Archives mensuelles : octobre 2016

¿ TAVUSSA ? (11) Pas de politique, mais…


Le JdC ne fait pas de politique, mais …

 Depuis bientôt trois ans que ce journal existe, vous n’avez pas été sans remarquer qu’il n’aborde jamais de sujet politique. Bien sûr, quelques fois, au détour d’une considération philosophique de haut niveau, d’une critique artistique raffinée ou d’une anecdote sociale exemplaire, le lecteur attentif et subtil a pu se faire son idée quant à la position de la Rédaction sur l’éventail politique.

Mais le JdC n’aborde jamais de front les sujets politiques. Il y a plusieurs raisons à cela dont celle-ci, non des moindres :

Son lectorat n’est pas si nombreux qu’il puisse se permettre de perdre les deux ou trois électeurs de gauche qui le lisent encore de temps en temps ou les deux ou trois supporters de l’extrême droite qui croient s’y retrouver parfois.

Pas d’article politique, c’est la ligne de conduite qu’avec les nuances évoquées plus haut, j’ai voulu respecter jusqu’à présent. Mais parfois, c’est dur, et même très dur.

Cependant, j’ai fini par penser que l’on devrait pouvoir parler politique sans fâcher une partie de sa clientèle à condition, par exemple, de se limiter à la politique étrangère. Entendons-nous, il ne s’agit pas de celle qu’essaye de commenter l’ancien Maire de Nantes, mais de politique dans des pays étrangers.

Prenez les USA, par exemple, c’est intéressant Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (11) Pas de politique, mais…

Chronique des années passées – 3

Chronique des années 10 

3 – Sainte Geneviève 

-7:30 réveil.
Petit déjeuner habituel : café allongé sans sucre, trois ou quatre tartines sans gluten avec une légère couche de Saint Hubert sans cholestérol. Quelques compléments alimentaires pour le soyeux du poil. Les dernières nouvelles sur BFM : Alep est encore plus détruite qu’hier et Mossoul bien moins que demain. On va organiser un referendum auprès des zadistes pour savoir s’ils approuvent le referendum qui vient d’approuver le projet de Notre Dame des Landes. Il sera toujours temps ensuite de vérifier si cette consultation était bien constitutionnelle. On apprend que notre président a tout avoué, sans anaphore ni vergogne, tout simplement. Bonne nouvelle : quatre cents emplois Alstom ont été sauvés à Belfort pour les deux années qui viennent, à un million le bout. C’est l’Etat stratège qui a trouvé l’idée. Celui-là même qui n’avait rien vu venir a décidé de passer commande pour une trentaine de locomotives capables de rouler à plus de 300 km/ heure pour les faire circuler sur des voies inter-cités, où, techniquement elle ne pourront pas dépasser le 200km/heure et où, de toute façon, compte tenu des faibles distances entre arrêts, rouler plus vite n’aurait aucun intérêt. Il sera toujours temps Continuer la lecture de Chronique des années passées – 3

Chez les Lapons il fait moins seize

Morceau choisi
Encore un petit coup de Vialatte, encore un petit coup d’automne.

La neige tombe en Dalécarlie ; chez les Lapons il fait moins seize. Groupés autour d’un feu de lichen, à la lueur d’une lampe à huile, ils glissent avant d’aller se coucher le dernier numéro de Match sur leur poitrine, entre la chemise et la peau, pour ne pas contracter de bronchite, ou envahissent les palaces de Stockholm. A Paris, dans les pharmacies, on se met à vendre des peaux de chat : tantôt sous forme de plastron, tantôt sous forme de chaussettes ; et quelquefois le chat tout entier -il est énorme- dans lequel on découpe ce qu’on veut. C’est le dernier cri de la médecine. Offrez des chats. Des hommes armés d’arc et de lassos les chassent la nuit sur les toits des églises.
Le marron d’Inde tombe comme un plomb, la feuille s’envole. Une odeur de moût vient des caves, un parfum de cèpes vient des bois. N’hésitez plus : rentrez votre caoutchoutier ; ne l’arrosez pas trop, mais coupez ses feuilles mortes. Essuyez bien vos pieds avant de rentrer chez vous ; mangez de l’ail, facteur d’équilibre, et de l’oignon, parfait ennemi de l’acide urique, hachés sur des tartines de beurre. Vendangez, labourez, chassez, repassez votre leçon d’algèbre, cueillez les champignons avec discernement. Pleurez la mort de Charles le Chauve et ne labourez pas par temps mou.

