La campagne – Post it n°20

Aujourd’hui, quelques jours après la Toussaint, le Jardin du Luxembourg est à son meilleur. Le soleil est radieux, l’air est purifié par un petit vent irrégulier et les nuages laissent une large place au ciel bleu. Il y a une dizaine de minutes, je me suis assis face au Sud. Les pieds bien posés sur la petite rampe métallique qui court au ras du sol le long de la pelouse en demi-lune, à peine renversé dans mon fauteuil de métal, les avant-bras appuyés sur les accoudoirs, j’ai ouvert le livre que l’on vient de m’offrir : « Les leçons du Vertige ». De temps en temps, je lève les yeux du bouquin et je vois le parterre de fleurs, l’herbe tondue, et plus loin les arbres et, au-dessus de leurs cimes vertes et jaunes, les nuages qui passent sans se presser du haut de la tour Montparnasse au dôme de l’Observatoire. Pas d’autre bruit que celui des conversations tranquilles des promeneurs qui passent derrière moi, des pieds des enfants qui raclent le sol et des ailes des pigeons qui m’effleurent. Le soleil me chauffe amicalement le visage.

Un couple s’est approché. Il s’est dirigé vers les deux fauteuils qui sont demeurés libres à ma droite. L’homme a la cinquantaine. Il est habillé d’un pantalon de flanelle grise, d’une veste de velours noir et d’un large Borsalino marron. Une longue écharpe rouge entoure son cou une fois et pend jusqu’à ses genoux. La femme qui l’accompagne est jeune, vingt ans peut-être, tout habillée de noir. L’homme au chapeau a choisi le fauteuil le plus proche, l’a déplacé un peu, puis s’est assis.

En quelques ondulations du corps, il s’est installé confortablement. Il a croisé une jambe sur l’autre et il a regardé autour de lui. Il a vu les fleurs, l’herbe, la cime des arbres, les nuages qui couraient entre la tour Montparnasse et l’Observatoire. Il a fermé les yeux, il a respiré profondément et il a dit:

—Ah ! Ce que j’aime la campagne…

7 réflexions sur « La campagne – Post it n°20 »

  1. Une autre anecdote du même tabac :
    Le mariage de ma sœur (je devais avoir 12 ou 13 ans) avait été célébré dans une toute petite église de Normandie. La réception avait lieu après dans la maison de campagne que mes parents louaient à l’état et en l’état. Il devait y avoir cinquante ou soixante voitures garées dans un pré. Au cours de la réception, une des invitées s’adresse à une autre :
    -Tiens ? C’est drôle, tu as mis des chaussures plates ! Avec une robe de cocktail !
    -Ecoute, chérie. Je n’allais quand même pas mettre des talons aiguilles pour marcher dans la meeerde !

  2. Cela me rappelle une anecdote à l’opposée de celle-ci, vécue lorsque je vivais en Bretagne, à Rennes.

    Me promenant dans la campagne bretonne avec un ami, nous nous trouvâmes soudain nez à nez avec deux couples d’une cinquantaine d’année (âge individuel, et non collectif), dont aucun membre n’était habillé pour ce genre d’expédition.
    L’une des femmes, en talons et manteau de poils soyeux, du vison, peut-être, s’exclama d’un ton haut perché et en arrondissant ses voyelles comme seules en sont capables les femmes de la haute: « Ca PUE la campâââgne, ici! »

  3. Merci, Avistodenas, de m’avoir suivi du MdE jusque sur le JdC.
    C’est vrai que l’écharpe rouge peut faire penser à Mitterrand, surtout qu’il avait l’habitude de fréquenter le Luxembourg, et même, de temps en temps, la nuit, ses squares.
    Mais je ne crois pas que F.M. aurait porté un Borsalino, trop marqué élégance ou maffia italienne, mais plutôt un chapeau bien français, bien sérieux, genre 4ème République comme celui d’Antoine Pinay.

  4. D’accord! Si l’homme au borsalino regardais les nuages entre l’Observatoire et la Tour Montparnasse, il était face au sud, forcément, et donc Philippe aussi. Dont acte! (A moins qu’il ait raté son selfie…)

  5. Bon, ne vous battez pas !

    Un monsieur avec un borsalino et une écharpe rouge, ça me rappelle quelque chose….

    Mais c’est sûr qu’il devait revivre le premier matin du monde….

  6. Hum! Assis face au Sud, peut-être, mais la photo est face au Palais Médicis (ou Sénat), donc face au nord. J’ai toujours ma boussole dans la tête!

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