J’ai constamment le sentiment que ma vie réelle est derrière moi et que je vis une existence posthume.
John Keats
J’ai constamment le sentiment que ma vie réelle est derrière moi et que je vis une existence posthume.
John Keats
Je suis parti.
Ça y est, je suis parti.
J’ai dit non, ça suffit, ce n’est pas pour moi, ce n’est pas moi.
Cet argent, tout cet argent, facile, trop facile, pourtant, je l’avais cherché, j’allais l’avoir, je l’avais.
Cette vie de luxe, Park avenue, East Hampton, Gstaad, ce n’est pas moi. Bien sûr, j’aimais ça, mais ce n’était pas moi.
Ces maisons sur l’océan, ces bateaux, ces voitures, ce n’était pas moi.
Au début, je ne le savais pas ; au début, je croyais que c’était ce que je voulais.
Ces gens, Continuer la lecture de Une longue allée de cyprès
Morceau choisi
Quand j’écrivais quelque chose, j’avais besoin de lire après avoir posé la plume. Si vous continuez à penser à ce que vous écrivez, en dehors des heures de travail, vous perdez le fil et vous ne pouvez le ressaisir le lendemain. Il vous faut faire de l’exercice, fatiguer votre corps et il vous est alors recommandé de faire l’amour avec qui vous aimez. C’est même ce qu’il y a de meilleur. Mais ensuite, quand vous vous sentez vide, il vous faut lire pour ne pas penser à votre œuvre et ne pas vous en préoccuper jusqu’au moment où vous vous remettez à écrire. J’avais déjà appris à ne jamais assécher le puits de mon inspiration, mais à m’arrêter alors qu’il y avait encore quelque chose au fond, pour laisser la source remplir le réservoir pendant la nuit.
Ernest Hemingway
Paris est une fête (A moveable feast)
Collage de Sébastien Coutheillas
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Voici les titres des prochains textes à paraître:
Dimanche 20/03 : Une longue allée de cyprès (vers un bel avenir)
Jeudi 24/03 : Tavussa (6) (Brexit or not Brexit ?)
Samedi 26/03 : César est fatigué (mais ça ne va pas durer)
Jeudi 31/03 : Le parc à jeux (portraits)
Vendredi 1/04 : Gargarismes (Critique aisée n°72)
Dimanche 3/04 : Bonjour, Philippines ! Chap. 10 (Ananas, exocet et noix de coco)
Vendredi 8/04 : Tavussa (7) (93 Bd du Montparnasse)
Dimanche 10/04 : Wetbacks (que Dieu protège Rubio !)
Samedi 16/04 : Plaidoyer pour les cons (fallait bien que quelqu’un se dévoue)
Vendredi 22/04 : La Guerre des Mouches (Critique aisée n°73)
Dimanche 24 04 : Bonjour, Philippines ! Chap. 11 (Les 5.000 $ de Ratinet))
et toujours, chaque jour, au moins un nouvel article: récit, fiction, critique, collage, photographie, citation…
On dit que la Mairie de Paris préempte tous les immeubles en vente afin de les transformer en logements sociaux.
On dit aussi qu’elle préempte des appartements isolés dans des immeubles de standing afin de les transformer en logements sociaux et faire ainsi baisser le prix du mètre carré dans ces immeubles et dans ces quartiers.
Celui qui avait vu Paris en vert de gris à l’âge des premières filles
Celui qui avait regardé la couleur uniforme pâlir et disparaître, faire place aux robes à fleurs, aux cocardes tricolores et aux bals dans les rues
Celui pour qui pourtant ce n’était pas fini
Celui que tentait l’aventure
Celui qui avait rejoint les bruyantes colonnes poussiéreuses qui le menèrent jusqu’au nid de l’aigle
Celui qui en était redescendu, léger, souriant, fort et grandi, mais sans usage ni raison
Celui qui avait cru que tout lui serait pardonné
Celui qui sut bien vite qu’il ne le serait pas
Celui qui est parti avant l’aube, plein sud, poursuivi par sa poussière
Celui qui a traversé dix pays profonds, cent fleuves puissants, mille villages étranges
Celui qui ne s’est arrêté que devant l’océan
Celui qui a tracé des pistes, construit des ponts, coupé des arbres
Celui qui a bâti sa maison un peu plus grande chaque saison
Celui qui avait tant d’amis qu’on l’honorait chaque jour
Celui dont les fêtes duraient jusqu’après l’aube
Celui qui est parti le dernier quand le pays n’a plus voulu des siens
Celui qui a rejoint le brouillard et le froid pour rebondir encore
Celui qui n’a pas vu qu’ici il n’était rien et qu’il était bien tard
Celui qui a tenté de montrer des médailles qu’on n’a pas voulu voir
Celui qui est devenu petit, petit à petit, mais toujours généreux, quelques fois somptueux
Celui qui m’a appelé un soir parce qu’il avait peur de mourir
Celui que j’ai consolé comme un enfant déçu, comme un roi exilé
Celui qui est mort un matin, seul, le cœur serré, le cœur bloqué.
A celui-là, justement.