Alexandre Vialatte
Chroniques de La Montagne 1952-1961
(c) Robert Laffont

Cours de mythologie 1ère année-Leçon 8

Salade grecque

Avertissement
Vous allez lire une horrible histoire. Elle est horrible mais vraie. Absolument garantie véridique. Elle a été rapportée par un historien réputé et digne de foi, Robert Rank Graves (1895-1985)
Pour une fois, les noms des personnages n’ont pas été modifiés. Ces gens-là s’appelaient vraiment comme ça, et c’est surtout ça qui rend l’histoire incroyable. Et pourtant, elle vraiment vraie. Voyez vous-mêmes :

Dans le quartier de la Phocide, c’est Térée le chef. Il est à la tête d’une bande de petits voyous colériques, sanguinaires et sans scrupules. Il est lui-même le plus coriace, colérique, sanguinaire et sans scrupules de toute sa bande. Il est parvenu à ce poste par la violence, la contrainte et la tromperie. Il est, pour le moment et ce, jusqu’à ce qu’un petit gars plus coriace, colérique, sanguinaire et sans scrupule que lui le détrône, le patron incontesté du jeu, de la drogue et de la prostitution dans son quartier. Il est jeune et vigoureux, mais célibataire. Et ça lui pèse.

De l’autre côté de la rivière, c’est le quartier de l’Attique, et là, c’est Pandion qui est le boss. Beaucoup plus âgé, Pandion est plus calme, plus posé que Térée. Il est aussi beaucoup plus marié et possède beaucoup plus d’enfants : Boutés et Erechthée, deux garçons jumeaux, Philomèle, une jeune fille de quinze ans, et Procné, sa sœur aînée. À part ça, Pandion fait à peu près le même boulot que Térée, mais en mieux.

L’année dernière, Pandion avait invité Térée Continuer la lecture de Cours de mythologie 1ère année-Leçon 8

Les nouvelles américaines (Critique aisée 81)

Critique aisée n°81

Les nouvelles américaines 

Je crois bien que c’est pour la dernière fête des pères qu’on m’a offert 20+1 NOUVELLES (Albin Michel, collection Terres d’Amérique). Je suis resté plusieurs semaines à hésiter devant ce pavé de 620 pages. Pour moi dont les livres offerts s’empilent à peine entamés sur ma table de nuit, moi qui ne lis pratiquement plus que des valeurs sûres et classiques, qui refuse la plus petite aventure littéraire, qui n’ai plus le temps de lire, occupé que je suis à remplir chaque jour ce Journal des Danaïdes, pour moi, 20+1 NOUVELLES, c’était vraiment beaucoup. Et puis, un vendredi de cet été, il pleuvait, c’était juillet et la campagne, et j’ai ouvert le volume au hasard vers le milieu, et voilà.

Quand je lis Houellebecq, chaque fois que je peux, Proust, un petit bout chaque semaine, ou Maupassant, ou Sagan, ou Flaubert, deux fois par an, quand je lis Vialatte, presque chaque jour, ou Céline ou Camus, tous les dix ans, quand je lis l’un de ces auteurs, je déguste, j’apprécie, j’admire. Il m’arrive même maintenant de disséquer. J’admire, mais je ne me dis pas : « J’aurais voulu écrire cela ». Ce n’est pas parce que cette perfection m’est inatteignable. Elle l’est, c’est certain, mais ce n’est pas pour cela que je n’ai pas envie d’avoir écrit Madame Bovary ou Bonjour tristesse (Tout à fait entre nous, c’est faux : j’adorerais avoir écrit Bonjour tristesse, mais Continuer la lecture de Les nouvelles américaines (Critique aisée 81)

​If you can sit quietly after difficult news…

If you can sit quietly after difficult news, if in financial downturns you remain perfectly calm, if you can see your neighbors travel to fantastic places without a twinge of jealousy, if you can happily eat whatever is put on your plate, and fall asleep after a day of running around without a drink or a pill, if you can always find contentment just where you are, you are probably a dog.

Jack Kornfield
Si tu peux t’asseoir tranquillement après de difficiles nouvelles, si tu peux rester parfaitement calme dans les revers financiers, si tu peux voir tes voisins revenir de voyages fantastiques sans un soupçon de jalousie, si tu peux manger joyeusement quoi qu’on mette dans ton assiette et, après une journée à courir partout, t’endormir sans un verre ni une pilule , si tu es toujours content de l’endroit où tu es, tu es probablement un chien.