Archives mensuelles : mars 2016

Une longue allée de cyprès

Je suis parti.
Ça y est, je suis parti.

J’ai dit non, ça suffit, ce n’est pas pour moi, ce n’est pas moi.
Cet argent, tout cet argent, facile, trop facile, pourtant, je l’avais cherché, j’allais l’avoir, je l’avais.

Cette vie de luxe, Park avenue, East Hampton, Gstaad, ce n’est pas moi. Bien sûr, j’aimais ça, mais ce n’était pas moi.
Ces maisons sur l’océan, ces bateaux, ces voitures, ce n’était pas moi.

Au début, je ne le savais pas ; au début, je croyais que c’était ce que je voulais.
Ces gens, Continuer la lecture de Une longue allée de cyprès

Conseils pour écrire

Morceau choisi

Quand j’écrivais quelque chose, j’avais besoin de lire après avoir posé la plume. Si vous continuez à penser à ce que vous écrivez, en dehors des heures de travail, vous perdez le fil et vous ne pouvez le ressaisir le lendemain. Il vous faut faire de l’exercice, fatiguer votre corps et il vous est alors recommandé de faire l’amour avec qui vous aimez. C’est même ce qu’il y a de meilleur. Mais ensuite, quand vous vous sentez vide, il vous faut lire pour ne pas penser à votre œuvre et ne pas vous en préoccuper jusqu’au moment où vous vous remettez à écrire. J’avais déjà appris à ne jamais assécher le puits de mon inspiration, mais à m’arrêter alors qu’il y avait encore quelque chose au fond, pour laisser la source remplir le réservoir pendant la nuit.

Ernest Hemingway
Paris est une fête (A moveable feast)

Demandez le programme !

Voici les titres des prochains textes à paraître:

Dimanche 20/03 : Une longue allée de cyprès (vers un bel avenir)
Jeudi 24/03 : Tavussa (6) (Brexit or not Brexit ?)
Samedi 26/03 : César est fatigué (mais ça ne va pas durer)
Jeudi 31/03 : Le parc à jeux (portraits)
Vendredi 1/04 : Gargarismes (Critique aisée n°72)
Dimanche 3/04 : Bonjour,  Philippines ! Chap. 10 (Ananas, exocet et noix de coco)
Vendredi 8/04 : Tavussa (7) (93 Bd du Montparnasse)
Dimanche 10/04 : Wetbacks (que Dieu protège Rubio !)
Samedi 16/04 : Plaidoyer pour les cons (fallait bien que quelqu’un se dévoue)
Vendredi 22/04 : La Guerre des Mouches (Critique aisée n°73)
Dimanche 24 04 : Bonjour,  Philippines ! Chap. 11 (Les 5.000 $ de Ratinet))
 et toujours, chaque jour, au moins un nouvel article: récit, fiction, critique, collage, photographie, citation…

¿ TAVUSSA ? (5) -L’obélisque et la pyramide

Que Milène Guermont fabrique une pyramide de 29 mètres de hauteur en profilés métalliques ne me dérange pas du tout. Qu’elle y accroche quelques projecteurs de voiture pour tenter de donner un peu d’épaisseur et de sens à son œuvre, pas davantage. Si elle arrive à la vendre à une municipalité de la Creuse Inférieure pour décorer son dernier rond-point, tant mieux pour elle.
Mais qu’ un membre du service culturel de la Mairie de  Paris autorise l’implantation de ce mini-derrick écrasé, de cette pyramide creuse et pointue (faut-il y voir une référence à Louxor ? ) juste à côté de l’obélisque de la Place de la Concorde, ça, ça me choque.
Ce machin à moins de grâce que la grande grue à flèche qui officie au dessus de l’Hotel de Crillon et qu’on voit malheureusement à peine sur cette photo.pyramide 2
On dit que Milène Guermont a subi une double formation : ingénieur et artiste. Eh bien, il est facile de voir laquelle des deux l’a emporté.
La pyramide des phares devrait être démontée le 16 mars, c’est à dire aujourd’hui. Ouf !…
Heureusement, la grue du Crillon est encore là pour longtemps.

¿ TAVUSSA ? (4)

On dit que la Mairie de Paris préempte tous les immeubles en vente afin de les transformer en logements sociaux.
On dit aussi qu’elle préempte des appartements isolés dans des immeubles de standing afin de les transformer en logements sociaux et faire ainsi baisser le prix du mètre carré dans ces immeubles et dans ces quartiers.

A celui-là

Celui qui avait vu Paris en vert de gris à l’âge des premières filles

Celui qui avait regardé la couleur uniforme pâlir et disparaître, faire place aux robes à fleurs, aux cocardes tricolores et aux bals dans les rues

Celui pour qui pourtant ce n’était pas fini

Celui que tentait l’aventure

Celui qui avait rejoint les bruyantes colonnes poussiéreuses qui le menèrent jusqu’au nid de l’aigle

Celui qui en était redescendu, léger, souriant, fort et grandi, mais sans usage ni raison

Celui qui avait cru que tout lui serait pardonné

Celui qui sut bien vite qu’il ne le serait pas

Celui qui est parti avant l’aube, plein sud, poursuivi par sa poussière

Celui qui a traversé dix pays profonds, cent fleuves puissants, mille villages étranges

Celui qui ne s’est arrêté que devant l’océan

Celui qui a tracé des pistes, construit des ponts, coupé des arbres

Celui qui a bâti sa maison un peu plus grande chaque saison

Celui qui avait tant d’amis qu’on l’honorait chaque jour

Celui dont les fêtes duraient jusqu’après l’aube

Celui qui est parti le dernier quand le pays n’a plus voulu des siens

Celui qui a rejoint le brouillard et le froid pour rebondir encore

Celui qui n’a pas vu qu’ici il n’était rien et qu’il était bien tard

Celui qui a tenté de montrer des médailles qu’on n’a pas voulu voir

Celui qui est devenu petit, petit à petit, mais toujours généreux, quelques fois somptueux

Celui qui m’a appelé un soir parce qu’il avait peur de mourir

Celui que j’ai consolé comme un enfant déçu, comme un roi exilé

Celui qui est mort un matin, seul, le cœur serré, le cœur bloqué.

A celui-là, justement.