Princesse palatine : 2–Une chute de cheval  

Princesse palatine : 2–Une chute de cheval  

Si vous ne savez plus très bien qui était la princesse palatine, descendez à la note de bas de page. Sinon, lisez directement cet extrait de sa correspondance.

14 décembre 1676
Saint Germain

(…) Il faut que je vous conte cette histoire : nous avions déjà pris un lièvre et fait envoler une pie. Comme nous allions au tout petit pas, je m’aperçois que ma robe n’est pas bien arrangée sous moi ; j’arrête mon cheval et je me baisse pour la rajuster. Mais, tandis que je suis dans cette posture, voilà qu’un lièvre part, et tout le monde se met à sa poursuite ; mon cheval, qui voit courir les autres, veut les suivre et fait un saut de côté ; j’étais déjà à demie-désarçonnée ; ce saut me fait quitter presque tout à fait la selle, dont je saisis vivement le pommeau, sans dégager mon pied de l’étrier, espérant me remettre d’aplomb.  Mais au moment où je saisis le pommeau de la selle, les rênes m’échappent et je crie à un cavalier qui était devant moi d’arrêter mon cheval ; ce cavalier s’élance sur moi avec une telle impétuosité que ma monture s’effraye, et, au lieu de s’arrêter, tourne d’un autre côté et s’emporte.  Je me tiens ferme tant que je vois d’autres chevaux auprès de moi ; mais dès que je me vois seule, je me dégage tout doucement et je me laisse tomber sur la verte pelouse avec un tel bonheur que, Dieu soit loué, je ne me suis fait le moindre mal.  Vous qui admirez si fort notre roi pour m’avoir si bien assisté lors de mes couches, vous l’aimerez encore dans cette rencontre, car c’est lui qui s’est trouvé le premier auprès de moi. Il n’a pas eu de repos qu’il ne m’eut lui-même visité la tête de tous côtés.  Enfin, ayant trouvé que j’avais dit vrai, il me conduisit dans ma chambre, resta encore quelques temps auprès de moi pour voir si je ne m’évanouirais pas ; enfin il ne retourna au vieux château que lorsque je lui eu assurer derechef que je ne ressentais pas le moindre mal. (…)

Note

Lorsqu’elle arrive d’Allemagne à la Cour de Louis XIV en 1672 en tant qu’épouse du frère du roi, Elisabeth-Charlotte du Palatinat a 20 ans. Par son mariage, cette princesse palatine devient Madame, duchesse d’Orléans. Voici le portrait qu’en faisait Saint-Simon :

« Madame tenait beaucoup plus de l’homme que de la femme ; elle était forte, courageuse, Allemande au dernier point, franche, droite, bonne, bienfaisante, noble et grande en toutes ses manières ; petite au dernier point sur tout ce qui regardait ce qui lui était dû : elle était sauvage, toujours enfermée à écrire, dure, rude, se prenant aisément d’aversion ; nulle complaisance, nul tour dans l’esprit, quoiqu’elle ne manquât pas d’esprit ; la figure et le rustre d’un Suisse; capable avec cela, d’une amitié tendre et inviolable. »

 

ET DEMAIN, LE RETOUR DE LA CHOSE…

2 réflexions sur « Princesse palatine : 2–Une chute de cheval   »

  1. Une anecdote bien sympathique.
    Il est vrai, et je le sais pour l’avoir essayé, que le monte en amazone est parfois acrobatique.
    Imaginez donc! Se retrouver, pendant la chasse, à sauter des obstacles (barrières, troncs d’arbres… ) en étant assise de travers, donc avec le point de gravité décentré! En effet, l’assise est tournée vers l’avant, mais les jambes sont toutes deux du même côté.
    Magnifique à voir, avec ces longues robes, mais décidément pas facile.

  2. Les esprits mal tournés seraient en droit de se demander si Louis XIV ne voulait pas saisir cette occasion pour s’assurer que Madame, la Princesse Palatine, épouse de Monsieur dont les penchants pour ses favoris étaient connus, était bien une femme. Mais ne soyons pas médisants! Ce que je voulais surtout dire ce matin est que, à quelques mètres derrière la plaque de la rue Palatine en photo, au coin de la Place Saint-Sulpice, se trouve caché là l’un des plus charmants des petits hôtels de Paris, digne de figurer dans la collection des Belles Boutiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *