Archives mensuelles : février 2015

Post it n°4 – En avion

Retour de Hambourg, l’avion descend vers Roissy-Charles De Gaulle. C’est un Avro, petit quadriréacteur à aile haute. Nous traversons les nuages les plus bas. Il neige. Les phares d’atterrissage s’allument. Ils éclairent la sous-face des ailes et l’entrée des réacteurs qui y sont accrochés. P1210943Avec la vitesse, les flocons forment des lignes blanches continues que les réacteurs avalent. Pour les passagers, l’impression est évidente : l’avion est accroché par ses réacteurs à des dizaines de ficelles blanches le long des quelles il glisse vers Paris.

Bonjour, Philippines ! Chap.1: Un ptérodactyle sur fond d’azur

ptérodactyleLa scène se passe au Bureau Central d’Etudes pour les Équipements d’Outre-Mer, 15 Square Max Hymans à Paris. Philippe est seul dans la salle de réunion du quatrième étage, département des études économiques. Sur le grand planisphère offert par UTA qui est affiché au mur, ça ressemble à un gigantesque ptérodactyle volant lourdement sur fond d’azur. C’est Mindanao.

Mindanao. J’ai mis du temps à trouver cette ile sur la carte, car au moment où j’ai appris qu’on voulait m’envoyer aux Philippines pour cinq ou six mois, je ne savais même pas dans quel océan se trouvait cet archipel. Maintenant, je sais : c’est loin. Cette multitude d’îles avec leurs formes étranges et entremêlées ne m’inspire pas une grande confiance. De plus, Continuer la lecture de Bonjour, Philippines ! Chap.1: Un ptérodactyle sur fond d’azur

Whiplash (Critique aisée 52)

Whiplash  (Toute la musique que j’aime !)
de Damien Chazelle avec Miles Teller, J.K. Simmons.

Toute la musique que j’aime !

Je croyais que ce genre de jazz avait disparu vers la fin des années soixante. Je n’imaginais pas qu’une telle musique puisse encore exister, aussi forte, aussi vivante, aussi joyeuse, mais aussi technique, aussi précise, aussi écrite. Et c’est à New York que ça se passe, bien sûr.

Andrew Neiman entre dans école de musique pour devenir le meilleur batteur du monde. Il a choisi pour cela la meilleure école de New York, c’est-à-dire « la meilleure école du monde ». Terence Fletcher y enseigne le jazz. Il remarque le jeune Andrew et croit voir en lui un nouveau Buddy Rich. Jusqu’ici, tout va bien. Mais Fletcher enseigne la musique par la violence. Il gifle ses élèves pour leur apprendre le rythme, leur balance des chaises à la figure, les traite de pédés, de sales juifs et autres galanteries. Quand il rentre dans la salle de cours, les élèves sont pétrifiés, terrifiés, comme Continuer la lecture de Whiplash (Critique aisée 52)

La vieillesse

Et maintenant je comprenais ce qu’était la vieillesse – la vieillesse qui, de toutes les réalités, est peut-être celle dont nous gardons le plus longtemps dans la vie une notion purement abstraite, regardant les calendriers, datant nos lettres, voyant se marier nos amis, les enfants de nos amis, sans comprendre, soit par peur, soit par paresse, ce que cela signifie, jusqu’au jour où nous apercevons une silhouette inconnue, comme celle de M. d’Argencourt, laquelle nous apprend que nous vivons dans un nouveau monde ; jusqu’au jour où le petit-fils d’une de nos amies, jeune homme qu’instinctivement nous traiterions en camarade, sourit comme si nous nous moquions de lui, nous qui lui sommes apparu comme un grand-père.

Marcel Proust. Le temps retrouvé