Morceau choisi
Tel s’est précipité hors sa vaste demeure
Lassé d’être chez lui, puis soudain y retourne,
Ne sentant aucun mieux à séjourner dehors.
Il presse le pas, court, harcèle sa monture
Comme allant au secours de sa maison en flammes.
Le seuil à peine atteint, il se met à bailler,
Tombant d’un lourd sommeil pour y chercher l’oubli
À moins qu’il ne se hâte à nouveau vers la ville.
Chacun cherche à se fuir, personne n’y parvient
Et puis l’on tourne en rond dans le cercle de vivre
Où nul plaisir nouveau ne peut plus nous surprendre.
Tant que nous n’avons pas l’objet tant convoité
Le manque fait son prix. L’avons-nous obtenu,
C’est un autre aussitôt que visent nos désirs.
Lucrèce – poète, philosophe, 94-54 avant JC
De rerum natura
Traduction d’André Comte-Sponville – philodophe, écrivain, 1952-
ET DEMAIN, PARTEZ DANS LE DÉCOR
Manque et frustration sont éternels. Mais plus encore aujourd’hui puisqu’il y a tant à désirer.