Archives mensuelles : octobre 2015

HHH, NYC, USA. Chap.2

HHH Building
610 Madison Avenue

Chapitre 2- Bob

Bob Martinoni a quarante-cinq ans. Il est marié depuis quinze ans à Erlina, la fille unique d’une riche famille, les Gallagher. Lui, d’origine italienne, elle, d’origine irlandaise, tous deux catholiques, ils n’ont pas pu avoir d’enfant. Ils ont tenté sans succès diverses méthodes, puis ils ont envisagé l’adoption, mais ils ont fini par se faire une raison et renoncer. Erlina ne travaille pas. Elle dépense beaucoup d’argent et s’occupe de quelques œuvres. Ils habitent un grand appartement à l’angle de la 68ème et de Central Park Ouest. La vue sur Sheep Meadow est magnifique. Bien sûr, le salaire de Bob, pourtant appréciable, ne lui permettrait pas de s’offrir le standing d’un tel appartement. S’ils y habitent, c’est parce que Alastar Gallagher, le père d’Erlina, est propriétaire de tout l’immeuble. D’ailleurs, Continuer la lecture de HHH, NYC, USA. Chap.2

L’Homme Irrationnel (Critique aisée n°62)

Critique aisée n°62

L’Homme Irrationnel

Woody Allen – Joaquin Phoenix – Emma Stone -Parker Posey

C’est curieux comme je n’ai pas grand-chose à dire sur ce film. C’est sans doute parce que je me sens incapable de disserter sur les théories philosophiques qui l’encombrent. Comme je dis souvent : je n’ai pas les outils.

J’ai donc retenu principalement une réplique, qui constitue en quelque sorte l’ouverture du cours que le nouveau prof de philo va donner à ses étudiants : «There is a difference between a theoritical world of philosophy bullshit and real life» (Il y a une différence entre un monde théorique de conneries philosophiques et la vraie vie).

Abe Lucas est professeur de philo, désabusé, alcoolique, suicidaire et, de surcroit, nouvel impuissant (la question n’est pas de savoir s’il est devenu désabusé, alcoolique et suicidaire à cause de l’impuissance ou bien l’inverse). Il ne retrouvera Continuer la lecture de L’Homme Irrationnel (Critique aisée n°62)

HHH, NYC, USA. Chap.1

HHH Building
610 Madison Avenue

Chapitre 1- Salle 1101

La salle de réunion du département Sales & Marketing porte le numéro 1101. Elle est située au onzième étage de la tour HHH qui en comporte vingt-trois. Elle est confortable, mais son aménagement reste modeste et purement fonctionnel. Quand on s’approche des baies vitrées, on peut apercevoir sur la gauche une partie de la façade du Plaza et quelques arbres de Central Park. Mais la plus grande partie de la vue est bouchée par la tour CRAW qui n’est qu’à une vingtaine de mètres de l’autre côté de la 58ème. En cette belle matinée de la fin du mois d’août, le soleil se réfléchit sur la façade de l’immeuble d’en face et vient inonder la salle d’une vive lumière bleuâtre. La météo a annoncé une chaude journée avec des orages en fin de soirée.

Un lundi sur deux, à huit heures quinze, Continuer la lecture de HHH, NYC, USA. Chap.1

Demain !

HHH, NYC, USA
610 Madison avenue, NYC
La scène se passe dans la salle de réunion du département Sales & Marketing au onzième étage de la tour HHH. Comme chaque lundi sur deux, à huit heures quinze, commence la réunion bimensuelle des neuf directeurs commerciaux des laboratoires Hampton-Hartford-Huge que le monde de la finance et de la pharmacie appelle les Big H’s.
***
Ce lundi-là, rien ne se passera comme prévu.
En onze chapitres, dix personnages vont se dire leurs quatre vérités.
***
Demain matin
Chapitre 1 : Salle 1101

L’intérêt de l’enfant (Critique aisée n°61)

Critique aisée n°61
L’intérêt de l’enfant
Ian McEwan

Je crois que j’ai lu tous les livres de Ian McEwan. Enfin presque.
Peu emballé par EXPIATION, vaste mélodrame sur fond de Seconde Guerre Mondiale, pourtant considéré par beaucoup comme son meilleur livre, je lui avais avais donné une deuxième chance avec SAMEDI.
Et là, ça a été le coup de foudre et depuis, je crois que j’ai lu tous ses livres, enfin presque : EXPIATION, SAMEDI, AMSTERDAM, L’INNOCENT, L’ENFANT VOLÉ, DÉLIRE D’AMOUR, SUR LA PLAGE DE CHESIL, OPÉRATION SWEET TOOTH et, maintenant, L’INTÉRÊT DE L’ENFANT.
McEwan a un vrai style et une vraie technique que l’on retrouve pratiquement à chacun de ses romans.
Son style est fluide, mais net et précis. Dans quelques moments d’action, un ou deux par roman, il atteint même une incroyable densité.
Sa technique est souvent reconnaissable : choisir un métier pour le personnage principal, apprendre tout de ce métier, sans doute par une enquête approfondie et, pourquoi pas, une équipe de chercheurs, placer d’abord le personnage principal dans une crise personnelle plutôt diffuse, puis le placer dans une crise professionnelle intense, cumuler les deux crises et voir comment le héros se débrouille.
Que mon démontage de sa technique ne vous décourage pas d’entreprendre la lecture de Ian McEwan, et ne manquez surtout pas de lire SAMEDI, L’INNOCENT et DÉLIRE D’AMOUR.
Quand vous aurez lu ça, vous pourrez toujours aborder ceux de ses romans qui ont eu, je crois, le plus de succès, mais pas auprès de moi : EXPIATION, SUR LA PLAGE DE CHESIL.
Si vous décidez de commencer avec L’INTÉRÊT DE L’ENFANT, vous y retrouverez le style et la technique que j’ai cru déceler chez McEwan : Fiona est une juge spécialisée dans les affaires de famille. Alors que son mari est entrain de la quitter, elle est chargée de juger en urgence d’un refus pour des raisons de croyances religieuses de la transfusion sanguine qui pourrait sauver d’une mort certaine un adolescent.
Les exposés de quelques affaires parallèles traitées par Fiona et de ce cas de transfusion sanguine refusée sont, comme d’habitude, parfaits et passionnants. Le style est, comme d’habitude, net, précis, fluide.
Je suis pourtant resté sur ma faim. Le dilemme présenté au personnage m’est apparu un peu trop académique, et la fin, un peu trop prévisible.
Alors, si vous n’avez jamais lu McEwan, ne commencez pas par son dernier roman. J’insiste, lisez SAMEDI, le plus prenant, L’INNOCENT, le plus étrange, DELIRE D’AMOUR, le plus angoissant. Et si vous aimez les vrais grands mélos, vous pourrez toujours lire EXPIATION (dont le film REVIENS-MOI a été tiré).

Octobre au Trastevere

Piazza Santa Maria In Trastevere, Rome

Soleil, ombre et fraîcheur. Calme.

La place est carrée, pas trop grande, et seulement quatre rues étroites y conduisent. Comme presque toutes les places de la ville, elle réunit les époques et les couleurs de Rome : une fontaine romaine, une église médiévale, un palais presque renaissance et deux ou trois immeubles XVII et XVIIIème.

L’endroit n’est pas très fréquenté par les groupes de touristes : pratiquement inaccessible aux autocars, il n’y a que deux restaurants, un café, un kiosque à journaux, et pas un seul commerce.

Pourtant, quelques touristes isolés croisent Continuer la lecture de Octobre au Trastevere

ATTENTION, DIMANCHE PROCHAIN, 07:07 AM
HHH, NYC, USA !

Les pavés de l’enfer

BFM nous a appris hier que certaines municipalités ont décidé de verser des primes à ceux de leurs employés qui ne prennent pas (ou peu) de congés de maladie. Cela s’appelle une Prime de Présentéisme.
Certains ne manqueront pas de s’étonner du cynisme antisocial de ces maires qui, en adoptant une telle mesure, admettent de facto que certaines absences au travail pourraient bien être abusives, simulées et, pourquoi pas, répréhensibles. Le caractère vexatoire des motivations qui sous-tendent cette décision ne pourra que choquer l’immense majorité des employés municipaux.
Néanmoins, et une fois avalée la vexation, l’institution de primes de présentéisme ne tardera pas à être étendue à l’ensemble de la fonction publique, puis à la Représentation Nationale.
Très vite, on s’attachera à régler le problème de l’injustice que ne manquerait pas de créer une application par trop rigide de cette mesure.  En effet, pourquoi un employé réellement malade, et donc absent pendant quelques jours, perdrait-il le bénéfice de sa prime de présentéisme ? Ce serait injuste ! La prime de présentéisme deviendra donc de principe et ne pourra être suspendue qu’en cas de fausse maladie. Pour justifier une telle suspension, le caractère éventuellement frauduleux de la maladie invoquée devra être reconnu en commission paritaire composée du directeur d’établissement, de deux médecins du travail, de trois représentants du personnel et de quatre délégués syndicaux.
A terme, le système évoluera vers l’institution d’une PQPAT (Prime Quotidienne de Présence au Travail) ou PJNA (Prime Journalière de Non Absence) qui, en cas de présence constatée ou d’absence justifiée, viendra s’ajouter chaque jour au salaire, la PQPAT demeurant toujours cumulable avec la PTER (Prime de Travail Effectivement Réalisé).
On sera parvenu ainsi à la PIPFP (Perfection Idéale au Paradis de la Fonction Publique), exprimée si clairement par la célèbre devise :
« Le salaire est un dû. Tout travail effectif doit faire l’objet d’une rémunération supplémentaire. »