive avec flammes hors d’un foyer normal), ça peut se combattre, se circonscrire, et même s’éteindre. Une explosion (action violente et subite de la pression ou de la dépression des gaz ou vapeurs…), quand elle survient, ça ne se contrôle pas. Elle survient et c’est tout. Le seul moyen de lutte contre l’explosion, c’est la prévention. Or, il n’y a pas eu de prévention contre ces GAFA. Personne n’a imaginé, n’a voulu imaginer ce qui était inscrit dans leur berceau, ou quand certains l’ont imaginé, on ne les a pas crus, on les a ridiculisés.
    Je ne suis pas contre les GAFA. D’ailleurs, je ne verrai probablement pas les vraies transformations radicales qu’elles sont en train d’apporter. Faire confiance aux entreprises pour qu’elles se régulent elle-même, je suis plutôt pour, à la condition qu’elles le fassent. Et si elle ne le font pas, ou mal, je suis pour qu’elles le payent très cher.
    Facebook paiera-t-elle sa légèreté ou sa complicité dans cette affaire Cambridge Analytica. J’en doute. Apple a-t-elle payé son refus de donner au FBI la méthode de debreakage de ses iPhones dans le cas de je ne sais plus quel massacre de masse. Non.
    Je ne suis donc pas d’accord : Zuckerberg, malgré sa tête de gentil troisième de la classe, est responsable de cette affaire et donc de ses conséquences. Tout au moins l’est-il dans le cadre US ou tout ce qui n’est pas interdit est permis. Avec les moyens que lui ont donné sa réussite, il lui appartenait de mettre en place les dispositifs de contrôle, que dans ma Béotie informatique je n’imagine même pas, mais que des tas de jeunes gens de Copertino, plus matheux ou plus techniques que lui, auraient pu construire pour lui.
    J’espère que le Congrès va l’essorer.

  3. Bonjour Avistodenas,
    Si tu n’as jamais acheté un billet de chemin de fer sur Internet, si tu n’as jamais consulté Wikipedia pour savoir qui était Jean-Philippe Smet ou Jean-Sébastien Mouche, si tu n’as jamais rien commandé sur Amazon,si tu n’as pas enregistré de produit pour bénéficier de la garantie constructeur, si tu n’as jamais reçu de qui que ce soit un email général dénonçant la corruption de tel ou tel politique avec la liste des adresses des destinataires en clair, si…, si… et si tu n’as ni compte Facebook, Instagram, et tutti quanti, alors, non seulement tu seras un homme mon fils, mais effectivement tu n’es pas concerné.
    Mais il en reste deux milliards au moins qui le sont.
    Quant à savoir à quoi peuvent bien servir ces données volées, les journaux sont remplis d’ explications : en bref, les données permettent de cerner la personne, de connaître ce qu’elle aime et surtout ce dont elle a peur. Quand on saura ça, le message qu’on lui adressera pour l’inciter à ne pas voter Hillary ou à vote pour le Brexit sera calibré pour une efficacité maximale.

  4. A mon commentaire précédent je voudrais ajouter cette citation attribuée à Lénine qui me vient à l’esprit: « Les capitaliste nous vendrons* la corde avec laquelle nous les pendrons ».
    * Et avant de la vendre, les capitalistes la produiront cette corde. GAFA, c’est bien un dieu capitaliste me semble-t-il. M’est avis que Poutine s’est souvenu de cette augure de Lénine.

  5. Eh oui, Zuckerberg a créé malgré lui un monstre gigantesque, bien plus énorme littérairement que Prométhée, Mr Hide ou Frankenstein, ou tout autre fiction, car réel. Certes, Zuck est un génie sur le plan créatif avec les moyens du bord qu’on nomme les « nouvelles technologies ». Sa création lui échappe, soit! Mais c’est pas lui le responsable. La responsabilité incombe à ceux qui l’ont laissé faire, toutes les autorités civiles, gouvernementales, religieuses, etc, obnubilées par ce génie (lui-même et celui qu’il a créé) bien plus que par ses conséquences. Mais c’est pas tout. J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mon point de vue dernièrement dans ce même JdC: le véritable problème, bien plus gigantesque encore que Facebook, c’est que ses données peuvent être additionnées à celles de Google qui retient tout de ce que vous consultez sur son moteur de recherche, tout de vos allées et venues et conversations téléphoniques que lui transmet votre iPhone, additionnées encore à celles de vos achats et pas que sur Amazon, additionnées à toutes celles stockées précieusement par Apple.. Alors, pourquoi nos autorités si fières de leurs pouvoirs sur nos nos droits, nos portefeuilles, nos consciences et même nos âmes, n’ont-elles rien fait. Mais parce qu’elles sont dépassées par les évènements, par ce nouveau dieu inattendu qui se nomme GAFA. Et pensez, qu’en l’espace de quelques années, les 4 créateurs de génie derrière GAFA sont devenus les hommes (tiens! il n’y a pas de femmes parmi eux!) les plus riches du monde, plus riches que la Reine d’Angleterre, plus riches que Trump. Merde alors!

  6. Et si l’on n’a pas de Facebook ;..? Je pose la question avec toute l’ingénuité possible puisque je n’en ai jamais eu. Mes échanges sont-ils aussi répertoriés quand même ? Et je n’imagine même pas qu’ils puissent servir à quoi que ce soit…….
    Donc, je crois que je n’y comprends goutte…!

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