Princesse palatine : 4- Le duc de Bourgogne

Princesse palatine : 4- Le duc de Bourgogne 
Si vous ne savez plus très bien qui était la princesse palatine, reportez-vous à la note de bas de page (4). Sinon, lisez directement cet extrait de sa correspondance.

7 février 1709
Marly

Le duc de Bourgogne (1) et le duc de Berry (2) ont été élevés ensemble et de la même manière, mais ils sont d’humeur très différente. Le duc de Berry n’est pas du tout dévot, il n’a de considération pour rien au monde, ni pour Dieu ni pour les hommes, aucunes maximes ; il ne se soucie de rien dépourvu qu’ils se divertissent, n’importe comment, tout est bien pour lui. Voici d’ailleurs quelles sont ses divertissements ordinaires : chasser, jouer aux cartes, parler avec des jeunes femmes qui n’ont pas le sens commun et bien manger, c’est là tout son plaisir. J’avais oublié les glissades sur la glace ; cela en fait partie aussi.

Mon fils (3) est d’une tout autre espèce. Il aime la guerre et s’y entend ; il n’aime pas tirer des coups de fusil, ni jouer, ni chasser, mais il aime tous les arts libéraux et par-dessus tout la peinture… il s’amuse à distiller ; Il aime à la conversation : il ne cause pas mal. Il a fait de bonnes études et sait beaucoup de choses, car il a une bonne mémoire il aime la musique et les femmes. Pour ce dernier article, je voudrais qu’il s’y adonnât un peu moins, car il se ruine lui et ses enfants, et cela l’amène souvent à fréquenter trop mauvaise compagnie.

Notes

1-Le duc de Bourgogne (1682-1712), petit-fils de Louis XIV
2-Le duc de Berry (1686-1714), petit-fils de Louis XIV
3-La forme de cette lettre de la Princesse Palatine conduirait à penser qu’après avoir parlé du duc de Berry, elle va ensuite décrire le duc  de Bourgogne (1682-1712). Pourtant, elle écrit : « Mon fils est d’une tout autre espèce. » Or, le duc de Bourgogne (1682-1712) n’est pas son fils mais celui de Louis de France, fils ainé de Louis XIV. Son fils, c’est Philippe d’Orléans (1674-1723), celui qui deviendra régent de France à la mort de son oncle Louis XIV.  C’est bien de lui qu’elle parle quand elle dit qu’il est d’une tout autre espèce… Obscurité étonnante chez cette princesse-écrivain dont le style était particulièrement précis. Quelqu’un pourra-t-il m’expliquer ?
4-Lorsqu’elle arrive d’Allemagne à la Cour de Louis XIV en 1672 en tant qu’épouse du frère du Roi, Elisabeth-Charlotte du Palatinat a 20 ans. Par son mariage, cette princesse palatine devient Madame, duchesse d’Orléans. Voici le portrait qu’en faisait Saint-Simon :
« Madame tenait beaucoup plus de l’homme que de la femme ; elle était forte, courageuse, Allemande au dernier point, franche, droite, bonne, bienfaisante, noble et grande en toutes ses manières ; petite au dernier point sur tout ce qui regardait ce qui lui était dû : elle était sauvage, toujours enfermée à écrire, dure, rude, se prenant aisément d’aversion ; nulle complaisance, nul tour dans l’esprit, quoiqu’elle ne manquât pas d’esprit ; la figure et le rustre d’un Suisse; capable avec cela, d’une amitié tendre et inviolable. »

 

ET DEMAIN, FIN DE LA SEMAINE AUX SEYCHELLES : UNE QUEUE DE POISSON

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *