Une gêne obscure

Voyez-vous, lorsqu’on a trop réussi sa vie, on sent,
N’ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal,
Mille petits dégoûts de soi, dont le total
Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure.

Edmond Rostand
Cyrano de Bergerac – Acte V – Scène II – Le Comte de Guiche

ET DEMAIN, UN COLLAGE

5 réflexions sur « Une gêne obscure »

  1. Mais, comme on dit en anglais… All is fair in love and war.
    Non, il n’est pas fair play du tout, envoyant même les cadets, qu’il commande et qui ne devaient pas y aller, au siège d’Arras afin d’essayer de faire tuer Christian qui vient d’épouser en secret Roxane. Il va ensuite jusqu’à faire savoir à l’ennemi, via un espion, que c’est leur portion de la ligne de défense qu’il faut attaquer, car moins densêment défendue que le reste.
    Oui, il se rattrape à la fin, mais sans doute est-ce dû au fait que, si Roxane ne peut avoir Christian, elle ne veut avoir personne, et se mure dans un couvent. Du coup, De Guiche ne peut qu’être un ami, rien de plus.

  2. Hé oui ! Guiche se rattrape un peu vers la fin de la pièce… Parce qu’au début, si je me souviens bien, il n’est pas très fair play.

  3. Ce que j’aime le plus, dans ces vers de De Guiche,
    C’est, parlant à Le Bret, les deux beaux vers d’avant,
    Et, Plus charmants encor, les pensifs vers suivants,
    Qu’il adresse à Roxane, aux jolis yeux de biche:

    « (…) Je sais, oui: j’ai tout, il n’a rien….
    Mais je lui serrerais bien volontiers la main. »

    « Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure,
    Pendant que, des grandeurs, on monte les degrés,
    Un bruit d’illusions sèches et de regrets,
    Comme, quand vous montez lentement vers ces portes,
    Votre robe de deuil traîne des feuilles mortes. »

  4. Ça, c’est un bon sujet pour classe de philo.
    Peut-on trop réussir sa vie ? Qu’est-ce que réussir sa vie ? Réussir sa vie apporte-t-il le bonheur ? Peut-on être trop heureux ? Qu’est-ce qu’être heureux ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Vous pouvez répéter la question ?
    Vous avez quatre heures …

  5. Peut-on vraiment « trop réussir sa vie » ?

    Satané Cyrano ! Mais quel panache !

    Pour la « gêne obscure », je pense que nul n’y échappe, ou alors il est fait d’un bloc d’auto-suffisance…

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